Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/118

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Cette âme qui m’implore, et qui m’a pour tout bien
Car un nœud immortel lia mon être au sien. »

Il dit, et, quoique dieu, supplie avec des larmes.

Trois sœurs aux fronts divers, mais égales en charmes,
Parurent après lui. Des tissus clairs et blancs
Voilent de plis légers leur sein chaste et leurs flancs,
Et chaque mouvement de leurs pas mélodiques
Décèle une beauté dans leurs formes pudiques.
D’une voix qui se glisse et vibre au fond des cœurs,
Voici ce que disaient les Grâces, ces trois sœurs :

« Ô dieu, père des dieux, qui seul n’as pas d’ancêtres,
Rouvre à l’âme ce sein, source et terme des êtres ;
Rappelle à nous Psyché ; nous qui vivons en toi,
À tes embrassements nous l’offrirons, ô roi !

« Tu la laisseras boire, au bout de ses épreuves,
Dans les flots du nectar où toi-même t’abreuves :
Car ton cœur est ouvert à notre œil filial :
Nous savons le vrai sens de la vie et du mal.
L’homme encourut-il donc ta haine et ta vengeance,
Lorsqu’au prix des douleurs il conquit la science ;
L’ardeur de voir son dieu, ce désir infini,
D’un supplice éternel doit-il être puni ?

« Pourquoi donc mettre en eux cette soif de connaître,
Et ce besoin d’amour, si tu devais, ô maître !
Frappant l’humble mortel, qui ne peut s’y ravir,
Sans cesse l’exciter, et jamais l’assouvir ?