Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/129

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Le Père a prononcé l’arrêt clément et juste
Qui du toit nuptial ouvre l’asile auguste ;
Et les époux, heureux des malheurs oubliés,
Chez les dieux à jamais par l’amour sont liés

Et les Muses en chœur disaient la chanson tendre,
Que le lit de l’hymen se réjouit d’entendre :

« Des longues voluptés l’asile est prêt pour vous ;
Une lampe sans ombre y sourit aux époux ;
Ouvrant, sans les troubler, son œil sur leurs caresses,
Elle porte un jour calme au fond de leurs ivresses.

« Là, tout désir sans voile est saint par son ardeur.
Viens, jeune âme, les dieux ignorent la pudeur :
L’homme la connaît seul. Amours, beautés humaines,
Redoutent la clarté comme des ombres vaines.

« Là-bas, voir c’est douter, c’est désirer le mieux ;
L’amour doit s’y garder de l’atteinte des yeux.
C’est par l’endroit secret, voilé toujours en elle,
Que toute beauté plaît, et qu’elle reste belle.
Le soleil n’y paraît que d’ombres entouré.
Là, le cœur est puni s’il a trop aspiré.