Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/175

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Et comment éclôront sur un sol attristé
Les deux célestes fleurs, l’amour et la beauté ?
Meure l’Olympe entier si nous sauvons les roses
Les vieillards pleureront les dieux vieux et moroses
Moi, j’avais froid au cœur devant ces rois grondants ;
Ah ! prenne qui voudra leur foudre et leurs tridents !
Mais, ô vertes Pales, ô Muses, ô Charités,
Prêtresses aux doux yeux dont nous suivons les rites,
Nymphes au chant liquide, ô reines des forêts
Qui des amants heureux protégez les secrets,
Cypris au sein de neige, à l’haleine de flamme,
Éros, ô bel archer si doux à percer l’âme,
Ô vous par qui l’on aime, ô chœur mélodieux,
Ne survivrez-vous pas à cette mort des dieux ?


LE CHŒUR.

« Homme, si, las d’amour, la soif du vrai t’altère,
Bois à la même source où s’abreuva ton père ;
N’y creuse pas le sable en cherchant d’où vient l’eau
Pour que le flot abonde et jaillisse en ruisseau :
L’onde se troublerait, et sous ta main déçue
Peut-être en la sondant tu fermerais l’issue. »

Nos vieillards nous l’ont dit, et nous avons ri d’eux !
Et te voilà tarie, ô source des aïeux !

Insensés qui fouillez les racines des roses,
Respirez le parfum sans nul souci des causes !
Quand vous aurez levé tous les voiles sacrés
Des flancs de la nature avec art déchirés,