Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/266

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Unissez-vous à moi dans un mélange intime,
Vertus du monde entier, devenez ma vertu ! »

Ainsi, j’ouvrais mon âme aspirant dans l’espace
Ce grand souffle de Dieu qui passe et qui repasse,
Et le sentant couler dans mes sens agrandis,
Je saluai trois fois le ciel, et j’étendis
Mes deux bras secouant l’effluve magnétique,
Au nord, vers le Jura, vers la ville helvétique
Où Dieu vous a conduit loin de toute amitié,
Vous avec qui toujours je pense de moitié.

« Recevez, recevez l’esprit qui me pénètre
Et le surcroit de vie ajoutée à mon être ;
Soyez, autant qu’aimé, soyez calme et puissant ;
Recevez à la fois et ma force et ma joie ;
Mon âme a recueilli, mon âme vous envoie
D’ici tout ce qui monte et tout ce qui descend.

« Entrez en lui, rayons, parfums, musique, aurore !
Clartés dont l’horizon s’anime et se colore,
Coulez avec lenteur pour qu’il n’en perde rien ;
Esprit de Dieu flottant sur l’océan des mondes,
Lumière où je me baigne, extase qui m’inondes,
Descendez dans son cœur, en passant par le mien !

« Divin balancement des flots, des bois, des nues,
Sphères qui décrivez des danses inconnues,
Bruits des astres lointains, des fleuves, des forêts,
Accord universel, musique saisissante
De tout ce qui se meut et de tout ce qui chante,
Vous qui des cœurs guidez les battements secrets ;