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III

À UNE BRANCHE D’AMANDIER


Déjà mille boutons rougissants et gonflés,
Et mille fleurs d’ivoire,
Forment de longs rubans et des nœuds étoilés
Sur votre écorce noire,

Jeune branche ! et pourtant sous son linceul neigeux
Dans la brume incolore,
Entre l’azur du ciel et nos sillons fangeux
Février flotte encore.

Une heure de soleil, le bleu de l’horizon,
La tiède matinée,
Vous ont fait croire, hélas ! que la belle saison
Nous était ramenée.

Parfois l’hiver stérile a des soleils trompeurs,
Et sa face est dorée ;
Mais il ne peut mûrir une seule des fleurs
Dont vous êtes parée.

Après ce doux rayon qui brille avec amour
La nuit sera mortelle ;