Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/320

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Ces hommes, je le crains, sont voués aux poignards.
De nombreux meurtriers naissent des tyrannies ;
Tout despote est suivi des noires Erinnyes,
Qui l’assiègent dans l’ombre avec leurs yeux hagards,

Ses crimes sont punis toujours, et par des crimes :
Il est frappé du fer et frappé justement ;
Mais ce meurtre, à son tour, appelle un châtiment…
Rejetez le poignard, ô jeunes magnanimes !

Nous sommes sur la terre où l’olivier fleurit,
Dans Athènes, clémente et douce entre les villes,
Chère aux arts de la paix, chère aux Muses tranquilles,
Où la force guerrière est soumise à l’esprit.

Pallas y triompha des vieilles Euménides.
Les dieux se sent soumis à son haut tribunal.
Chez nous, le repentir est un pouvoir fatal
Qui soustrait les mortels à ces trois sœurs avides.

Laissez au peuple entier le souci de punir ;
Ne vous arrogez pas sa justice usurpée.
Ce que fait le poignard est défait par l’épée.
Ces lois que vous aimez, vous allez les bannir.

Les vengeances toujours s’enchaînent aux vengeances.
Malheur au citoyen par qui sont ajoutés
Quelques anneaux de plus à ces filets immenses,
Obstacle inextricable à l’essor des cités !

En vain dans ce réseau tranche un coup de la Parque,
Le noir tissu s’allonge et se renoue après…