Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/343

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Un couple généreux est tel qu’un char de guerre
Lancé contre cent bataillons,
Qui de sa double faux tranche l’épi vulgaire
Comme le blé dans les sillons.

Il court ! une main ferme au quadrige rapide
Fait sentir le fouet et le frein ;
L’habile archer, couvert par une double égide,
Darde les javelots d’arain.

Ainsi, ton char nous fraye, Amitié, la carrière
Où, multipliant ses exploits,
Chacun des deux guerriers, soutenu par son frère,
Veille et frappe et vole à la fois.

Heureuses les cités où des couples d’athlètes,
Unis par de mâles travaux,
L’un l’autre s’excitant aux combats comme aux fêtes,
Marchent amoureux et rivaux !

Jamais, dans leurs remparts, la tyrannie assise
Ne pèsera longtemps sur nous ;
Car il faut pour régner qu’elle trompe et divise
Les hommes haineux et jaloux ;

Car le tyran succombe à sa charge trop rude,
Amitié, quand tes forts liens
Unissent vaillamment contre la servitude
Les âmes des bons citoyens !