Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/361

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La terreur obscurcit mes yeux et ma raison ;
Je ne saurais marcher jusqu’à notre maison ;
Quand j’y serais portée, à la faveur d’un guide.
J’y chercherais en vain un refuge : elle est vide !
Le toit de mes aïeux n’a plus de défenseur ;
Le frère a refusé d’y protéger sa sœur.
Vieillard, vous êtes père et deux fois vénérable :
Gardez de tout affront la vierge misérable.


LE CHŒUR.

Reste auprès des vieillards, ils remplacent les dieux.
Xe crains pas qu’un mortel te sois injurieux ;
Je t’adopte, ô ma fille, et ta cause est la mienne,
Je ferai respecter la vierge athénienne,
C’est la loi de mon âge, et son dernier bonheur,
De maintenir partout la justice et l’honneur.
Je veille à ton destin ; j’ai ma force et mes armes :
J’ai la parole auguste, ainsi que toi les larmes.
Nul n’osera blesser l’aïeul qui te défend,
Et les droits du vieillard protégeront l’enfant.
Dans ses plus noirs discords, à l’abri des atteintes,
La cité gardera nos deux majestés saintes.
Mais rappelle en tes yeux leur sereine clarté ;
Tache de ressaisir ta douce volonté,
Et d’offrir au malheur, en cette heure suprême,
Un cœur soumis aux dieux et maître de lui-même.
Lorsqu’un mortel a fait pour combattre le sort
Tout ce que la sagesse inspire à l’homme fort,
Lorsqu’au grand Zeus il a prodigué ses prières,
Et ses prudents conseils aux amis téméraires,
Il doit se reposer dans un espoir pieux,