Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/363

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Dieux, si vous méritez encor le nom de justes,
Sauvez du fer, sauvez ces jeunes flancs robustes ;
Sauvez Harmodius ! C’est mon frère ! À lui seul
Il est ma tendre mère et mon auguste aïeul.


LE CHŒUR.

Déesse au casque d’or, à la lance élevée,
Fais que ta ville sainte, Athènes, soit sauvée !
Juge dans cette cause, et rends victorieux
Ceux qui rendront ce peuple et libre et glorieux,
Et qui, des factions écartant la démence,
Aideront à régner Thémis et la clémence.


ISMÈNE.

Citoyens et tyrans, qu’ils aient tous même sort,
Tous ceux par qui mon frère affronte ainsi la mort !
Et périssent vos lois, votre peuple lui-même,
S’ils me coûtent le sang du seul homme que j’aime !


LE CHŒUR.

Ne te rends point coupable en tes justes douleurs ;
Pleure, et ne mêle pas le blasphème à tes pleurs.
Pallas veillera mieux sur cette chère tête :
On peut sortir vivant même de la défaite.
Espère ! Harmodius peut-être est le vainqueur !


ISMÈNE.

je sens un trait mortel pénétrer dans mon cœur.
Entends se rapprocher cette clameur sauvage !


LE CHŒUR.

N’en tire pas, ma fille, un plus triste présage.