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II




Les guerriers chevelus, vêtus de grandes peaux,
Armés d’arcs, ont en cercle, au milieu des troupeaux
Dressé tentes et chars. Sur l’herbe, aux intervalles,
Errent, libres du frein, les joyeuses cavales.
Les enfants, les vieillards, ont traîné les captifs
Sous le dôme sacré des chênes primitifs,
Où s’élève dans l’ombre une sanglante pierre ;
La sauvage tribu s’y range tout entière.
C’est le jour d’honorer les mânes des aïeux,
Et de nourrir de chair l’horrible faim des dieux.

Aux pièges des chasseurs, pendant la nuit surprise,
Dans l’hécatombe humaine une femme est assise.
C’est Psyché ! Les autels de son sang étranger,
D’après l’antique loi vont bientôt se gorger.
Près d’elle les vaincus du glaive et de la flèche
Des tombeaux vénérés rougiront l’herbe sèche.
De mille coups déjà leurs membres ont saigné ;
Leurs yeux ne pleurent pas, leur front est résigné.
Debout et couronné, le roi du sacrifice,
Pour fouiller dans leurs flancs, attend l’heure propice.