Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/175

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Quelques éclairs d’une âpre flamme
Qui me pénétrait jusqu*aux os ;
Jamais un rayon de ton âme,
Jamais l’espoir et le repos.

Quand tu vins, à travers ma voie,
M’imposer ton cruel amour,
Je vivais, peut-être sans joie,
Mais sans avoir maudit le jour ;

Quand, pour exercer leur empire
Dont s’égayait ta vanité,
Tes yeux daignèrent me sourire
Dans un moment d’oisiveté.

Mon cœur ne t’avait point cherchée ;
Je te vis et je voulus fuir î
Par dépit, tu t’es attachée
A m’aimer, comme on doit haïr.

Il fallait, d’ailleurs, à ta bouche
Boire ou dans l’argile ou dans l’or,
La volupté sombre et farouche,
Hélas ! que j’ignorais encor.

Je fus, un instant, le calice
Où ta soif horrible a puisé ;
Tu m’avais choisi par caprice,
Et ton caprice m’a brisé.