Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/88

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ADMÈTE


En aimant ces beaux lieux, moi, c’est Myrto que j’aime ;
J’y cueille pas à pas ses traces qu’elle y sème ;
C’est dans les champs surtout qu’absente je la vois ; ~
J’entends ses pieds courir sur la mousse des bois ;
La menthe et le rosier m’apportent son haleine ;
Ces épis en flots d’or ondulant sur la plaine,
C’est l’or de ses cheveux ; la neige a sa blancheur ;
L’alouette a sa voix, la colombe est sa sœur ;
La source est un miroir qui retient son image ;
Le soupir de la vague en mourant sur la plage,
Ces feuillages émus qui parlent mollement,
C’est, parmi nos baisers, son doux gémissement.


ERWYNN


Le magique pouvoir qui t’a soumis mon âme
N’est pas en d’autres yeux ni dans une autre main ;
Ta beauté ne tient pas aux traces d’une femme,
Ce que je cherche en toi n’est pas l’aspect humain ;

Tu ne dois rien à l’homme, et ton charme, ô Nature !
Vient d’ailleurs que des traits entre vous deux pareils
Une âme s’est écrite en ta large structure,
Une âme a pris pour corps tes fleurs et tes soleils.

Non, tu n’as pas à l’homme emprunté cette grâce,