Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/212

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Pour mieux connaître l’homme, et pour l’aimer peut-être,
J’ai besoin de m’asseoir seul à seul avec Dieu.

Là-haut, sous les sapins, sur ces blocs en ruines,
Un mystère, ô nature ! entre nous s’accomplit ;
Mes Alpes ! portez-moi vers les choses divines ;
Rien d’humain n’est absent d’un cœur que Dieu remplit.

Sitôt qu’en votre azur près de lui je m’élève,
Tout grandit dans mon âme et tout monte avec moi ;
Je cueille en vos sentiers, où l’on dit que je rêve,
Des fleurs pour mes amours, des clartés pour ma foi.

Ma Muse a pris chez vous sa parure et ses armes ;
Des vivantes couleurs vous m’ouvrez le trésor.
Là j’ai trouvé peut-être, au lieu de vaines larmes,
Un vers âpre et nerveux vêtu de fer et d’or.