Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/229

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Et ce monde ironique, en raillant ta promesse,
Te crie : « O moribond, descends-tu de la croix ? »

L’orgueil du moindre enfant se rit de ta parole ;
Ta loi tombe à son tour sous le niveau fatal,
Et le peuple, en travail d’une nouvelle idole,
Court adorer ses dieux forgés dans le métal.

Te voilà donc vaincu par l’esprit, par le glaive !
Eh bien ! ton lourd tombeau tu le soulèveras ;
Entre tout ce qui tombe et tout ce qui s’élève,
Toi seul, ô divin mort, tu vis et tu vivras,

Tu t’es fait du Calvaire un trône impérissable ;
Et ton peuple, à genoux sur ces chastes hauteurs,
Verra tomber, ce soir, les empires de sable
Que dressaient contre Dieu des rois spoliateurs.