Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/281

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Plus prompts qu’un sanglier à travers une haie,
De notre vieux basalte ils trouaient le rempart.

Ailés, rampants, plus vifs que la flèche légère,
J’ai vu ces lourds dragons fatiguer l’aigle au vol,
Mâcher les hauts sapins comme une humble fougère
Et creuser un abîme en glissant sur le sol.

Ils passent ! voyez-vous les montagnes se fendre,
Les torrents se combler sous leurs ventres affreux ?
Puisque l’épais granit ne peut plus s’en défendre,
Ma hache et mes taureaux que feraient-ils contr’eux ?

J’ai vécu, j’ai lutté libre avec un dieu libre ;
Nous partagions l’empire et l’amour des forêts ;
Ses foudres et mon fer se faisaient équilibre ;
Il avait son oracle et j’avais mes secrets.