Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/62

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Ni quand tes fils, hélas ! mal payés de retour,
Sous nos drapeaux ingrats tombaient avec amour ;
Ni lorsqu’au noir Cosaque ils arrachaient leur ville,
Jamais, en combattant, vainqueurs un contre mille,
Leur sang n’aura coulé, sous le fer ou le feu,
Plus sacré devant l’homme et plus pur devant Dieu !

Laisse dans le fourreau, laisse ta grande épée !
Ta résignation ne sera pas trompée ;
Accepte le martyre encor jusqu’à demain.
Nous avons vu le fer à l’œuvre dans ta main ;
Et tu n’es pas de ceux qu’un soupçon peut atteindre :
Nul ne t’accusera de ruser et de craindre,
De ne vaincre jamais que par le bras d’autrui,
Et d’insulter plus tard les sauveurs d’aujourd’hui…

Va ! tu peux, une fois, prendre pour seules armes
Le deuil et la prière, et d’innocentes larmes ;