Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/122

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Dans cet étroit jardin va-t-il s’enraciner,
Et, n’offrant son appui qu’à cette jeune vigne,
Le chêne est-il perdu pour un fardeau plus digne ?
Si c’est le cœur humain qui dans vous a battu,
Si c’est bien notre chair qui vous a revêtu,
Et si tout fils d’Adam, né du même lignage,
O maître, a droit de voir en vous sa propre image ;
Ce n’est ni le désert, ni la tour de Sion
Qui vous ont vu trembler dans la tentation,
Ni le bois d’oliviers qui, le jour du supplice,
Vous a vu repousser le plus amer calice !

« O Verbe, dont la flamme habite dans ma cendre,
Chez un autre que moi ne pouviez-vous descendre,
Et donner à porter à des pieds moins tremblants
Ce Sauveur retardé depuis quatre mille ans ?
Oh ! terrible union d’une double nature,
Du Verbe créateur avec la créature !
Oh ! brisement du sein qui contient l’infini !
A la chair d’un mortel pourquoi vous être uni ;
Ou pourquoi votre esprit, touchant notre matière,
Ne la peut-il, Seigneur, consumer tout entière ?