Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/125

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Les oasis, tendant sous ses pas leurs embûches,
Étalaient devant lui leurs sources et leurs ruches,
Trésors plus séduisants, car ils sont plus cachés
Par des vagues de sable ou des murs de rochers.
Le gazon, près des puits, semé de fleurs sans nombre,
Formait pour la mollesse un lit tout baigné d’ombre ;
Mille arbres y versaient leur fraîcheur et leurs fruits.
L’air au sein des rameaux éveillait ces doux bruits,
Ces souffles qui, passant sur des âmes lassées,
En rêves fugitifs effeuillent les pensées,
Et, comme une poussière, en leur vol énervant,
Emportent nos vouloirs dissipés à tout vent.
Pour l’enivrer de loin et l’avoir par surprise,
Les jardins lui jetaient leurs senteurs dans la brise ;
Afin qu’à son insu le charme amollissant
Avec l’air aspiré, pénétrât dans son sang.
Sur un fond sablé d’or l’eau, qui brille et fascine,
Creusait là, pour le bain, une fraîche piscine,
Dans l’herbe et dans les fleurs s’encadrait en miroir ;
Onde flatteuse où l’homme a plaisir de se voir,
Et qui tient, l’entourant d’azur et de nuage,
Le rêveur jusqu’au soir penché sur son image.
Sur les branches bercés entre les pommes d’or,
Les oiseaux l’invitaient à cueillir ce trésor.