Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/158

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L’âme, ayant écarté ce que l’homme interpose,
Entend la voix de Dieu sortir de toute chose ;
Puise au flot infini du rocher débordant,
Et parle à Jéhovah dans le buisson ardent.

Là, le Maître des siens peut mieux se faire entendre ;
Il y trouve leur cœur plus ouvert et plus tendre.
Là, par mille tableaux et par mille chansons
La nature, ô Jésus, aidait à vos leçons,
Et prêtait, y mêlant de radieux symboles,
La vie et la couleur aux mystiques paroles.

Montrant partout l’exemple, il dit : les soins touchants
Que le Père céleste a pour la fleur des champs ;
Le lis, en sa blancheur, plus qu’un roi magnifique,
Quoiqu’il n’ait point filé sa splendide tunique ;
L’oiseau nourri de grain sans qu’il songe à semer,
Contents l’un de chanter et l’autre d’embaumer ;
Les bourgeons du figuier, plus sages que les sages,
Du printemps et des fleurs infaillibles présages ;
Le royaume de Dieu, lentement élevé,
Comme l’arbre sorti du grain de sénevé ;
Le froment dévoré par l’ivraie et le sable
A la sainte parole en nos âmes semblable.
Ici, le blé du ciel, l’espoir du pain nouveau.