Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/178

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Répandant la parole et priant tour à tour,
Sans avoir d’un ami vu s’ouvrir la demeure,
Il marchait ; et c’était déjà la sixième heure.

Dans un angle du champ plus humide et plus vert,
De l’ombre des palmiers à midi recouvert,
Un puits, au voyageur tombant de lassitude,
De sa pierre abritée offrait la solitude ;
Jacob l’avait creusé ; gardant son nom chéri,
Jamais, depuis ce temps, la source n’a tari ;
Et des troupeaux nombreux peuvent y boire encore,
Le soir, quand chaque vierge a rempli son amphore.
Fatigué de la route et du poids des soucis,
Sur la pierre du bord, Jésus s était assis ;
Et, donnant le repos du corps à la prière,
Immobile, il parlait à l’esprit de son père.

Il restait seul, les Douze étant au bourg prochain,
Pour les besoins du jour, allés chercher le pain.

Or, l’urne sur la tête, une Samaritaine,
Belle encore, venait puiser à la fontaine.
Jésus la vit. Seigneur, devant vos yeux cléments
La femme a trouvé grâce en ses égarements.
L’aspect d’un étranger la surprend ; elle hésite.