Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/235

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Relève les épis et les roseaux courbés ;
A l’ombre du buisson remets les nids tombés ;
Aide à vivre à tous ceux à qui la vie est bonne,
Verse en eux ce trop-plein que le Seigneur te donne.
Si quelque chose en toi s’agite incessamment,
C’est que Dieu t’a créé pour aimer vaillamment.
Aime donc, aime donc, c’est là ta sainte tâche !
Monte sur la montagne et bénis sans relâche,
Bénis, de ce trépied où le cœur s’agrandit,
Et la terre qui chante, et l’homme qui maudit !

Ah ! quel que soit le vent qui tourmente la plage,
Qu’il passe sur tes flots sans soulever d’orage.
Que jamais souffle humain, pacifique océan,
Ne trouble, pour un jour, ton repos de géant,
Et ne puisse ternir, dans le bleu de ton onde,
L’image de l’esprit qui flotte sur le monde !

Que jamais ton front calme, où Dieu doit résider,
D’un vulgaire courroux ne daigne se rider !
Reste, au fort de l’outrage, absorbé dans tes cultes ;
Ta lyre a plus de chants que l’homme n’a d’insultes.
Chante, et laisse tomber, sans honte et sans effroi,
Les flèches du méchant, s’il ne vise qu’à toi.
Quand tu ne sauras plus où reposer ta tête,