Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/260

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Lavez vos fronts dans l’eau des sources reculées !
Là, parmi la rosée et l’herbe vierge encor,
Sur la neige d’argent et sur le sable d’or,
Dans l’haleine des mers et dans celle des plaines,
Dans la vapeur qui fume au-dessus des fontaines,
Dans l’ombrage odorant qui coule des forêts,
Des parfums sont restés, fruits de ses pleurs secrets !

Respirez au désert ces effluves divines ;
Secouez les rameaux baignés de perles fines ;
Puisez dans vos deux mains l’eau vive des rochers,
Que le vase déborde ; et, sous son poids penché !,
Lorsque vous sentirez que votre âme est trop pleine,
Pour que rien ne s’en perde, oh ! comme Madeleine,
A genoux devant lui, brisez, avec ferveur,
L’urne de l’élection sur les pieds du Sauveur !

Pendant que vous rêvez immobile, ô Marie,
L’eau sainte goutte à goutte emplit l’urne tarie ;
Écoutez votre cœur où la voix parle encor,
Jusqu’au jour de verser ce qui tombe dans l’or.
Au bord du puits divin tenez-vous appuyée ;
Si vos bras sont croisés, votre âme est déployée,
fit, quand la voile au vent ouvre ses plis gonflés,
La rame est inutile aux navires ailés !