Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/276

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III

Or, le troisième jour après que le tombeau
Des hommes dans son sein eût scellé le plus beau,
Le matin du sabbat, l’ombre crépusculaire
Couvrant encor le haut du rocher tumulaire,
Une femme au front pâle et dans l’abattement
Monta seule, avant tous, au sacré monument ;
Apportant des parfums, choisis d’une main pure,
Pour honorer Jésus jusqu’en sa sépulture.
Étonnée, elle vit, quoique tout fût désert,
La pierre soulevée et le sépulcre ouvert ;
Et, bien vite, elle alla vers Pierre et vers l’apôtre
Que Jésus chérissait, les pressant l’un et l’autre :
« Car on a pris le Maître en sa tombe couché,
« Et nous ne savons pas où son corps est caché ! »
Pierre et le bien-aimé montent d’un pas rapide,
Et, tous les deux, entrant dans le sépulcre vide,
Ils trouvent dépliés et posés sur le seuil
Les bandeaux de fin lin qui formaient le linceul ;
Et sortant, ils rêvaient, sondant la lettre obscure
Au miracle dernier prédit par l’Écriture.