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La Cité des Hommes


 
I

Le règne est arrivé de leur sagesse impie ;
Ils ont touché le sol de leur chère utopie.
Pour fonder à leur gré la cité de la chair,
Le Seigneur leur livra la mer, la terre et l’air.

Libres du joug des mœurs, libres des lois divines,
Seuls maîtres, seuls debout sur toutes les ruines,
Ils promènent partout le stupide niveau,
Règle unique à leurs yeux et du juste et du beau.
Ils sont égaux ! Nul front, dans leur Babel énorme,
Ne dépasse des fronts la bassesse uniforme.

Tout est conquis : richesse, épargnes du passé,
Puissance du savoir longuement amassé,