Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/325

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Mais, aux portes du ciel, aux pieds des bienheureux,
Que vient faire, ô douleur, ton nom, ton nom affreux ?
Oui ! l’œuvre des sept jours est à jamais sauvée ;
Du sang de l’Homme-Dieu la nature est lavée,
Le mal expire en elle avec l’impur orgueil,
E de l’éternité ne franchit pas le seuil.

Toi, désormais, silence, ô parole impuissante !
Reste au fond de mon cœur, quoi qu’il rêve ou qu’il sente ;
Tu ne peux, d’ici-bas, entr’ouvrir l’infini,
Et raconter le ciel tant que j’en suis banni.
O cœur fait à gémir, voix que le deuil oppresse,
Vous manqueriez d’accents pour peindre l’allégresse ;
Oublie, au moins, mon âme, au nom du paradis,
La langue des terreurs et des doutes maudits ;
Écoute de l’espoir la voix ferme et paisible ;
Et dis, en t’arrêtant au bord de l’invisible,
Ce mot, le mot de tout, de partout, de toujours,
Ce mot du grand mystère : Amour, amour, amour !