Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/22

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nous-mêmes, il a pu faire exprimer toute la part de nos idées et de nos sentiments destinée à nous survivre. La question d’art et de goût était d’éviter les anachronisme » dans le langage et dans la forme ; il ne pouvait y en avoir dans la pensée ; la vérité morale est de tous les temps. Une fable grecque et païenne, une doctrine chrétienne et moderne » tels sont les deux éléments, parfaitement conciliables, qui ont formé le poëme de Psyché.

Une œuvre dont la pensée philosophique se produit sous le vêtement de la poésie, est exposée plus qu’une autre à subir des interprétations incomplètes et souvent inexactes. Les témoignages d’estime qu’a reçus ce livre font à l’auteur un devoir de s’expliquer sur le sens qu’il a voulu lui donner. Sans doute, depuis qu’il est écrit, le poëte a vu se modifier bon nombre de ses idées ; il n’a pas à dissimuler ce fruit des années et d’un travail sérieux, libre et sincère. Mais cette action de la maturité, en élaguant certaines exubérances, n’a rien emporté des doctrines essentielles sur lesquelles repose la moralité du poëme. Nous sommes resté d’accord avec cette première œuvre sur tous les principes. Si nous traitions aujourd’hui le même sujet, nous n’aurions qu’à restreindre quelques conclusions un peu hasardées, à circonscrire d’une façon plus étroite et plus précise la portée de certaines aspirations. Forcé par sa raison de renoncer à la brillante erreur, du progrès social indéfini, le poëte est loin de répudier tout ce qu’elle