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À LA PENSÉE FRANÇAISE



très, à la tribune de la Chambre, que la France a pu avoir Madagascar.

Ayant renoncé à la carrière administrative, Henry d’Escamps, après avoir refusé le poste d’agent consulaire de France au Maroc, publia la Description des Marbres antiques du Musée Campana ; il obtint, pour des études, plusieurs prix de l’Académie des Beaux-Arts, et, en 1862, il fut nommé Inspecteur des Beaux-Arts.

Toutes ses études réunies forment une œuvre unique en son genre : l’Histoire générale et spéciale des Arts du Dessin en France.

On a encore d’Henry d’Escamps : Abolition de la berge maritime, Eloge de M. Dien, graveur d’histoire, Eloge de Georges Rouget, peintre d’histoire, Histoire de la Sculpture française, Eloge de Pierre Marquis, peintre d’histoire, Sculpteurs et imagiers du Moyen Age, Eloge de Viger-Duvigneau, peintre d’histoire, Sarreguemines, etc.

De 1855 à 1888, il publia, dans divers journaux et revues, des études littéraires et politiques, signées quelquefois : Macé de Challes, nom de sa famille maternelle ; il fut, entre autres, directeur de la Revue de l’Orient, de l’Algérie et des Colonies.

Victor Hugo tenait en très grande estime celui qui s’était fait à son école. C’est à Henry d’Escamps qu’il a adressé la pièce de vers des Voix Intérieures, — datée de février 1836, — commençant ainsi :

Jeune homme, ce méchant fait une lâche guerre ;
Ton indignation ne l’épouvante guère.
Crois-moi donc, laisse en paix, jeune homme au noble cœur.
Ce Zoïle à l’œil faux, ce malheureux moqueur.


Au Coup d’État, le 3 décembre 1851, Henry d’Escamps donna asile à Victor Hugo proscrit ; arrivé à Bruxelles, celui-ci écrivit à son "cher Henry d’Escamps", un billet, lui envoyant "tout de suite le meilleur de mon cœur", disait-il, et, "dans chaque syllabe, il y a un remerciement et une effusion", criait l’exilé.

Le grand poète donna, dans une autre circonstance, une très grande marque d’affection à son jeune ami. En 1848, le suffrage universel ayant donné des députés aux colonies, et le nom d’Henry d’Escamps ayant été prononcé pour la représentation de la Guadeloupe, Victor Hugo adressa une lettre, avec autorisation de la publier, à son jeune correspondant, dans laquelle il disait : "… Moi, qui connais votre talent d’écrivain et qui pressent votre talent d’orateur, je voudrais être, à moi seul, tout un collège électoral pour vous ouvrir toutes grandes les portes"