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P S. — Bien des compliments de la part de mon beau-frère à tous, et s’il y passe pas trop loin je sais qu’il viendra.


Comme cette correspondance édifiante le prouve, les malfaiteurs de province composent une vraie famille trop bien unie, dont les membres dispersés par les nécessités du métier ne descendent du chemin de fer que pour aller prendre leurs lettres à la poste restante. De vrais commis voyageurs en vols et en assassinats !…

Je ne sais si le lecteur partagera notre impression, mais la dernière lettre signée Émile nous paraît plus particulièrement sinistre que toutes les autres. Cette phrase : « Les affaires sont toujours les mêmes, ça ne va pas, mais, ma foi, ça changera bien, il le faudra, » suinte le crime par chaque mot. On sent que celui qui l’a écrite est prêt à tout, dans l’intérêt de son commerce.


harmonies imitatives.


Nous pouvons citer ici fanffe et fonfe (prise), qui simulent bien le reniflement du priseur ; bouis-bouis (polichinelle) imite le cri de la pratique ; cri-cri celui du grillon ; frou-frou rend le bruissement de la soie ; faffe, celui du billet de banque ; toquante rend le toc-toc de la montre en marche ; fric-frac le bruit produit par une effraction ; gilbocq celui de la bille qui va en frapper une autre en roulant sur le tapis du billard ; branque rappelle le braiment de l’âne ; toc rappelle le son mat du doublé ; tam-tam et fla-fla font une allusion retentissante aux coups de grosse caisse et aux coups de fouet dont ne sauraient se passer ceux qui abusent de la réclame et qui aiment à faire grand bruit, ceux qu’on appelle les faiseurs d’esbrouffe. — Encore un mot de même famille. — Qu’il vienne ou non d’Italie, esbrouffe rend bien le fracas de la vanité.

Humble et doux au contraire est le bruit de la larme qui dégouline le long de la joue.

Dégouline… On croit presque l’entendre tomber.