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contre Lacenaire, 36.) — « Pour donner une vague idée du personnage qu’on appelle une tante, il suffira de rapporter ce mot magnifique du directeur d’une maison centrale à feu lord Durham qui visita toutes les prisons pendant son séjour à Paris. Le directeur, après avoir montré toute la prison, désigne du doigt un local en faisant un geste de dégoût. Je ne mène pas là Votre Seigneurie, dit-il, car c’est le quartier des tantes… — Hao ! fit lord Durham, et qu’est-ce ?… — C’est le troisième sexe, milord. » (Balzac.) — « Enfants, on les appelle mômes ou gosselins ; adolescents, ce sont des cousines ; plus âgés, ce sont des tantes. » (Moreau Christophe.) — Dans un chapitre détaillé consacré à cette espèce, M. Canler reconnaît quatre catégories appartenant à diverses classes sociales : persilleuses, honteuses, travailleuses et rivettes. Cette dernière est seule exploitée par les chanteurs.

Dans le vocabulaire des injures, tante a fini par se dire comme bougre, sans portée précise. — « Bougre de greluchon… A-t-on jamais vu des tantes pareilles !… » (Zola.)

TANTE : Mont-de-piété. — Terme ironique à l’adresse de ceux qui déguisent la source d’un emprunt en disant qu’ils ont eu recours à leur famille. — « Tous mes bijoux sont chez ma tante, comme disent mes camarades lorsqu’elles parlent du mont-de-piété. » (Achard.)

TAPÉ, TAPÉ À L’AS, TAPÉ DANS LE NŒUD : Émouvant, frappant, réussi. — « Aussi a-t-on fait plusieurs couplets sur tous les ministres dont le portrait est bien tapé. » (1742, Journal de Barbier.) — « C’est un peu tapé dans le nœud. » (La Bédollière.) — « Une manière de sentiment bien r’tapé. » (1755, Vadé.) — « La gauche bat des mains à ce propos rudement tapé. » (A. Millaud, 76.) — « Je crois vous faire plaisir en vous adressant le récit d’une cure tapée à l’as, comme vous dites si élégamment. » (Tam-Tam, 76.)

TAPEDUR : Serrurier. (Vidocq.)

TAPÉE : Grosse réunion. — « Quelle tapée de monde, bon Dieu ! » (Commentaires de Loriot.)

TAPER : Aborder quelqu’un. (Rabasse.)

TAPER, TAPEUR : Emprunter par métier, emprunteur. — « Le roi des tapeurs vous accoste ; il vous prend le bras, il se penche à votre oreille ; — vous êtes tapé. Aurais-tu cent sous à prêter à ton ami ? vous dit-il. » (Almanach du Hanneton.) — « Aujourd’hui, elle les tapait de dix sous ; demain, ce serait de vingt. » (Zola.)

TAPER : Enivrer. — « Ce scélérat de vin de Champagne avait joliment tapé ces messieurs. » (Festeau.)

TAPER DANS L’ŒIL : Séduire, attirer.

TAPER DE L’ŒIL : Dormir. — « Il y avait plus d’une heure que je tapais de l’œil quand je m’entends réveiller. »