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ce même beurre un peu salé. » (Commerson.

BEURRE DANS SES ÉPINARDS (mettre du) : Augmenter son bien-être. Car les épinards sont la mort au beurre, chacun sait ça. — « Dans l’espoir que l’or étranger mettrait du beurre dans les épinards de la famille, Chamouillez père s’était payé un paletot de cent francs. » (E. d’Hervilly.)

BEURRE : Chose agréable. — « On recevra un coup de canon comme on avale un petit verre. Ce sera un beurre. » (Lockroy.) — « A propos d’une sonate de Mozart, ce jugement résumé avec tant de grâce : c’est un petit beurre. » (Aubryet.)

Beurre en ce sens se prend ironiquement parfois : « Il ne faisait pas bon parfois n’être pas de son avis. Il vous engueulait que c’était un vrai beurre. » (Commerson, 75.)

BEURRE NOIR (œil au) : Abréviation de : œil poché au beurre noir, dont la paupière est noircie de sang extravasé à la suite d’un coup. — « L’ouvrier a un œil au beurre noir ; le cocher cherche partout, un morceau de son nez. » (Sauger.)

Terme ancien, Rabelais l’a employé : « Il resta tout estourdy et meurtry, un œil poché au beurre noir. » (Pantagruel, liv. IV, ch. 12.)

BEURRE SUR LA TÊTE (avoir du) : Être couvert de crimes. — Allusion à un proverbe hébraïque. (Vidocq.)

BEURRIER : Banquier. (Vidocq.) Mot à mot : marchand d’argent (beurre).

BEZI, BEZIG, BEZIGUE : Jeu de cartes. — « Ma femme est en train de jouer au bezi… ou bezig. » (De Leuven.) — « Au piquet, au bezigue… je suis homme à donner leçon au plus malin. » (About.)

BIBARD : Grand buveur. (Dhautel.) — « Par rapport à ces vieux bibards d’invalides. » (La Bédollière.)

BIBASSE : Vieille femme. Pour birbasse.

BIBELOT, BIBELOTTER : Biblot, bibloter.

BIBI : Petit chapeau de femme. — « Malaga portait de jolis bibis. » (Balzac.)

BIBI : Non d’amitié donné à l’ami ou à l’amie dont on est coiffé. — « Paul, mon bibi, j’ai bien soif. — Déjà ? » (Montépin.) — « Encore à boire ? — Tiens, mon bibi ! t’as pas mal au cœur ? » (H. Monnier.)

BIBI : Fausse clé.

S’il faut en croire un feuilleton publié par M. Holstein, dans le Constitutionnel du mois de septembre 1872, bibi aurait détrônémonseigneur depuis longtemps. « C’était un bout de dialogue recueilli à la police correctionnelle (en 1848 )

« Accusé, disait le président, au moment de votre arrestation, on a surpris sur vous un trousseau de fausses clefs. — Non, citoyen président. — C’était donc un monseigneur ? — Il n’y a plus de monseigneur, citoyen président. — Vous comprenez ce que