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gué, d’où le diminutif bigorne. — « Rouscaillons bigorne. Qui enterver le saura, à part sézière en rira, mais les rupins de la vergne ne sont dignes de cela. » (Vidocq.) V. Jaspiner.

BIGORNEAU : Soldat de marine. — Terme de matelot. — Comme le petit coquillage de ce nom, le soldat de marine reste attaché à la côte.

BIGORNEAU. — Sergent de ville. (Halbert.)

BIGOTTER : Prier. (Vidocq.) Mot à mot : faire le bigot.

BIGRE : Juron lancé dans les cas difficiles. Ah ! bigre ! se dit comme ah ! diable ! C’est une forme de bougre !

BIGREMENT : Superlativement. Forme de bougrement. — « C’est bigrement embêtant, allez. » (Gavarni.)

BIJOUTIER. — Marchand d’arlequins. V.Arlequin.

BIJOUTIER EN CUIR. — Savetier. (Colombey) — Ironie.

BILE (ne pas se faire de) : Ne pas se tourmenter. — « Ne vous faites pas de bile, elle sera heureuse avec moi. » (Marquet.)

Après 1’ service on peut sans retard…
Venir chez ses parents, sans s’ faire de bile
Savourer une bonne soupe au lard.
(A. Cahen.)

Il ne se fait pas de bile se dit d’un insouciant.

Il se fait une bile se dit d’une personne qui se tourmente constamment.

BILLANCHER : Payer comptant. Mot à mot : donner de la bille.

BILLE, BILLEMONT, BILLON : Monnaie. Billemont et Bille viennent de billon. — « L’argent au Temple est de la braise, ou de la thune, ou de la bille. » (Mornand.) — « Nous attendions la sorgue, voulant poisser des bogues, pour faire du billon. » (Vidocq.) V. Attache, Flacul. — Billon se dit toujours pour monnaie de cuivre.

BILLET À LA CHÂTRE. — Garantie illusoire.

« Vous connaissez, sans doute, l’anecdote qui a donné naissance à cette expression tant répétée. Pour le cas, cependant où elle ne serait pas venue jusqu’à vous, la voici en deux mots : — Le marquis de la Châtre aimait tendrement Ninon. Obligé, par un voyage, de la quitter pendant quelque temps, il s’était demandé si, pendant l’absence, Ninon l’aimerait toujours. Nous ne savons quelle idée le marquis se faisait de l’amour et de la fidélité d’une fille d’Ève, mais il voulut, pour mettre fin à ses anxiétés, que Ninon s’engageât, par écrit, à lui rester fidèle. Ninon signa, le marquis partit, et… Ninon qui n’aimait pas les entr’actes, oublia bientôt promesse et signature. Comme il était un peu tard quand son billet lui revint en mémoire, elle ne put s’empêcher de s’écrier : Ah ! le bon billet qu’a la Châtre ! C’est depuis ce temps ou plutôt depuis cette histoire, que le mot est passé dans la langue. Ayez dans les mains un billet sans valeur, un engagement peu sérieux, et l’on dira pour caractériser votre situation : Le bon billet qu’a la Châtre ! » (Rozan.)

« Voilà M. Quarteret tranquille. Il a la parole de M. Marque. Oh ! le bon billet à la Châtre… » (Éclair, juillet 1872.)