Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/13

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et si défunt Léonard de Vinci eut vécu de nos jours, il l’eut certainement choisie comme modèle de préférence à sa Joconde, seulement… car il y a un seulement… il l’eût fait habiller par quelque modiste de renom… Croyez-m’en, s’il est vrai que l’habit ne fait pas l’homme plus qu’il ne fait le moine, il n’en est pas moins vrai que cette maxime ne peut s’appliquer à la femme. La beauté, chez la femme, c’est un peu comme dans un paysage. Prenez le tableau champêtre le plus pittoresque, le plus grandiose, entassez-y des montagnes et des vallons, des ruisseaux, des rivières et des cataractes, dispersez-y des troupeaux, des oiseaux et des insectes, imaginez tout ce que vous désireriez de plus grand, de plus beau de plus gracieux, mais si vous ôtez les arbres aux montagnes, la verdure aux vallons, l’eau aux rivières et aux cataractes, les fleurs aux insectes, que restera-t-il de votre paysage ? Ou bien, prenez ce paysage idéal, enlevez en la lumière qui l’éclaire, qu’y verrez-vous ?

De même, allez donc chercher la beauté chez une personne continuellement vêtue de noir comme une postulante de quelque communauté religieuse, chez une femme portant ses cheveux lissés comme une enfant d’école, coiffée d’un chapeau datant de six ans et chaussée de bottines de femme de peine ! Quelque jolie qu’elle soit réellement, c’est un admirable paysage, mais hélas ! il fait trop nuit pour le voir !


II.

À PROPOS D’UN CHIEN


J’oubliais de vous parler de Fidèle, l’élégant coley à toison vieil or qui, nuit et jour, montait la garde auprès de Mlle Laure et, cependant, la noble bête méritait certainement d’attirer notre attention tant par sa beauté que par l’attachement et la dévotion qu’il témoignait à sa maîtresse. D’ailleurs, nous