Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/77

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— Mademoiselle ne semble pas optimiste sur le compte des avocats.

— Ce n’est pas en vain que l’on a travaillé quatre ans dans une de leurs études.

— Nous ferez-vous le plaisir d’entrer vous reposer quelques instants, monsieur ?

— Je crains d’être indiscret, Mademoiselle, et, cependant, j’avoue que la marche que nous venons de faire m’a un peu fatigué et puis…

— Voyez-vous ce petit Monsieur qui veut se faire prier.

— Mais non, je ne me fais pas prier. Toutefois, pris entre la grâce de votre invitation, la fraîcheur de votre parterre et la crainte de paraître indiscret…

— Et puis, marraine, c’est nous qui sommes indiscrètes. Ce pauvre Jean est obligé de retourner au bureau pour compléter un travail qui ne saurait souffrir aucun retard. Le retenir ici serait abuser de sa complaisance.

— Bah ! rien ne presse, je puis bien me donner un moment de répit.

— Mais Jean, cette action que vous deviez rédiger ce soir ? Figurez-vous, marraine, que mon jeune ami est en train de préparer une cause extraordinaire, une cause dont le retentissement sera considérable. Vous permettez, n’est-ce pas, savant Maître, que je raconte à ma cousine ?

— Et le secret professionnel ?

— Vous m’avez bien tout raconté à moi ! D’ailleurs, cousine Laure est la discrétion même. Figurez-vous cousine que la personne en cause est…

— Puisque je vous ai dit, mademoiselle Yolande, interrompit Jean, que le secret professionnel…

— Il fallait avoir les mêmes scrupules avec moi. Donc, la personne en cause est une vieille fille avare et toquée…

— Je vous en supplie, ayez pitié de moi, méchante ! Après toute une journée en tête à tête avec mes dossiers, mes livres