Page:Larivière - La Villa des ancolies, 1923.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« P.S. — Mon client me prie de vous demander de bien vouloir lui permettre de m’accompagner chez vous samedi après midi. Il désire vous renouveler de vive voix ses excuses.

J.D., avocat.

— Pas cela, par exemple !

— Ne suis-je pas ton avocat ?


X.


Durant les quatre jours qui suivirent, nul ne pourrait dépeindre la terrible indécision dans laquelle eut à se débattre notre pauvre ami Paul Hainault. Irait-il ou n’irait-il pas chez Mlle Perrin le samedi suivant ?

Malgré ses colères passées et le faux pas qu’elles lui avaient fait faire, le sentiment tout nouveau, et non sans charme, que la souriante apparition avait éveillé en lui lui faisait désirer de pénétrer dans l’intimité de cette Demoiselle Perrin si longtemps méconnue. Ses anciennes craintes des jeunes filles et du désarroi que la venue de toute femme ne manquerait pas de causer dans sa vie, la quiétude heureuse de ses années passées, les appréhensions si souvent éprouvées pour l’avenir, enfin, sa naïve passion pour les tulipes et la curiosité qu’avaient éveillée en lui celles de la Villa des Ancolies, si remarquablement belles, s’il en fallait croire son ami, étaient autant de sentiments contraires qui se livraient bataille en son esprit et le rendaient perplexe.

Depuis son réveil jusqu’à une heure avancée dans la nuit, la fatale question se posait, chaque jour plus impérieuse : « Devait-il ou non y aller ? » Son esprit en était obsédé, au point que durant ses heures de travail il avait de fréquentes et sérieuses distractions ; il ne se sentait plus, comme autrefois, complètement pris par ses devoirs professionnels. Deux fois il oublia des entrées importantes dans ses livres : tel item qui devait être en date du vingt-trois, porta celle du vingt-