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dans la rapidité du discours ou de la rédaction.

Parmi les lapsus de langue, l’un des plus singuliers fut commis par une dame qui voulait féliciter Guibert, après l’apparition de sa Tactigue militaire. « Monsieur, lui dit-elle, j’ai lu votre Tic-tac, c’est charmant. »

Brantôme, dans sus Dames galantes, en cite un d’une dame qui parlait des désordres des gens de guerre et des dégâts qu’ils commettaient ; elle voulut dire : « Tous les ponts sont rompus, » etdit naïvement... tout autre chose.

Voici encore quelques exemples de lapsus de langue.

Un bon prédicateur de campagne exaltait la puissance de Jésus-Christ qui, disait-il, avec cinq mille pains avait nourri quatre personnes dans ledésert pendant plusieurs jours. « Parbleu ! s’exclama Grosjean, jeune gars à face rougeaude, ce n’est pas malin, j’en ferais bien autant. » Le bon curé ne répliqua rien : il vit qu’il avait fait fausse route ; mais, l’année suivante, il saisit la même circonstance pour répéter son sermon, et, cette fois, il mit les zéros à leur véritable place. « Eli bien, Grosjean, lui dit-il d’un air moqueur, en ferais-tu bien autant ? — Certainement, monsieur le curé, reprit le rustre sans perdre ^son aplomb ; certainement, avec les restes de l’an passé. »

* *

Un figurant, qui aspirait à devenir un acteur, ootint quelques paroles à prononcer dans une tragédie. On ne lui confia qu’un rôle de quatre syllabes : au cinquième acte, il devait s’élancer, en proie à la plus vive émotion, et s’écrier : «Le roi se meurt ! ! !» Le pauvre diable passa toute sa semaine à se répéter sur tous les tons et avec les gestes les plus tragiques ces quatre mots, qui devaient décider de son avenir ;«Le roi Sff meurt ! Le roi se meurt 1 » Enfin le grand jour arrive et l’instant d’entrer en scène lui est signifié par le régisseur ; il se précipite sur le théâtre et s’écrie, de l’air le plus convaincu : « Le meurt se roi li Ce lapsus lingusi fit éclater de rire toute la salle et le coula complètement.

  • »

Monnet, le vieux régisseur de l’Ambigu, s’en permettait de très-drôles ; il n’avait jamais que quelques mots à dire, et il était rare qu’il en vint a bout. C’est lui qui, à la fin d’une pièce, ayant à tranquilliser une famille entière en déclarant que le fusil avait raté, dit tout naturellement : Rassurez-vous, le raté a fusil/

  • *

La scène se passe en cour d’assises. Le jury rentre en séance, et son président, se plaçant la main sur le cœur, prononce d’une voix solennelle les paroles suivantes : « Sur mon honneur et ma conscience, devant Dieu et devant les hommes, non, le jury n’est pas coupable 1 » Une autre fois ce fut le président de la cour d’assises qui commit un lapsus aussi singulier. Le verdict aflirmatif du jury étant rendu, ce président s’écria : «Accusé, levez-vous ; la cour se condamne à la peine de mort 1 >

Terminons par une petite anecdote qui ne sort pas du sujet :

Un homme d’esprit avait réuni à sa table quelques amis, parmi lesquels se trouvait un gros financier fort vain et fort ignorant, deux choses qui marchent souvent de compagnie. Au milieu du repas, un valet maladroit apporta sur un plateau d’argent une langue de veau à la sauce ; maladroit, en effet, car en posant le mets sur la table il répandit une partie de la sauce sur l’habit de son maître. En homme bien élevé, celui-ci cacha le reproche sous un bon mot : «Messieurs, dit-il, c’est un lapsus lingum. » Et tous les convives d’applaudir. Notre financier, qui ne comprit de ce trait que les applaudissements, le retint fidèlement, bien résolu d’en faire usage à l’occasion. Un jour donc qu’il traitait à son tour, il lit à son domestique la recommandation expresse de l’inonder de sauce : il pensait, comme Henri IV, que l’honneur d’un bon mot vaut bien un habit.

Or, parmi les plats offerts par notre amphitryon, figurait un magnifique gigot de présalé. «Voici le moment, » se dit le valet. Au même instant, une cascade d’un jus peu limpide tomba sur le financier. «Bah ! bah ! s’écria notre homme, c’est un lapsus lingux. » Chacun se regarda, étonné, car personne ne comprit.

Quant aux lapsus de plume, les plus.connus ne sont que des fautes d’impression ; ils prennent alors le nom de coquilles, et c’est à ce mot que nous renvoyons le lecteur. V. aussi

CONTRE-PETTERIE.

LAPTOT s. m. (la-pto). Nom que l’on donne, dans le Sénégal, aux indigènes employés par les Européens comme domestiques, il Volontaire nègre employé parmi les troupes, dans les forts ou à bord des bâtiments.

LAPURDENS1S PAGES, nom latin du Libourd, ancien pays de France.

LÀPURDUM (du mot cantabre lapur, piraterie), ville de la Gaule ancienne, dans la Novempopulanie, chez les Tarbelles. C’est actuellement la ville de Bàyonne.

LAQU

LAQ s. m. (lak — du lat. laqueus, nœud coulant). Chir. Sorte de bande de fil ou de laine servant à fixer la partie sur laquelle on l’applique.

LAQUAIS s. m. (la-kè. — S’il faut en croire d’Herbelot, notre mot laquais dérive du mot espagnol lacaio, dérivé lui-même de l’arabe lakiths ou lakaiths, qui signifie enfant exposé, enfant dont la mère est inconnue. Pihan indique avec plus de vraisemblance l’arabe lakigy, attaché à quelqu’un ou à quelque chose. D’un autre côté, Borel prétend que le vieux mot laquay ou nacquet, c’est-à-dire page, paysan, villageois, dérive du basque et signifie serviteur en cette langue, n C’est du pays basque, dit-il, que viennent les meilleurs laquais, du moins ceux qui courent le mieux : d’où vient qu’on dit d un bon coureur qu’il a la jambe d’un Basque. » D’après Diez, laquais proviendrait d un radical qui est dans le provençal laçai, gourmand, ancien portugais lecco, répondant au provençal lec, même sens, de 1 ancien verbe leccare, - lécher, être gourmand. De mauvais plaisants ont fait venir laquais de laqueus, hart, corde de gibet, à cause de l’épithète de pendard que les maîtres d’autrefois prodiguaient à leurs laquais ; nous ne citons que pour mémoire cette étjmologie malveillante). Valet qui porte la livrée et qui est destiné principalement à suivre son maître ou sa maîtresse : La guerre commence, on cherche des soldats, et je vois dans Paris trois laquais derrière un carrosse. (La Bruy.) Ceux qui ont beaucoup de laquais sont comme les mille-pieds et n’en courent que moins aile. (Wicherlay.) Si Fënelon vivait, je chercherais à être son laquais pour mériter d’être son valet de chambre. (J.-J. Rouss.) Les laquais enrichis ont sauté du derrière de la voiture en dedans, en évitant la roue. (Rivarol.) Alidor, dit un fourbe, il est de mes amis, Je î’ai connu laquais avant qu’il fût commis.

BOILEAU.

— Loc. fam. Meitir comme un laquais, Mentir habituellement ou avec effronterie : // y aurait une cruauté révoltante à citer en présence d’un domestique un proverbe qui insultât à sa condition, comme celui-ci : mentir comme un laquais. (De Genlis.) Il Être insolent comme un laquais, Être excessivement insolent : Il était orgueilleux comme un duc,

INSOLENT COMME UN LAQUAIS. (A. Dum.)

— Homme d’un caractère bas, vil et rampant : Vous nïêtes qu’un laquais L

— Syn. Laquai*, domestique, serviteur, etc. V. DOMESTIQUE.

— Encycl. V. DOMESTIQUE,

i

LAQUE s. f. [(la-ke — pers. lak, sanscr. lûkshâ, même sens). Résine particulière que certains insectes du genre coccus déposent autour des rameaux de plusieurs arbres, et qui sert à plusieurs usages industriels : Laque en bâtons, en grains, en fils, en écailles.

— Matière alumineuse colorée qu’on emploie dans la peinture : Laque de Venise. Laque de Florence. Laque verte. Laque carminée.

— Bot. Nom vulgaire de la phytolaque décandre.

— Adjectiv. Gomme laque, Nom impropre de la Jaque : C’est par abus que la laque est nommée gomme laque ; ce n’est pas une gomme, mais une résine, comme le témoignent suffisamment sa sécheresse, son odeur aromatique, sa solubilité dans l’alcool. (Payen.) !

— s, m. Vernis de la Chine très-estimé : On n’a pu encore parvenir à imiter parfaitement le beau laque de la Chine. (Acad.) II Ouvrage de bois ou de carton recouvert de ce vernis : Un guéridon de laque. C’est un laque de choix.

— Encycl. On désigne sous le nom de laque une matière très-recherchée pour une foule d’usages, parmi lesquels l’un des plus importants est la fabrication des vernis. On lui donne souvent le nom de gomme laque, mais cette appellation est impropre, puisque cette matière n’est pas une gomme, mais bien une résine. Elle nous vient de l’Inde, où on la recueille sur différentes plantes, notamment le figuier des pagodes, le figuier des Indes, le jujubier cotonneux, la buiée touffue, le croton ports-laque, etc. On la trouve sur les rameaux, sous forme de croûtes plus ou moins épaisses. On a beaucoup discuté sur sa formation ; voici l’opinion la plus accréditée actuellement à cet égard ; elle est fondée sur des relations de voyageurs anglais qui ont pénétré dans les forêts incultes où on récolte la laque. Les femelles d’un insecte hémiptère, le coccus lûcca, se rassemblent en quantités innombrables, au moment de la ponte, sur les jeunes branches des arbres précédemment cités ; elles s’y serrent les unes contre les autres, ainsi que tont les pucerons sur les branches de quelques-unes des plantes de nos climats. Dans cette position, elles laissent suinter de leur corps une matière résineuse, qui se solidifie et les réunit les unes aux autres, de manière à ne plus former bientôt qu’une seule masse. Peut-être des liquides qui exsudent des piqûres qu’elles ont faites à l’écorce viennent-ils s’ajouter aux substances qu’elles fournissent elles-mêmes. Quoi qu’il en soit, elles ne tardent pas à n« plus former chacune qu’une vésicule remplie d’un liquide rougeàtre, tenant en suspension une vingtaine d œufs. Au bout d’un certain

LÀQU

temps, l’éclosion de ces œufs se produit, les larves se nourrissent du liquide provenant de la destruction du corps de la mère, se transforment ensuite en insectes parfaits et brisent leur prison pour s’échapper. Cet insecte a été décrit par J. Kerr ; mais la fidélité de sa description n’est certaine que pour la femelle et les jeunes ; quant aux mâles, il règne à leur égard une aussi grande incertitude que pour ceux de la cochenille du nopal. La femelle est rouge, grosse comme un peu ; son corps, formé de quatorze anneaux peu distincts, est allongé, plat en dessous, plus mince à l’extrémité postérieure, garni tout autour d’une sorte de bourrelet et terminé, comme celui de la cochenille, par deux soies divergentes ; les pattes, au nombre de six, sont courtes ; les deux antennes sont filiformes et terminées en fourche ; on ne peut apercevoir aucune trace d’ailes. On a décrit, comme étant le mâle, un petit insecte à ailes membraneuses, qui se rapproche assez de ceux que l’on considère comme les cochenilles mâles du nopal ; mais nous sommes sur ce point dans une grande incertitude. Quand une certaine quantité de ces animaux s’est fixée sur un rameau et y a déterminé une production de laque, les feuilles ne tardent pas à tomber, et le rameau à se flétrir. De plus, comme à ce moment la laque est encore assez molle et gluante, elle s’attache aux pattes des oiseaux qui vont alors semer de toutes parts les œufs qu’elle renferme. C’est dans les forêts sauvages des bords du Gange qu’on trouve presque toute la laque du commerce. On la récolte en brisant les rameaux auxquels elle adhère ; on recueille également les parcelles qui se sont détachées, car cette substance est d’un prix élevé. Celle qui est récoltée avant que les larves se soient transformées en insectes parfaits passe pour préférable à celle qui n’a été recueillie que plus tard.

Un arbre différent de ceux que nous avons cités, le croton lacciferum, fournit une résine

?ue lécommerce européen confond avec la

aque véritable. Il pousse à Ceylan et laisse suinter naturellement, autour des bourgeons et à l’aisselle des feuilles et des rameaux, la résine en question, qu’il fournit également lorsqu’on pratique des incisions à son écorce. Cette laque est beaucoup plus rare que celle du coccus lacca.

Le commerce distingue quatre sortes de laque. La laque en bâtons est celle dont l’origine est la plus certaine, car on nous l’apporte encore attachée aux branches de l’arbre sur lequel elle s’est amassée. Elle est en couches plus ou moins épaisses ; sa cassure est brillante et laisse apercevoir les cellules, dans quelques-unes desquelles on trouve encore des insectes entiers ; sa couleur est rouge plus ou moins foncé ; son odeur est agréable et se développe énergiquement lorsqu’on la chauffe. La laque en.grains est constituée par les fragments brisés qui se sont détachés des branches ; elle est déjà beaucoup plus sujette aux sophistications que la précédente ; il en arrive d’assez grandes quantités dont on a retiré une matière rouge de laquelle il sera question plus loin ; on doit donc la choisir aussi rouge que possible. La laque en écailles, nommée aussi laque en plaques, laque plate, laque en feuilles, est la sorte la plus répandue ; on l’obtient en faisant bouillir dans de l’eau alcaline les sortes précédentes ; la couleur qui provient de l’insecte est dissoute, la résine se ramollit, fond et monte à la surface ; on la recueille et on la coule en feuilles minces ; après refroidissement, on la détache en écailles plus ou moins colorées, suivant que la décoloration par l’alcali a été poussée ptus ou moins loin. La laque en fils sst une sorte de feutre de laque fendue et étirée en fils par les industriels anglais. L’industrie, qui la distingue en blonde, rouge et brune, préfère la moins colorée. Quant au liquide qui, pendant ces opérations, s’est chargé de la matière colorante rouge, on l’emploie dans l’Inde pour fabriquer des matières tinctoriales très-recherchées. Précipité par l’alun, il fournit le lac-laque ; traité d’une manière différente, mais encore inconnue des Européens, il donne le lac-dye, autre substance colorante également estimée. Les cuirs célèbres sous le nom de maroquins du Levant sont teints avec la matière colorante de la laque.

La laque a été étudiée par plusieurs chimistes. Unverdorben en a extrait cinq variétés de matières résineuses. John y a trouvé 16 pour 100 d’une matière spéciale, qu’il a nommée laccine, substance dont les propriétés tiennent à la fois de celles des ciees et de celles des résines. Hatchett a fait l’analyse comparée des trois sortes de laque ; ses résultats sont les suivants :

Laque Laque Laque

en en en

bâtons, grains, écailles.

Résine 6S.0 SS.5 90.9

Matière colorante. 10.0 2.5 0.5

Cire 6,0 4.5 4.0

Gluteu 5.5 2.0 2.s

Corps étrangers.. G.5 0.0 0.0

Perte 4.0 2.5 1.8

100,0 100.0 100.0 La laque a été quelquefois employée comme médicament ; on lui attribue des propriétés astringentes et toniques. Nous venons de voir qu’elle fournit à la teinture des matières rouges remarquables. La chapellerie, la fa LAQU

brication de la cire à cacheter en absorbent de grandes quantités ; mais la plus grande consommation est faite par l’ébénisterie, soit pour dissimuler les fissures qui se produisent dans le bois, soit surtout pour fabriquer des vernis. Elle se dissout, en effet, dans l’alcool, et sa solution, évaporée dans des conditions convenables, fournit un vernis de bonne qualité, surtout lorsqu’on la mélange avec une proportion déterminée d’autres résines convenablement choisies.

Dans certains cas, pour vernir des bois peu colorés, par exemple, il est utile d’avoir do la laque aussi incolore que possible ; on a donc cherché à la décolorer complètement par différents moyens, On peut dire à cet égard que chaque fabricant a ses procédés particuliers. On peut arriver à un assez bon résultat par les hypoehlorites. Si, en effet, on fait bouillir la laque dans de l’eau de Jave !, elle se dissout en partie ; si l’on agite et si l’on continue l’ébullition pendant un temps suffisant, la résine finit par se décolorer. On active l’opération en ajoutant peu à peu une nouvelle quantité de solution. Il ne reste plus qu’à neutraliser la liqueur par de l’acide sulfurique, pour voir se séparer la laque sous forme de pâte grisâtre. On malaxe cette pâte de différentes manières afin de lui donner une blancheur parfaite et un éclat nacré très - recherché. C’est surtout pour cette dernière manipulation que les industriels mettent en usage certaines pratiques particulières et tenues secrètes. Pour apprêter certains tissus, ainsi que les chapeaux de paille, on se sert de laque ainsi blanchie. Dans ces deux cas, on la dissout dans de l’eau ammoniacale tiède, qui forme un dissolvant fort économique.

On a reçu en Europe, à une certaine époque, des échantillons d’une laque assez semblable à celle de l’Inde et venant de Guatemala. Elle semble produite dans les mêmes conditions par un insecte très-analogue au coccus lacca.

Dans le commerce, on donne le nom de laques de Chine, laques du Japon, etc., à différents objets de bois ou de carton recouverts d’un vernis particulier très-solide. Ces objets sont fort estimés en Europe, tant à cause de l’élégance et de l’étrangeté des décorations dont ils sont ornés, que de la solidité et de la coloration brillante de la matière qui les recouvre. Pendant longtemps, la nature de cette matière est restée inconnue ; tous les efforts des industriels n’aboutirent qu’à des imitations plus ou moins parfaites, et la réputation des laques asiatiques resta toujours bien supérieure a celle des laques de notre pays Depuis la fondation de notre établissementen Cochinchine, de nombreux renseignements nous sont parvenus à’ce sujet. Nous nous contenterons ici de citer deux passages du. Catalogue des produits des colonies françaises exposés au Champ-de-Mars en 1S67 : h Dans nos établissements d’Asie, en Cochinchine surtout, se rencontrent des gommes laques de qualité supérieure et en abondance, tant pour la fabrication du vernis que pour celle du lac-dye ; mais le produit qui doit le plus attirer l’attention du commerce est une huile de bois employée par les Chinois pour les ouvrages de laque, et surtout pour préserver la coque des navires de la piqûre des tarets. Cette oléo-résine n’est pas encore vendue couramment en Cochinchine, quoiqu’on puisse en récolter de grandes quantités dans la province de Bien-Iioâ ; les ouvriers en laque indigènes, sont, en ce moment, les seuls qui l’emploient ; aussi coûte-t-elle de l fr. 25 à 1 fr. 50 le litre ; mais il serait facile de s’en procurer à des prix modérés. »

Cette huile de bois, nommée cay-dau par les Cochinchinois, s’obtient par des incisions pratiquées au tronc de certains arbres encore peu connus, qui la laissent alors s’écouler. Voici comment on s’en sert, d’après les „ renseignements venus de la source précédemment citée : » Pour vernir, on passe au pinceau trois couches à 24, et même 48 heures d’intervalle, avec de l’huile chaude ayant diminué d’un quart de son volume par suite de l’ébullition, dans un vase de porcelaine sans peinture, ou en terre vernissée. Le premier procédé est le plus sûr. Pour laquer en rouge ou en noir, broyer le rouge ou le noir d’ivoire avec de l’huile de bois, faire réduire le mélange d’un quart par l’ébullition, comme pour la laque transparente, et passer trois ou quatre couches successives à 24 et 48 heures d’intervalle, attendant qu’une couche soit bien sèche avant d’appliquer l’autre. L’usage est de passer le mélange d’huile et de couleur à travers une étoffe que l’on tord ou que l’on presse de manière que toutes les molécules non à l’état de poussière fine restent dans l’étoffe. Il est donc de première nécessité que l’enduit soit broyé extrêmement fin. Il faut couvrir avec soin les objets laqués, tant que l’enduit est frais, de manière à le tenir entièrement à l’abri de la poussière, qui, sans cela, formerait promptement des aspérités adhérentes à l’enduit. »

Cette même huile, employée par les Chinois pour laquer, protège, nous l’avons dit, les bois de la piqûre des insectes ; les barques annamites, dont le bois en a été recouvert, se conservent très-longtemps intactes. Le bois qui fournit l’huile de bois, le caydau, reste lui-même inattaqué par les insectes. On ne peut douter que le vernis à laquer