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Je n’aime point céans tous vos gens à latin.

Molière.

Parler latin, Parler en langue latine ; savoir le latin assez pour le parier : On parla latin à lu. cour, dans les cloîtres, dans les tribunaux et dans les écoles. (Rivarol.) Il Parler latin devant les cordeliers, Parler à des gens plus savants que soi.

Savoir, entendre son latin, Être fort malin :

Fort mignon, plaisant et habile, Tracassant, traînant le patin, Car je savais bien mon latin.

COQUILLART.

Cracker du grec et du latin. Faire beaucoup de citations grecques et’ latines. Il Le jour du jugement viendra bientôt, les ânes •parlent latin, Se dit quand on entend un ignorant citer du latin.

Être au bout de son latin, No savoir plus que dire, que faire, ne savoir plus où l’on en ’ est :

S’ii faut rire ou chanter au milieu d’un festin, Un docteur est alors au bout de son latin.

Boileau.

Y -perdre son latin, Travailler inutilement à quelque chose, y perdre son temps et sa peine : Mademoiselle a toujours des crises violentes, des éïlouùsements, des spasmes ; j’y perds mon latin. (A.. Houssaye.) Réveché a mes raisons, il se rend plus mutin,

Et ma philosophie y perd tout son latin.

RÉGNIER.

C’est du latin, C’est une chose inintelligible : Ce que vous dites kst du latin pour moi, il C’est du latin gui passe votre gamme, Cela est au-dessus de votre portée.

— Prov. A bon vin bon latin, On proportionne ses services au prix que les autres veulent y mettre, on donne à chacun pour Son argent. Voici l’origine qu’on a attribuée à ce proverbe : le premier président du parlement de Paris, M. de Lamoignon, était en peine d’avoir un bibliothécaire. Il s’adressa pour cela à M. Hermant, recteur de l’Université, qui lui indiqua M. Baillet, son compatriote. Le président voulut lo connaître. Il le fait inviter à dîner ; Baillet s’y rend, mais, s’apercevant qu’il est entouré de pédants qui veulent faire les savants aveu lui, il ne répond que par monosyllabes aux diverses questions qu’on lui fait. On lui demande, en latin, comment il trouve le vin ? Il était mauvais, il répond : tllonus.» Aussitôt de rire et d’en conclure, comme on l’avait déjà pressenti, que le candidat n’est qu’un sot. Au dessert, on sert du vin d’une meilleure qualité, et, pour se donner de nouveau le plaisir de rire, on renouvelle la question de la qualité du vin. Baillet répond : « Bouum.-Oh ! oh ! ahl ah ! ehl vous voilà donc redevenu bon latiniste ! — Oui, à bon vin, bon latin, i

— Encycl. Ethnogr. Le nom des Latins a évidemment la même origine que celui de Latium ; mais lequel des deux a précédé l’autre ? Il est difficile de le savoir ; car tous deux étaient déjà très-anciens au temps des Romains (v. Latium). En effet, dans les récits qui concernent Saturne et l’hospitalité qu’il reçut de Janus, on trouve le nom de Latium, et, d’une autre part, celui de Latinus est donné par’une autre tradition au roi dont Enée épousa la fille. Ce qui parait certain, c’est qu’il y eut un moment où le nom de Latins ne se donnait qu’à une fraction des habitants du Latium.

Virgile, qui ne saurait être une autorité historique, mais qui suivait peut-être une tradition, nous raconte qu’Enée eut à combattre les Rutules, qui habitaient le Latium. Dans l’histoire des guerres que les Romains eurent à soutenir contre différents peuples du même pays, il n’est jamais question des Rutules, mais seulement des Eques, desHerniques et des Volsques.

L’opinion la plus vraisemblable, c’est que le nom de Latins fut donné à un assemblage de plusieurs peuplades distinctes habitant la même contrée. Il y a apparence que le lien qui unissait ces diiférentes peuplades n’était pas très-fort, puisque les Romains furent souvent en guerre, tantôt avec un peuple, tantôt avec un autre. Toutefois, bien que divisés en plusieurs peuplades indépendantes, désignées par des noms particuliers, ils parlaient la même langue, étaient unis par une religion commune et par certaines fêtes, qui donnaient occasion, soit à des échanges commerciaux, soit à des assemblées politiques où l’on traitait des questions de paix et de guerre. Parfois ils formaient entre eux des ligues offensives et défensives, dont la durée se bornait à celle de la cause qui les avait suscitées.

Lo Latium se trouvait tout entier sur la rive gauche du Tibre, qui le séparait de l’Etrurie. Or, la ville de Romulus tut fondée sur cette rive, par conséquent dans le Latium, et à une certaine distance de la Sabine, qui était un pays de montagnes et de difficile accès. Ainsi, pendant la première période de son existence, Rome, située tout entière au midi du Tibre et d’abord dépourvue de ponts, avait ses communications les plus fréquentes avec les Latins. Aussi le latin devint-il la langue de Rome.

La. même circonstance, c’est-à-dire le voisinage et la facilité des communications, fut

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| cause que les Romains furent souvent en fuerre avec las peuples du Latium. Après l’expulsion des Tarquins, après les défaites suscessives des Etrusques et des Sabins, qui avaient pris les armes pour rétablir ces tyrans, toute la ligue latine, sollicitée par Octavius Mamilius, gendre de Tarquin, vint engager avec les Romains une action décisive pour rétablir le roi détrôné. Les deux armées se rencontrèrent près du lac Régille, qui donna son nom à la bataille. Celle des Latins montait à quarante-trois mille hommes, tandis que le dictateur romain Posthumius n’en avait que vingt-cinq mille. Néanmoins, il fit éprouver à ses ennemis une défaite sanglante et dont ils se ressentirent longtemps. Titus et Sextus, fils du tyran, y furent tués et dix mille Latins à peine en échappèrent. Dès lors, toute la ligue demanda la paix, se soumit, et, à partir de ce moment, les prises d’armes des Latins furent toujours facilement réprimées.

Cependant, comme bientôt après il y eut à Rome des dissensions très-vives entre les riches et les pauvres, et ensuite une invasion de Gaulois qui défirent les Romains et saccagèrent leur ville, les guerres des Latins contre la république romaine furent encore fréquentes et acharnées. Les Volsques, qui n’avaient envoyé que peu de monde à la bataille du lac Régille, reprirent les armes trois ans après, et ce fut pendant le cours de ces dernières guerres que Marcius Coriolan joua le rôle qui lui a valu sa célébrité. La résistance des Volsques contre Rome était favorisée, non-seulement par la discorde qui régnait souvent au sein de cette ville, mais encore par leur situation ; car ils habitaient la partie du Latium la plus éloignée du Tibre, celle qui est au midi et qui touche à la Campanie.«Après eux, ce furent les Eques qui firent tes plus grands efforts pour se soustraire à la domination romaine. Peu de temps après chaque défaite, les Latins s’insurgeaient de nouveau. Sous le consulat de Manlius Torquatus et de Decius Mus, qui eut lieu après la bataille d’Allia. et la prise de Rome, on les voit encore envoyer des forces redoutables contre les Romains et mettre en péril les armées romaines. Enfin" après avoir éprouvé deux défaites sanglantes, l’une à Véseris, près du mont Vésuve, en 340, et l’autre à Tri fane, en 339 avant l’ère chrétienne, les Latins se soumirent, et ce fut leur dernière guerre contre les Romains. Mais ceux-ci furent obligés de prendre des mesures extraordinaires pour conserver la possession possible du Latium. Ils transportèrent sur leur propre territoire les habitants du pays, qu’ils remplacèrent par des colonies nouvelles. Ils célébrèrent par vingt-quatre triomphes l’assujettissement des Volsques, et détruisirent entièrement la fertilité artificielle de ce pays, où les ruines de tant de cités éparses au milieu de marais depuis lors inhabitables attestent la grandeur du peuple anéanti et la prévoyante cruauté des vainqueurs. À quelques villes latines, notamment à Lanuvium, Aricie, Nomentum, Pedum, Tusculum, on accorda le droit de cité, mais sans droit de suffrage. On traita de même Capoue, Fundi, Fonnies, Gumes et Suessela. Antium et Vélitres furent démantelées et colonisées ; Préneste et Tibur furent dépouillées de leurs terres.

En somme, les hostilités entre les Latins et les Romains ne furent définitivement terminées que 414 ans après la fondation de Rome. Tant que cette république eut à soutenir les guerres latines, elle ne lit que peu de conquêtes en dehors du Latium.

Les divinités les plus anciennes dont les Romains aient conservé le souvenir étaient probablement des divinités latines. C’est, par exemple, Janus et Saturne, ainsi que Picus et Faunus, descendants de ce dernier ; c’est Anna ferenna, dont Ovide a raconté la légende dans ses Fastes ; c’est Paies, la protectrice des bergers ; c’est Cérès, la patronne des travaux champêtres et la civilisatrice par excellence, parce que son culte marque l’époque où les peuplades passèrent de la vie nomade à la vie sédentaire ; c’est enfin Vesta, qui est aussi un signe de fixité, parce qu’elle représente le foyer domestique. . Rome emprunta aussi aux peuples latins leur constitution aristocratique, leur oligarchie à la fois politique et sacerdotale et l’usage du sacerdoce héréditaire dans certaines familles pour quelques-uns des rites.

— Linguist. La langue latine appartient au rameau italique de la branche pélasgique ou gréco-/a( !»e. Elle doit le nom sous lequel elle a toujours été désignée à l’antique pays du Latium, et la conquête romaine la porta dans une foule de contrées d’où elle expulsa l’idiome national : dans l’Etrurie d’abord, la Ligurie, la Gaule, ensuite en Espagne, dans la Lusitanie et même en Afrique, où elle disputa le terrain au phénicien et au numide. Partout, sur son passage, la langue latine laissa des traces profondes, et lorsqu’elle cessa d’être parlée dans les diverses contrées de l’Europe soufnises à la domination romaine, elle s’y maintint comme langue écrite, comme langue de la religion et de la science.

L origine de cette langue est obscure et incertaine. Considérée dans son ensemble, elle ne dérive pas directement du grec ; mais elle s’y rattache d’abord par des points de contact communs avec un ancien idiome

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asiatique, celui des Aryos primitifs, et ensuite par les nombreux emprunts que les Romains conquérants de la Grèce ont faits à la langue des Hellènes. Mais, dans la formation du latin, il faut tenir compte des idiomes usités, non-seulement chez les Latins, mais chez les autres populations de l’Italie, telles que les Ausones des bords du Tibre, les Osques du pied du Vésuve, les Etrusques des rives d.e i’Arno, les Ligures du pied des Alpes, les Ombriens, les Sabins, les Samnites, etc. Le latin, dit Denys d’Halicarn.asse, n’est ni tout à fait grec ni tout à fait barbare ; c’est-à-dire qu à côté de certains éléments qu’il y reconnaissait comme grecs s’en trouvaient d’autres dont il ignorait l’origine. Par cet élément barbare, le latin se rattache au celtique et même au cantabre. Bullet a cherché à démontrer que le latin n’était formé que de grec et de celtique. Àmériée Thierry et, avant lui, Fréret ont rattaché ta population de l’Ombrie à celle de la Gaule, et c’est aussi par l’intermédiaire de l’ombrien que l’auteur du Mit/iridate a cru pouvoir établir l’affinité qui existe entre le latin et les idiomes celtiques. Macpherson, dans son Histoire de l’Irlande, et W. Bentham, dans son Etruria celtica, ont comparé un grand nombre de mots latins avec des mots celtiques dont ils paraissent être dérivés. D’autres savants voient dans les Sicules un peuple celtique, et, selon eux, le fleuve Sicanos, si fameux dans les anciennes traditions de ce peuple, pourrait bien n’être que la Seguana (la Seine). Des investigations persévérantes avaient conduit Niebuhr à placer ce fleuve entre les Pyrénées et le Rhône, et Gustave Fallot a constaté que les patois des Séquanais avaient une ressemblance des plus prononcées avec les anciens idiomes de l’Italie. Quoi qu’il en soit, il est certain qu’une quantité considérable de mots latins, qui expriment des objets de première nécessité et les actions les plus ordinaires de la vie, se rattachent par la racine ou par la forme plutôt au celtique et au germanique qu’au grec. Funck a fait un livre pour prouver que le latin est originaire de la Germanie, et c’est aussi de cette contrée que Niebuhr et Ottfried Muller font venir les Etrusques. D’un autre côté, c’est à la langue des Pélasges que Niebuhr croit devoir rapporter l’origine de celle des Latins. Mais, de la comparaison des formes du verbe substantif en latin, en grec et en sanscrit, on peut tirer ta preuve que le latin n’a jamais pu traverser la période grecque ou pélasgique, comme on disait autrefois, et que le grec et le latin sont tous les deux des modifications indépendantes d’une même langue originale. Prenons pour exemple le présent de l’indicatif de cet auxiliaire :

Français. Latin. Grec. Sanscrit.

Je suis, Suut. Eimi, esmi. Asmi.

Tu es. Es. Ei, essi. Asi.

Il est. Est. Esti. Asti.

Nous sommes. Sumus. Esmen, esmes. Smas.

Vous êtes.. Estis. Este. Stàa.

Ils sont. Sunt. Eisi, enti. Santi.

Au singulier, le latin est moins primitif que le grec, -car sum est pour es-um, es pour es-is, est pour es-ti. De même, à la première personne du pluriel, sumus est pour esumus. La seconde personne es-tis, qui équivaut au grec es-te, est une forme plus primitive que le sanscrit stha. Mais, à la troisième personne du pluriel, la forme latine est plus primitive que la forme grecque. La forme régulière serait as-anti, devenu en sanscrit santi ; le grec a laissé tomber le s initial et l’éolien enti a fini par se réduire à eisi ; le latin a, au contraire, conservé le s du radical, et il serait complètement»impossible-de dériver sunt du grec eisi.

En définitive, le latin classique est un des nombreux dialectes parlés par les habitants aryens de l’Italie ; c’était le dialecte du Latium, mais qui n’était parlé dans toute sa pureté que dans la ville de Rome, et à Rome même par les seuls patriciens. Fixé par Livius Andronicus, Ennius, Noevius, Caton et Lucrèce, le latin classique, poli par les Seipion, les Hortensius, les Cicéron, fut la langue d’une classe limitée, d’un parti politique et d’une école littéraire. Avant l’âge où brillèrent ces poêles et ces orateurs, la langue de Rome dut éprouver des fluctuations et des changements considérables : Polybe dit que les Romains les plus instruits ne pouvaient traduire sans difficulté les anciens traités entre Rome et Carthnge ; Horace avoue qu’il ne comprend pas les vieux poèmes saliens de Numa, et donne à entendre qu’aucun de ses contemporains n’est plus avancé que lui à cet égard ; Quintilien assure que les prêtres saliens eux»mêmes pouvaient à peine comprendre leurs hymnes sacrés. Il est présumable que, si les plébéiens avaient eu le dessus au lieu des patriciens, — le latin eût été fort différent de ce qu’il est dans Cicéron. On sait, du reste, que Cicéron lui-même, ayant été élevé à Arpinum, fut obligé, lorsqu’il commença à fréquenter la haute société pour laquelle il eut a écrire, de se corriger de quelques provincialismes, parmi lesquels on cite l’habitude qu’il avait de laisser tomber le j à la fin des mots. On sait aussi que Tite-Live, cet admirable prosateur, né à Patavium (Padoue), malgré la pureté de sa diction, ne fut pas à l’abri des reproches de

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patavinitë qui lui furent adressés par Asinius Pollion.

Ces faits prouvent que le latin, même en Italie, n’eut jamais, comme langue vulgaire, un domaine bien étendu. Dès le principe, dans chaque pays conquis, il devenait la langue des affaires publiques, et, peu à peu même, celle de la littérature ; mais, dans les affaires privées, dans les relations civiles, chaque peuple soumis conserva l’idiome qui lui était propre. C’est ainsi que, dans la partie méridionale de l’Italie et dans la Sicile, le grec ne cessa, jusqu’à l’invasion des barbares, d’être employé comme langue vulgaire. Plus près du Latium, les Sabins, au rapport de Varron, conservèrent, jusqu’au ier siècle de notre ère, l’usage de leur idiome. Les divers municipes d’Italie ayant accepté par force le latin comme langue officielle, essayèrent de revenir à l’usage public de leurs langues particulières dès qu’ils crurent le moment opportun. Lors de la guerre Sociale^ leur premier acte d’indépendance nationale fut de marquer de légendes non latines les monnaies qu’ils frappèrent à cette époque. Mais Rome ayant réduit les révoltés, la toi Julia fit disparaître des actes publics l’emploi de tout idiome autre que le latin.

Le latin a eu certainement un grand nombre de dialectes ; mais aucun d’eux ne parait avoir été cultivé. Plaute distinguait, dans la langue latine parlée de son temps, la langue noble et la langue plébéienne. À l’époque de Cicéron, ces distinctions existaient sous d’autres noms : la langue noble devint le latin classique ou urbain, et la langue plébéienne, le latin vulgaire ou rustique. Le latin noble ou classique est celui dans lequel ont été composés les grands monuments de la littérature romaine ; c’était la langue des esprits d’élite. Cicéron dit qu’il ne connaissait que cinq ou six dames romaines qui parlassent le latin correctement. Plus tard, Quintilien se plaignait de l’impossibilité qu’il y avait pour le peuple de Rome de dire un mot sans prononcer en même temps quelque barbarisme, et de la difficulté que les jeunes gens éprouvaient, à Rome même, à bien apprendre leur langue maternelle. La connaissance du latin classique y était moins facile à acquérir que celle d’une langue étrangère.

Le latin plébéien ou vulgaire était la langue usuelle du peuple. Il ne nous en est resté comme spécimen, qu’un certain nombre de mots altérés par des contractions et des suppressions de désinences, que les potttes comiques mettaient dans la bouche de leurs personnages appartenant aux classes inférieures de la société. Les qualifications distinctives d’urbaine et de rustique, données ainsi à deux états de la langue latine, servaient encore à indiquer une différence entre le langage de l’habitant de la ville et celui de l’habitant de la campagne. Le langage du colon des provinces, le sermo pT’ooiiteialiSy ne se distinguait pas inoins que la lingua rustica du langage de Rome. La langue vulgaire ou rustique a peu à peu envahi les productions littéraires : celles des païens, par manque de culture et de goût ; celles des docteurs de l’Église, -par la nécessité de porter les enseignements de la religion chrétienne à la connaissance de tous sans distinction. Saint Augustin avertit souvent le lecteur, à la tète d’un livre, qu’il écrira humili stylo, tandis que dans d’autres, fa Cité de Dieu, par exemple, il se sert du style littéraire. C^est do la lingua rustica que sont sorties les langues romanes : l’italien, l’espagnol, le moldovalaque, le provençal et le français.

On distingue, dans l’histoire de la langue latine, quatre époques ou ùges. La première époque commence à la fondation de Rome et finit vers les derniers temps de la république, ou, pour prendre une date plus précise, vers l’an,240 avant notre ère, quand le poëte Livius Andronicus composa les premières comédies latines régulières. Le seconde époque finit avec Cicéron, ou plutôt avec le régna d’Auguste ; la troisième va jusqu’à la translation en Orient du siège de l’empire, et lu quatrième jusqu’à ia complète invasion des barbares, au ve siècle.

Les monuments de la première de ces quatre périodes sont rares et incomplets. Le plus ancien est du temps de Romulus, ou, si l’on veut, il date des premières institutions religieuses de Rome ; c’est le Chant des frères Arvales, sorte de litanie que ces prêtres romains récitaient durant leur procession annuelle à travers la campagne, au commencement du printemps, pour obtenir des dieux une récolte abondante. Il se compose de cinq phrases distinctes, chacune répétée trois fois, et d’un mot exclamatif cinq fois répété, qui forme la conclusion. La première phrase n’a rien d’obscur ; elle signifie :« Lares, veneznous en aide ! » L’exclamation de la fin signifie : « Triomphe I » Toute la partie intermédiaire est à peu près inintelligible. Ce chant a été découvert en 1777, gravé sur une pierre et accompagné des statuts du collège des frères Arvales, écrits dans le style d’une époque postérieure. Il ne présente qu’un petit nombre de mots qui soient restés dans le latin classique. Après l’hymne arvale, viennent quelques fragments des lois de Numa et une loi de Servius Tullius, qui nous ont été conservés par Festus, et dans lesquels se dessinent davantage les habitudes grammaticales du latin ; quelques fragments des chants sa-