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présenta à l’Odéon en 1842, contenait quelques belles scènes, mais était généralement médiocre, et tomba. Mais. Virginie, tragédie en cinq actes, jonéo en 1845 et qui eut Rachel pour principale interprète, eut un suceè3 incontesté et mit en relief le poète. Depuis lors, M. Latour a fait représenter plusieurs pièces, mais aucune d’elles n’a obtenu le succès de Virginie. Nous citerons : le Vieux de la montagne, tragédie en cinq actes, représentée au Théâtre-Français en 1847 ; le Syrien, drame en cinq actes et en vers (Odéon, 1847) ; les Routiers, drame en cinq actes, donné au théâtre de la Porte-Saint-Martin en 1851 ; Geneviève, patronne de Paris, dramelégende en cinq actes et quinze tableaux (Théâtre-National, 1852) ; le Droit chemin, comédie en cinq actes et en vers (Odéon, 1857), où l’on trouve quelques situations émouvantes, et qui eut un succès d’estime ; Rosemonde (1SB6), tragédie au sujet de laquelle un plaisant ht cette épigramme : Pourquoi donc appeler sa pièce Rosemonde ? On n’y voit point de rose, on n’y voit point de monde.

En 18G8, M. Latour de Saint-Ybars présenta au comité de lecture du Théâtre-Français un drame en vers, Alexandre le Grand, qui fut admis à correction, c’est-à-dire poliment refusé. Le poëte, irrité, écrivit à ce sujet dans le Figaro une lettre dans laquelle il attaquait vivement le comité de lecture de la Comédie-Française et M.Thierry, son administrateur. Ses plaintes, juntes à celles que lit entendre à la même époque M. Édouard Fournier, eurent un grand retentissement dans le monde littéraire, et provoquèrent la réforme du comité de lecture du Théâtre-Français. Depuis cette époque, M. Latour de Saint-Ybars a collaboré pendant quelque temps au Figaro, et fait représenter à l’Odéon un drame en cinq actes et en vers, l’Affranchi (janvier 1870), dont le succès a été médiocre, bien que les deux, derniers actes soient vraiment beaux et pathétiques. M. Latour de Saint-Ybars met à exécuter ses œuvres dramatiques un soin infini ; il trouve parfois de belles scènes et des accents d’une grande énergie ; mais l’impression que laissent généralement ses œuvres est celle de la fatigue et de l’ennui, et il n’y a pas de pièce qui puisse y résister.

Cet écrivain est décoré, depuis 1846, de la Légion d’honneur, et il songea un instant, en 1857, à entrer dans la vie politique en se portant candidat de l’opposition au Corps législatif ; mais il échoua. Il a publié, outre lus œuvres précitées, un ouvrage historique curieux, intitulé Néron, sa vie et son époque (1SCC).

LA TOUR-VARAN (Jean-Antoine de), écrivain français, né à Firminy (Loire) vers 179S, mort en 1864. Après avoir pris part, sous la Restauration, » 1 expédition d’Espagne, il vint se fixer à Saint-Étienne, où il remplit les fonctions de bibliothécaire pendant de nombreuses années. Dans la retraite studieuse où il aimait à vivre, il se consacra surtout à l’étude de l’histoire locale. Ses principaux ouvrages sont : les Chroniques des châteaux et abbayes du Forez et le Projet d’une bibliothèque forëzienne. 11 publia, en outre, de nombreux articles dans divers journaux, et notamment dans la Revue du Lyonnais. Il a laissé de nombreux manuscrits inédits. Il était membre de la Diana, société d’archéologie de Montbrison (Loire), et correspondant du ministère de l’instruction publique pour les travaux historiques. La mur, prend» garde. Cette ronde enfan. tine est plutôt un jeu, une petite comédie, qu’une chanson. Voici comment ces petites scènes se miment et s’exécutent. Deux jeunes lilles, on se tenant les mains, représentent la tour qu’il s’agit de prendre. Une autre ieune fille représente le duc de Bourbon ; à côté de lui son fils, et autour de lui ses gardes ; pour commander les gardes, un capitaine et un colonel. Ceux-ci se promènent devant la tour et lui disent ensemble :

La tour, prends garda Ile te laisser abattre.

À quoi la tour répond fièrement :

Nous n’avons garde De nous laisser abattre.

Le colonel dit alors :

J’irai me plaindre Au ducque de Bourbon.

La tour, qui n’a pas peur, fait une réponse dans le genre de celle de Léonidas : Va t’en te plaindre Au ducque de Bourbon, Devant une pareille outrecuidance, le colonel, suivi du capitaine, va trouver le duc ; ils mettent un genou en terre et lui disent :, Mon duc, mon prince, Je viens me plaindre à vous.

Le duc :

Mon capitaine, mon colonelle, Que me demandez-vous ? « Un de vos gardes pour abattre la tour, » demandent les deux officiers. « Allez, mon garde, pour abattre la tour, u dit le duc à un de ses gardes. Avec ce renfort, le capitaine et le colonel reviennent devant la tour, et lui disent : « La tour, prends garde, etc. » Et comme celle-ci est toujours aussi orgueilleuse et finit par répondre : « Va t’en te plaindre, etc., » les trois gardes reviennent près du duc, qui leur accorde un quatrième soldat.

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Ils sont quatre, ils retournent près de la tour ; même jeu de la part de celle-ci, nouvelle demande de secours, nouveau soldat détaché jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Mais les gardes ne suffisant pas. Le duc donne son dis : Allez, mon fisse, pour abattre la tour. » Le fils ne réussit pas, il faut que le duc vienne. La jeune fille qui joue ce rôle cherche h pénétrer dans la tour en forçant celles qui la représentent à séparer leurs bras ; si elle ne réussit pas, une autre essaye, et celle qui y parvient est proclamée duc à sa place. Quelle est l’origine de ce jeu assez gracieux ? Nul no le sait ; pourtant, on doit lui assigner une date postérieure au duc de Bourbon si tristement célèbre sous le règne de François Ier, et que la chanson ne craint pas d’employer pour les besoins de la scène. Les parole/s se récitent sur un air monotone, qui peut varier.

LATO DRAILLE (Christophe, comte de), littérateur français, né près de Ploërmel vers 1730. Il fut gentilhomme du prince de Condé, et se fit connaître par quelques écrits fins et spirituels, entre lesquels nous citerons : Apologie des arts ou Lettres à Duclos (Paris, 1772) ; Nouveau recueil de gaieté et de philosophie (Paris, 17S5, in-12 ; 1790, 2 vol.) ; le Songe creux ou le Génie créateur des mensonges (Paris, 1789, in-12).

LA TOURNER1E (Étienne Le Royeh de), jurisconsulte et écrivain français, né à Mantilly, près deDomfront, en 1730, mort en 1812. D’abord avocat à Rouen, il fut ensuite procureur du roi au bailliage de Donifront, et, après la Révolution, juge au tribunal de cette ville et à celui d’Alençon. Ses principaux ouvrages sont : Traité des fiefs à l’usage de la province de Normandie {Paris, 1763) ; Nouveau commentaire portatif de la coutume de Normandie (Rouen, 1769, 2 vol. in-12) ; Manuel du jeune républicain (in-12) ; Histoire de Domfront (Vire, 180G).

LA TOURUETTE {Marc-Antoine-Louis Clairet de Fleurieu de), savant français, né à Lyon en 1729, mort dans la même ville en 1793. Son père, président de la cour des monnaies et prévôt des marchands de Lyon, a laissé un grand nombre d’ouvrages manuscrits en prose et en vers. Lui-même fut, pendant vingt ans, prévôt des marchands de Lyon, puis il s’adonna entièrement à son goût pour l’histoire naturelle, voyagea en Italie et en Sicile, et se rendit, en compagnie deJ.-J. Rousseau, à la Grande-Chartreuse pour étudier les plantes de la contrée. La Tourrette était en relation avec Jussieu, Linné, Haller et autres savants célèbres. Il avait réuni de belles collections de plantes, de minéraux, d’insectes, une riche bibliothèque, et cultivait dans ses jardins plus de 3,000 espèces de plantes rares. Nous citerons de lui : Démonstrations élémentaires de botanique (Lyon, 1766-1773, 2 vol.), souvent rééditées ; Voyage au mont Pilât dans la province du Lyonnais (Avignon, 1770) ; Chloris lugdnnensis (Lyon, 1785, in-S°), contenant la description d’un grand nombre de mousses et de champignons, etc.

LATRADE (Louis Chassaignac de), homme politique français, né à Sauvebœuf (Dordogne) en lsn. En sortant de l’École polytechnique Ç1833), il prit part aux luttes du parti républicain contre le gouvernement de Louis-Philippe, fut impliqué dans divers procès politiques, puis devint un des rédacteurs du National. Nommé, après la révolution de février 1848, commissaire du gouvernement provisoire dans la Gironde, il se démit peu après de ces fonctions pour passer au même titre dans la Dordogne. Lors des élections pour la Constituante, il fut élu à la fois représentant du peuple dans la Dordogne et dans la Corrèze, et il opta pour ce dernier département. Dans cette Assemblée, M. Latrade devint membre du comité de l’intérieur et des travaux publics, fit partie du groupe des républicains de la nuance du National, appuya la politique de Cavaignac, vota contre les deux Chambres, pour la diminution de l’impôt du sel, pour le droit au travail, contre la loi sur les clubs, etc. Réélu dans la Corrèze à l’Assemblée législative, M. Latrade se rapprocha alors de la Montagne, fit l’opposition la plus vive à la politique de l’Élysée, vota contre l’expédition de Rome, pour la mise en-accusation du ministère, fit partie des représentants qui signèrent l’appel au peuple, à la suite duquel eut lieu le mouvement du 13 juin 1849, vota contre la loi du 31 mai qui mutilait le suffrage universel et, après l’attentat du 2 décembre 1851, fut compris sur la liste des proscrits. Après avoir passé quelque temps en Belgique, M. Latrade se rendit en Espagne, où il fut employé, comme ingénieur, à l’établissement de plusieurs voies ferrées. Dans les dernières années de l’Empire, il revint en France et alla habiter la Corrèze. Après la révolution du 4 septembre 1870, le gouvernement de la Défense le nomma préfet de ce département, fonctions qu’il remplit jusqu’à la fin da la guerre. Lors des élections complémentaires du 27 avril 1873, les électeurs de la Corrèze ont nommé M. Latrade député à l’Assemblée nationale par 38,000 voix contre 19,000 données au candidat monarchique.

Lnlrnn (rALAIS ET ÉGLISE DE SAINT-JEAN

de), à Rome. Une ancienne et riche famille de Rome, celle des Laterani, possédait dans

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cette ville, sur le mont Cœlius, une vaste suite de bâtiments qui entouraient une grande place. L’un des membres de cette famille, Plautius Laterunus, y lit bâtir un superbe palais, qui excita la convoitise do l’empereur. Par un procédé familier aux princes de sa race, Néron fit accuser Lateninus de trahison, le fit décapiter et s’empara de ses biens. Plus tard, l’empereur Constantin céda le palais des Laterani et la basilique constantinienne, qu’il avait fondée auprès de ce palais, au pape Sylvestre Ier (vers 324). En 1114, le pape Luce II consacra cette église au culte de saint Jean-Baptiste et de saint Jean l’Evangôliste, et elle prit dès lors le nom de Saint-Jean. La palais fut habité par les évêques de Rome jusqu’au schisme d Avignon ; mais, à leur retour à Rome, ils préférèrent le séjour du Vatican à celui de Latran. Toutefois, l’église qu’ils avaient bâtie à côté du palais, sur l’emplacement d’une ancienne chapelle construite au mo siècle, resta l’église principale de Rome, même après la construction de Saint-Pierre, et elle est encore aujourd’hui considérée comme la cathédrale de l’univers catholique..Le pape seul peut célébrer la messe sur sou maitre-autel, qui contient un autre autel en bois, sur lequel, d’après la tradition, le prince des apôtres aurait dit la messe, et qui contient aussi les têtes des apôtres Pierre et Paul.

La basilique de Latran est un immense édifice rectangulaire, dont la façade principale, construite par Galilei de Florence(1730-1740), est formée de cinq arcades qui atteignent le sommet de l’édifice et sont séparées par des pilastres à chapiteaux composites. Cette façade est surmontée des statues colossales des douze apôtres et de celle du Christ tenant sa croix. La porte centrale est en bronze antique, et passe pour avoir appartenu à la basilique Almilia. La dernière porte à droite, dite la porte sainte, est habituellement murée et ne s’ouvre qu’en temps de jubilé.

À l’intérieur, l’immensité de la nef, longue de près de 120 mètres et large de 54 mètres, l’immense plafond sculpté et doré donnent a cet édifice un aspect tout à fait original. Saint-Jean de Latran rappelle plutôt la forme des basiliques païennes que celle des édifices de même nom affectés au culte chrétien. Construite dès le règne de Constantin, elle fut en partie détruite par un incendie au Xiv» siècle, et fut entièrement restaurée, presque reconstruite, de 1644 à 1667, d’après les plans de Borromini.

L’église de Latran possède quelques objets remarquables : le maitre-autel, l’autel du Saint-Sacrement, le tombeau de Martin V, la chapelle des Corsini, par Galilei, les statues colossales des douze apôtres, celles de Constantin et de Henri IV, roi de France, etc. On y montre deux sièges percés, en marbre rouge, qui, d’après les uns, auraient servi autrefois à s’assurer du sexe du pape, pendant la cérémonie de l’intronisation, pour éviter l’erreur commise une fois à propos da la papesse Jeanne, et, selon d’autres, proviendraient des thermes de Caracalla. Mais alors que font-ils dans une église ? Quoi qu’il en soit, l’usage veut encore, de nos jours, que le pape, après son élection, se rende à cheval à Saint-Jean de Latran. C’est aussi du haut du balcon qui décore la façade que le saint-père donne sa bénédiction urbi et orbi. Le baptistère contient une vaste cuve de porphyre à. couvercle de bronze, qui paraît être d’uno haute antiquité. Au milieu de la place de Saint-Jean de Latran s’élève un magnifique obélisque en granit rouge, apporté a Rome au temps de l’empereur Constance, retrouvé en 1587, et érigé par Fontana. Il a une hauteur de 33 mètres, non compris la base et le piédestal.

Le palais actuel, converti en musée public par Grégoire XVI, fut construit par Fontana. 11 contient l’escalier saint, formé de 28 marches de marbre blanc, et qui provient, dit-on, du palais de Pilate à Jérusalem. On ne le monte qu’à genoux, et les marches en sont en grand partie usées par l’active piété des dévots.

Mais ce qui fait surtout la célébrité de la basilique de Latran, ce sont les douze conciles qui s’y sont tenus, et dont cinq ou six sont œcuméniques. Nous allons rappeler succinctement les travaux de ces diverses assemblées. 649. Sous le pape saint Martin. Condamnation du monothélisme.

864. Sous Nicolas Ier. Excommunication de Rodoalde de Porto, légat à Constantinople.

1105. Sous Pascal II. Condamnation de divers prélats qui avaient embrassé le parti des princes dans la querelle des investitures.

1112. Sous Pascal II. Révocation du droit d’investiture que le pape avait reconnu à l’empereur, tandis qu’il était détenu prisonnier entre ses mains.

1U6.. Sous Pascal II. Nouveaux décrets contre les investitures par les princes laïques. 1123. Neuvième concile œcuménique, sous Calixtell. Excommunication des princes qui, ayant pris et quitté la croix, ne la reprendraient pas.

1139. Dixième concile œcuménique, sous Innocent II.-Excommunication des partisans des investitures laïques. Condamnation des tournois, du manichéisme, des doctrines d’Arnaud de Bresse.

1167. Sous Alexandre III. Excommunication de l’empereur d’Allemagne. 1179. Onzième concile oecuménique, sous

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Alexandre III. On y fit vingt-sept canons, dont le premier donne ou confirme aux cardinaux le droit exclusifd’élire le papa et fixa aux deux tiers le nombre ries voix nécessaire. Condamnation de la simonie.

1215. Douzième concile œcuménique, sous Innocent III. Condmnnatioji des doctrines des ■ manichéens, des albigeois et des vaudnis. Défense d’établir de nouveaux ordres religieux.

1512. Sous Jules II et Léon X. Mise du royaume de France en interdit. Condamnation de la pragmatique sanction. Certains théologiens font de cette assemblée-un concile œcuménique.

LATRÉAUMONT (N. DE), aventurier et conspirateur, né vers 1630, mort en 1674. La biographie de cet homme étrange, qu’un roman d’Eugène Sue a rendu célèbre, fait pénétrer quelque jour dans les ténèbres qui ont enveloppé toutes les conspirations tramées sous Louis XIV, etdont l’histoire, en l’absence de documents positifs, a été obligée de ne pas tenir compta. Celle où trempa Latréaumont, s’étant dénouée par sa mort et par le supplice de ceux qui l’avaient aidé, a reçu une publicité relative, et elle est mieux connue que les autres. Les chevalier de Latréaumont, fils de Du Hamel do Latréaumont, conseiller à la chambre des comptes de Rouen, suivit la carrière militaire et fut d’abord un brillant officier. Il menait la vie à grandes guides et faisait des dettes énormes ; à bout de ressources, il conçut un projet aussi criminel qu’insensé : celui de livrer Quillebeuf, à prix d’urgent, aux Hollandais, et de soulever la Normandie, pour les en rendre plus facilement maîtres. Il se mit, dans ce but, en rapport avec un certain Van den Ende, maître d’école hollandais, qui se trouvait alors à Paris, et affilia à son complot le chevalier des Préaux, son neveu, une dame de Bordeville, et, comme il lui fallait de plus hauts personnages, il parvint à guigner le chevalier Louis de Rohan, gentilhomme obéré, à qui il fit promettre par la Hollande une somme considérable, 100,000 écus. Une conspiration analogue, tramée à l’instigation do l’Espagne, devait éclater dans le Midi.

On a voulu donner à ces obscures intrigues un caractère républicain ; il est incontestable que le mot de république fut prononcé, pour soulever les paysans normands exaspérés par les épouvantables misères que la guerre de Hollande avait attirées sur eux, et las d’un despotisme qui leur causait tant de maux. Mais, parmi les meneurs, ni Latréaumont, ni Rohan, ces deux nobles ruinés et réduits aux expédients, ne pouvaient être sincères ; tout au plus pourrait-on admettre que le Hollandais Van den Ende était de bonne foi, mais ce n’était qu’un agent en sousordre. On trouva, paraît-il, dans ses papiers, des statuts républicains rédigés, par précaution, en langue latine. Quoi qu’il en soit, le fil de cette conjuration fut saisi, à Londres, par l’ambassadeur français ; des papiers trouvés sur des officiers hollandais et espagnols, à Senef, achevèrent de donnerl’éveil, etlorsque la flotte hollandaise se présenta, au jour convenu, devant Quillebeuf, elle y trouva la gouvernement français sur ses gardes. Une seconde tentative de débarquement, tentée quelques jours plus tard, fut également infructueuse. Le roi envoya à Rouen le capitaine de ses gardes, M. de Brissac, pour se saisir de Latréaumont, Quand on pénétra chez lui, l’aventurier, qui, du reste, était d’une forte trempe et d’une grande bravoure, essaya de faire résistance ; il faillit tuer Brissac d’un coup de pistolet ; un des gardes retendit roide mort en lui déchargeant son mousqueton en pleine poitrine. De La Ilodde, dans son Règne de Louis XI V, et le marquis de La Fare, dans ses Mémoires (Conservateur, avril 1758), ont donné sur cette conspiration et sur ses deux chefs, Latréaumont et Rohan, les quelques détails que nous venons de résumer.

Lnirénumoni, roman d’Eugène Sue (1838). Le romancier populaire a dramatisé avec un grand talent les données que lui fournissaient les mémoires du temps sur la conspiration dont nous venons Je parler. Comme c’était son droit, il a modifié quelque peu les caractères, sans beaucoup altérer la traîne même des événements. Il a fait de Latréuuiuoiit un assemblage de brutalité, de courage féroce, d’insolence, de fatuité, de dépravation, et placé tout cela dans un corps de géant ; tous ces instincts ignobles sont exprimés par des traits durs et farouches. Le maître d’école Afiinius Van den Ende a été transformé en un philosophe célèbre, homme froid, sceptique, aimant la société comme philanthrope, fermant les yeux à toutes les réalités pour ne voir que ses rêves. I ! aspire à une république, ’la prêche publiquement, et fait goûter ses idées par une foule de jeunes gens accourus de l’Allemagne pour l’entendre. Latréaumont éblouit Affinius en lui exposant ses projets, et en obtient tous les moyens d’arriver à son but. C’est Affinius qui décida l’ambassadeur d’Espagne a accorder l’appui d’une Hotte et un secours de 2 millions pour opérer un soulèvement en Normandie. Quant au chevalier de Kohan, l’auteur n’a eu qu’à le prendre tel qu’il était. It le met en rivalité d’amour avec Louis XIV. qui, par dépit, lui retire sa charge de grand veneur ; Rohan, déshonoré, abandonne la