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succès. Aussi resta-t-il co qu’il était à son entrée an théâtre. Peut-être aussi notre ténor venait-il quarante ans trop tô’t ; on n’avait point encore songé h foire de l’ut de poitrine une merveille ; l’ut de Lavigne ou plutôt son sonnait merveilleusement. Ce chanteur transposait la plupart des airs de son répertoire de la province, tels que 0 Richard, ô mon roi ! etc., pour les dire un ton plus haut. Quel trésor pour l’Opéra-Franconi de ce temps-ci ! Après de brillants débuts, Lavigne avait quitté brusquement l’Opéra, espérant qu’on ly rappellerait a de meilleures conditions. Dans son humeur gasconne, il pensait que nul acteur n’oserait entreprendre de chanter après lui les rôles d’Achille et de Fernand Cortez. Le héros fugitif parcourut les départements ; fatigué bientôt de ces pérégrinations de troubadour, il voulut rentrer à l’Académie de musique, qui lui ouvrit ses portes, lorsque Achille eut montré plus de modestie dans son caractère et dans ses prétentions. Lavigne reparut aux applaudissements du public, qui l’accueillit d’une manière très-flatteuse. Ceci se passait en 1819. Lavigne choisit pour sa rentrée un rôle que ses rivaux n’avaient point joué pendant son absence, ce môme rôle d’Achille d’Iphigënie en Aulide, dans lequel il excellait. « Aucun acteur n’a poussé la témérité jusqu’à se charger de ce rôle pendant ma tournée, se dit-il ; mon retour trappe de terreur tous ceux qui pourraient me le disputer, c’est le moment de ressaisir mon empire sur la direction. » Et voilà le présomptueux artiste, bien infatué de son propre mérite, qui dresse un plan de campagne destiné à amener le directeur de 1 Opéra à capituler. Iphigénia était affichée... Achille rentre dans sa tente, se met au lit et refuse le combat annoncé, après avoir noiiflé à l’état major de l’Opéra une maladie plus ou moins imaginaire. Grand embarras du directeur ; le public, ayant retrouvé son Achille, ne voudrait point, sans doute, renoncer à l’un de ses opéras favoris. Voilà justement sur quoi notre Méridional avait compté. Malheureusement pour lui, au moment où l’on allait changer le spectacle annoncé, un jeune élève du Conservatoire, admis à l’Académie depuis peu de temps, et qui n’avait encore obtenu de succès que dans les rôles d’amoureux d’une expression douce et tendre, Lecomte, se présenta vaillamment, remplaça le prétendu malade et remporta une victoire éclatante. Lavigne quitta encore une fois l’Opéra, considérant comme son plus grand ennemi le directeur de l’Opéra, ce même Persuis qui avait facilité-ses premiers pas dans la carrière. Lavigne avait trouvé une protectrice en la personne de la reine Hortense, qui avait remarqué son talent agréable. Contemporain de Lays, de Nourrit père, de M1"* Branchu, on cite, parmi ses plus importantes interprétations, la Vestale, Fernand Cartes, le Triomphe de Trajan. Retiré depuis longtemps de la scène, une paralysie affligea les derniers jours de cet acteur, à qui il ne manqua pour briller davantage qu un peu de modestie.

LAVIGNE (Paul), critique musical. V. Loquin (Anatole).

LA VIGNE DE FRÉCHEVILLE (Claude de), médecin, né à Paris en !C95, mort dans la même ville en 1758. Il était petit-neveu d’Anne de La Vigne et neveu do l’abbé Fleury, qu’il aida dans ses recherches pour la composition des derniers volumes de 1 Histoire ecclésiastique. La Vigne se lit recevoir docteur en médecine (1719), devint médecin du roi (1725), puis médecin ordinaire de la reine (1729), et acquit une grande réputation comme praticien. Il a laissé plusieurs ouvrages restés manuscrits : Traité particulier des fièvres ; Physique du corps humain ; Traité des maladies.

LAVIGNON s. m. (la-vi-gnon ; gn mil.). Moll. Nom donné à divers mollusques bivalves, des genres bucarde, lutraire, trigonelle, venus, etc. Il On dit aussi lavagnon.

LA VILLE (Léonard vu), littérateur français, né à Charolles. Il vivait au xvic siècle et exerça à Lyon la profession do maître d’école. Il publia, entre autres ouvrages : Complainte et quérimunie de l’Église à son époux Jésus-Christ (Lyon, 1507, in-S0)- ; Traité de la prédestination contre Calvin (Lyon, 1507, in-S») ; Dacrigélasie spirituelle du roi Charles IX (Lyon, 1572).

LAV1LLE (Pierre de), sieur de Dombasle, écrivain fiançais, né dans la seconde moitié du xvic siècle. Il passa en Suède et accompagna, en 1610, l’armée de secours que cette puissance envoya à Moscou pour soutenir le czar, Vussili Chouïski, attaqué par le faux Dmittï et par les Polonais. On a de lui : Discours sommaire de ce qui est arrivé en Moscovie depuis le règne d’Ivan Wassitiwich, empereur, jusqu’à Vassili Chouïski, intéressant ouvrage qui a été publié pour la première fois par Louis Paris avec la Chronique de Nestor (Paris, 1834), et qui a été traduit en russe (1841).

LA VILLE DE MIRMONT (Alexandre-Jean-Joseph dis), littérateur et poète français, né à Versailles en 1783, mort à Paris en 1845. A l’âge de seize ans, il composa un poëme intitulé : ÏMéroïde, et, vers cette époque, M. de Talleyrand l’attacha au ministère des affaires étrangères, comme élève de première classe. Tout en étudiant les auteurs qui

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avaient écrit, sur la diplomatie, le jeune La Ville continuait à s’adonner à la poésie et fit représenter avec succès, à Bordeaux, en 1813, une tragédie en cinq actes, Artaxerce, oui fut reprise à l’Odéon en 1820. Vers la fin de l’Empire, le jeune diplomate fut attaché à une légation d’Allemagne. Après la seconde Restauration, grâce à la protection de Martignac et de Laîné, qu’il avait connus à Bordeaux, il devint successivement chef de division au ministère de l’intérieur (1816), inspecteur général des prisons, secrétaire de la présidence du conseil des ministres dans le cabinet Richelieu (1321), et enfin maître des reqaêtes au conseil d’État. Tout en remplissant ces diverses fonctions, il continuait à écrire pour le théâtre. Ce fut lui, dit-on, qui composa le discours prononcé à l’ouverture des chambres par Louis XVIII le 5 novembre 1821. Parmi ses nombreuses pièces, qui ont été réunies sous le titre il’Œuvres dramatiques (Paris, 1846, i vol. in-S°), nous citerons : la Saint-Georges, vaudeville en un acte, avec Martignac (Bordeaux, 1814, in-8o) ; Childéric Ver, tragédie en trois actes (Bordeaux, 1815, in-8u) ; Alexandre et Apelle, comédie en un acte (Paris, 1820, in-8o) ; le Folliculaire, comédie en cinq actes et en vers (Paris, 1820, in-S°), quieut un vifsuccès, et dans laquelle il attaque avec vigueur les jeunes gens qui se font journalistes comme on se fait chapelier ; Charles VI, tragédie en cinq actes (Paris, 1826, in-8o), proscrite par la censure ; l'Intrigue et l’Amour, drame en cinq actes et en vers, d’après Schiller (1826, in-S») ; Une journée d’élection, comédie en trois actes et en vers (Paris, 1827, in-8») ; le Vieux mari, comédie en trois actes et en vers (Paris, 1830, in-8o) ; les Intrigants, comédie en cinq actes et en vers (Paris, 1831, in-S°) ; l’Emeute de viHaye, comédie (1831, in-8o) ; Observations sur les maisons de détention (Paris, 1833, in-8o) ; le Libéré, tableau dramatique en cinq actes et en vers (Paris, 1S35, in-S°), qui valut à l’auteur un prix de 3,000 fr. de l’Académie ; l’A» dix-neuf cent vingt-huit, scènes en vers (Paris, 1841, in-8o), etc.

LA VILLEG1LLE (Paul-Arthur Nouail de), archéologue, né à Paris en 1803. Il servit comme officier d’état-major, puis donna sa démission et se livra à des travaux d’archéologie. M. de La Villegille est membre de la Société des antiquaires, qu’il a présidée à diverses reprises, secrétaire du comité des travaux historiques et membre d’autres sociétés savantes. Outre de nombreux Rapports, Mémoires, etc., on lui doit : Anciennes fourches patibulaires de IU ont faucon (Paris, 1836, in-8") ; Esquisse pittoresque du département de l’Indre (Paris, 1853). Il a édité le Journal historique et anecdotique du règne de Louii XIV (1847-1854, 3 vol. in-go), d’après les manuscrits de l’avocat Barbier, et publié, avec Taranne, les Procès-verbaux des séances du comité historique (1850, in-8o).

LAVlLLEHEURNO1S(Charles-HonoréBERthelot de), maître des requêtes sous le règne de Louis XVI, né à Toulon vers 1750, mort en 1799. Il organisa, sous le Directoire, une conspiration dont la découverte fit grand bruit. Elle avait pour but le rétablissement des Bourbons ; pour moyen, l’embauchage des soldats "et un vaste système de chouannerie. La Villeheurnois, condamné k un an de réclusion, et déporté à la suite du 18 fructidor, mourut à Sinnamary.

LA V1LLEMARQUÉ (Théodore - Claude-Henri Hkrsart, vicomte de), érudit et philologue français, né à Quimperlé en 1815. Ancien élève de l’École des chartes, il a été chargé, en 1838 et 1855, de missions en Angleterre. Il a fait une étude toute particulière de la langue et de la littérature bretonne, et il est devenu correspondant de l’Académie de Berlin en 1851, puis membre libre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1S5S. Collaborateur de la Bretagne ancienne et moderne et du Dictionnaire françaiS-breton, de Legonidec, qu’il a publié après la mort do cet écrivain (1857, in-4o), M. de La Villemarqué a acquis une grande notoriété par ses intéressantes publications. Nous citerons particulièrement : Essai sur l’histoire de la langue bretonne (183 ?, in-8o) ; Darzas-Breiz (Paris, 1839, 2 vol. in-S°), recueil de poésies populaires avec la traduction française, des notes et les mélodies originales, lequel a été couronné par l’Académie ; Contes populaires des anciens Bretons, précédés d’un Essai sur l’origine des épopées chevaleresques de la Table ronde (Paris, 1842, 2 vol. in-8o} ; Nouvelle grammaire bretonne 1849, in-su) ; Poème des bardes bretons du vi« siècle (Paris, 1850, in-8o), avec traduction française ; Notices sur les principaux manuscrits des anciens Bretons, avec fac-similé (1856, in-8o) ; la Légende celtique en Irlande, en Cambrie et en Bretagne (1859, in-lS) ; Myrdhinn ou Y Enchanteur Merlin (1861, in-8o) ; le Grand mystère de Jésus (1865, in-8o), drame breton, suivi d’une étude sur le théâtre chez les nations celtiques, etc.

LAVIIîAL, ALE adj. (la-vi-nal, a-le). Antiq. rom. Se disait d’un des flammes : Ou ne sait point quelle était la divinité au culte de laquelle présidait le flamine lavinal.

LAVINE s. f. (la-vi-ne— rad. laver). Géol. Nom donné aux terrains amollis par les pluies, dans le voisinage des sources et des rivières.

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LAVINIE, fille de Latinus, roi du Latium, et de la reine Amata, C’est un personnage entièrement fictif, imaginé par les Romains lorsqu’ils éprouvèrent le besoin de créer des ancêtres à leur race. Elle était promise a Turnus, un prince voisin, lorsque l’arrivée d’Enée et des Troyens en Italie changea les résolutions de son père. Le fils d’Anchise la lui ayant demandée en mariage, pour resserrer leur alliance, il la lui accorda, malgré sa mère. Celle-ci enleva Lavinie et la cacha dans les forêts, tandis que Turnus la disputait aux Troyens sur les champs de bataille. La folie d’Amata, soulevant toutes les mères du Latium et les transformant en bacchantes effrénées, pour la défense de sa frlle, a fourni à Virgile une des plus belles pages de l’Enéide, Lavinie fut le prix du vainqueur et devint l’épouse d’Enée. Après la mort du héros, craignant la haine du jeune Ascagne, fils de son mari, elle se réfugia encore dans les bois, et y mit au monde un enfant qui, par allusion au lieu de sa naissance, fut appelé Sylvius.

Virgile et Ovide ont chanté Lavinie en beaux vers ; elle appartient, en effet, à la poésie, et nullement à l’histoire.

LAVIN1EN, IENNE s. et adj. (la-vi-niain, iè-ne). Géogr. ano. Habitant de Lavinium, qui appartient à Lavinium ou à ses habitants : Les Laviniens. La population laviniunne.

LAVINIUM, ville de l’Italie ancienne, dans le Latium, près de Laurente, à environ 26 kilom. S. de Rome, sur une éminence. C’est de là que sortit la colonie à laquelle Albe dut sa fondation. Cette ville, fondée, dit-on, par Enée en l’honneur de sa femme Lavinie, fut ruinée, au ixe et au xe siècle, par les Sarrasins, et n’est plus aujourd’hui que le village de Patrica.

LAVINJ (Giuseppe, comte), poète et théologien italien, né dans la marche d’Ancône en 1721, mort en 1793. Après avoir passé son. doctorat en théologie et en philosophie, il devint successivement chanoine à Osimo, à Fano, et recteur du collège de Hongrie à Rome. Ses principaux ouvrages sont : Discorsi sagri (1750, in-8o) ; Rime fdosofiche e varie (1750, in-8o) ; Lezioni sacre e morali suU’epistolaIa di san Paolo (1769-1778, 5 vol.) ; Lezioni sacre e morali sid lihro degli Atti apostolici (-4 vol.) ; Prediche (1788).

LAVINUS ("SVenceslas)", dont le nom s’écrit aussi I.aviiiîu» et Loviiiue, gentilhomme de Moravie qui s’occupa, durant le xvii : siècle, de science hermétique. Il a laissé un ouvrage assez curieux, intitulé : Tractatus de cœlo terrestri ou Cœlum /errosfi’e (Marbourg, 1612, in-8o), qui a été inséré dans le Theatrum chymicum britannicum, et dans la Bibliotheca cliymica de Salmon. Pierre Morel, dans son Catalogue des auteurs alchimiques, attribue à cet alchimiste un autre ouvrage intitulé : De gemmis et occullis naturs miraculis. (V. Histoire de la philosophie hermétique, de Lenglet-Dufresnoy.)

LA VIOLETTE (Joseph Duchesne de), célèbre médecin français. V. QubrcetanuS.

LAVIQUE adj. (la-vi-ke — rad. lave). Miner. Qui a le caractère des laves : Il explique les tremblements de terre, qui seraient le résultat périodique des marées de l’océan lavique intérieur. (L. Figuier.)

LA V1ROTTE (Louis-Anne), médecin français, né à Nolay, près d’Autun, en 1725, mort à Paris en 1759. Venu dans cette ville pour y exercer son art, il collabora au Journal des savants, devint censeur royal, puis fut attaché comme médecin à l’armée de Westphalie et à l’hôpital de la Charité. On lui doit : Observations sur une hydrophobie spontanée, suivie de la rage (1757, in-12), et plusieurs bonnes traductions d’ouvrages anglais et latins.

LAVIS s, m. (la-vi — rad. laver). Manière de colorier ou d’ombrer un dessin au pinceau, en délayant l’encre ou les couleurs dans l’eau : Dessin au lavis. De toutes les manières de faire des dessins, le lavis est la plus expèditice. (De Quincy). il Dessin exécuté de cette manière : Faire un lavis. La gravure à la manière noire imite les lavis.

— Encycl. Le lavis consiste à teinter un dessin au trait, soit pour donner aux objets leur véritable couleur, soit surtout pour figurer les ombres que l’on observerait sur les corps naturels. Le lavis se fait au moyen de l’encre de Chine et de couleurs délayées dans l’eau, que l’on applique avec le pinceau ; souvent on ne fait usage que de l’encre de Chine ou de la sépia colorée. L’exécution du lavis demande de la part du dessinateur une connaissance de la partie de la géométrie descriptive qui traite de la recherche des ombres naturelles ou portées des corps, de3 points brillants, des lignes brillantes, ainsi que de la manière dont une teinte doit être appliquée sur le papier pour qu’elléproduise l’effet voulu. Dans la pratique du dessin, on admet que la source lumineuse est située à l’infini, et que l’observateur se trouve aussi à une distance infinie. Il en résulte que tous les rayons lumineuxsont parallèles entre eux ; d’ailleurs, celui qui est normal à la surface détermine le point le mieux éclairé, et le point brillant est celui pour lequel le rayon réfléchi est parallèle à la direction constante allant à l’observateur ; ce rayon réfléchi est perpendiculaire au plan vertical ou au plan horizontal, selon qu’il s’agit de la projection verti LAVI

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cale ou de la projection horizontale du corps éclairé. La source lumineuse et l’observateur étant supposés à l’infini, si la surface est courbe en tous sens, connue celle de la sphère ou de l’ellipsoïde, il n’y a qu’un seul point mieux éclairé que tous les autres, et un seul point brillant ; mais si la surface est engendrée par une droite, comme celle du cylindre ou du cône, le point brillant devient une ligne brillante, qui est une génératrice de la surface. Dans certains cas, aucun rayon lumineux n’est normal à la surface, comme

ceia arrive pour un cylindre vertical ; alors la génératrice la mieux éclairée est encore déterminée par les rayons.lumineux passant par l’axe. De même, la ligne brillante peut ne l’être que relativement ; ninsij pour le cylindre vertical, un rayon réfléchi par la ligne brillante devant être horizontal, comme la normale au cylindre est aussi horizontale, il faudrait que le rayon lumineux le fût également, ce qui est contraire à l’hypothèse qu’on fait habituellement sur sa direction, et qui consiste à admettre que les rayons lumineux arrivent inclinés de haut en bas, de gauche à droite et de l’arrière à l’avant du spectateur, dans la direction de la diagonale d’un cube dont une face serait parallèle au plan horizontal et une autre au plan vertical.

Dans le lavis, il faut considérer : 1° la lumière directe, qui est transmise sans intermédiaire du corps lumineux à l’objet éclairé ; 20 la lumière réfléchie, qui est celle que les corps éclairés renvoient aux corps environnants. Les surfaces reçoivent d’autant mieux la lumière réfléchie qu’elles sont plus opposées à la lumière directe ; ainsi, une surface privée de lumière directe doit être d’autant moins foncée qu’elle se rapprochera davantage de la normale au rayon lumineux ; 3° l’ombre, qui est propre ou portée selon qu’elle est produite sur la portion de la surface d’un corps privé de lumière directe, ou qu’elle est produite par un corps sur la surface d’un autre corps.

Outre ces considérations de lumière et d’ombre, il y a certuines règles à suivre pour la pose des teintes d’ombre, plates ou fondues, et des demi-teintes. Pour préparer une teinte, on frotte légèrement le bout du bâton d’encre de Chine dans un godet bien lavé, et contenant un peu d’eau pure ; puis, avec le pinceau, on mêle bien 1 encre et l’eau. La teinte ainsi obtenue est, en général, trop foncée ; on la ramène au ton voulu en y ajoutant avec le pinceau la quantité d’enu nécessaire, et en agitant de nouveau ; ordinairement, cette seconde opération se fait dans un second godet, afin de réserver la teinte primitive pour préparer toutes les autres. Pour poser une teinte, on trempe le pinceau dans la teinte, jusqu’à ce qu’il en soit imbibé suffisamment, puis on commence par l’angle de gauche supérieur de l’espace que doit couvrir la teinte, en faisant suivra exactement au pinceau une petite étendue de la limite supérieure, puis de la limite de gauche, et l’on recouvre la partie ainsi bordée sur deux côtés en lui donnant h peu près la forme rectangulaire, et l’on continue ainsi jusqu’à l’angle droit inférieur de la teinte. Il peut arriver que l’on fasse des taches ou des bavochures ; les premières, qui sont blanches ou noires, sont produites par un papier gras ou de mauvaise qualité ; poulles faire disparaître, il suffit de passer dessus, légèrement et à plusieurs reprises, la pointe du pinceau, seulement humide de teinte, afin que le raccord sèche sans cerner à son contour. Quant aux secondes, on ne peut les atténuer qu’en épongeant la teinte tout entière pour I affaiblir en recommençant le travail après avoir laissé sécher le papier. Les bavochures sont les petites franges inégales qui dépassent les limites de la teinte ; on les fait disparaître lors de la pose do cette dernière, en les repoussant vivement vers la teinte avec le bout <iu doigt, qui l’efface et sèche le papier. Une teinte fondue est une teinte que l’on étend fort loin avec le pinceau à l’eau. One teinte adoucie est celle dont on étend les bords avec le pinceau à l’eau immédiatement après l’avoir posée, pour l’amener de son ton naturel à celui du papier. La dégradation d’une teinte s’obtient à l’aide d’une série de teintes plates superposées et mises en retraite l’une sur l’autre, ou à l’aide de teintes fondues. Dans un lavis fait avec goût, on applique ordinairement ces deux modes de dégradation ; mais, avec les teintes plates, on fait mieux et surtout plus géométriquement sentir la forme des corps. Il serait trop long de rapporter ici les méthodes à employer pour laver tous les corps géométriques, soit en tenant compte seulement de leur ombre propre, soit en indiquant leur ombre portée. Nous nous contenterons, dans ce qui va suivre, d’indiquer la manière de procéder pour le prisme, le cylindre, le cône et la sphère.

Lavis d’un prisme. La direction du rayon lumineux sur le plan horizontal indique qu’en élévation l’arête ua’ est la ligne de séparation d’ombre et de lumière, et que la face abb’a' est seule dans l’ombre ; on la couvre d’une teinte plate, grise, dite teinte d’ébauche. Quand la teinte d’ébauche est sèche, on divise abb’a’ en un certain nombre de parties égales, qu’on limite par des lignes verticales et parallèles à b¥. Dans 1 espace compris entre a et c, on pose une seconde couche