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à des travaux littéraires, et fit représenter plusieurs pièces qui eurent assez de succès. En 1788. Leblanc, bien qu’à peu près dénué de ressources, refusa une pension du gouvernement ; mais, en 1795, il accepta de la Convention un secours de 2,000 francs. Peu de temps après, il fut nommé professeur de langues anciennes à l’École centrale de la rue Saint-Antoine, et devint, en 1798, membre de l’Institut. On lui doit les ouvrages suivants : Mémoires du comte de Guines, roman d’amour qui ne manque pas d’intérêt ; l’Heureux événement, comédie en trois actes et en vers (1763) ; Manco-Capac, tragédie en cinq actes, qui fut représentée en 1763, reprise en 1782 et alors imprimée. On y trouve de nobles sentiments, des attaques d’une grande hardiesse contre le despotisme, mais peu d’intérêt, et le style est fréquemment emphatique et bizarre. C'est à cette pièce qu’appartient ce vers, souvent cité comme un modèle de cacophonie :

Crois-tu de ce forfait Manco-Capac capable ?

Mentionnons encore : les Druides, tragédie en cinq actes, jouée en 1772, mais défendue après sa douzième représentation, sur la demande de l’archevêque de Paris ; Albert Ier ou Adeline, comédie héroïque en trois actes, jouée seulement en 1775 ; le Lit de justice (1774, in-8o) ; Discours en vers sur la nécessité du dramatique et du pathétique en tout genre de poésie (1783, in-8o) ; Virginie, tragédie qui ne fut pas représentée (1786, in-8o) ; De la nature des choses, traduction eu vers du poème de Lucrèce (1788-1791, 2 vol. in-8o) ; le Clergé dévoilé ou les États généraux de 1303, tragédie non représentée (1791, in-8o) ; Tarquin ou la Royauté abolie, tragédie (1794, in-8o), etc.

LEBLANC DE PRÉBOIS (François), homme politique et publiciste français, né à Yverdun, canton de Vaud, en Suisse, en 1804. Élève de l’École de Saint-Cyr (1822-1824), il entra dans l’état-major, prit part à l’expédition d’Alger en 1830, reçut le grade de capitaine en 1832, et fit une étude particulière de l’état de l’Algérie, Tombé en disgrâce et rappelé en France pour avoir, dans divers écrits, demandé rétablissement d’un gouvernement civil dans notre colonie africaine et l’assimilation complète de l’Algérie à la France, M. Leblanc de Prébois fonda à Paris un journal (1843), dans lequel il s’attacha à vulgariser ses idées sur ce sujet. Après la chute de Louis-Philippe, il se présenta, comme candidat républicain à 1 Assemblée constituante, dans la colonie dont il avait défendu les intérêts, et y fut nommé représentant du peuple. Mais, peu fidèle à sa profession de foi, M, Leblanc vota presque constamment avec les membres de la droite, appuya la politique réactionnaire du président Louis Bonaparte et ne fut pas réélu à l’Assemblée législative. Promu chef d’escadron en 1851, il a été mis depuis lors à la retraite. Nous citerons de lui : Nécessité de substituer le gouvernement civil au gouverneinent militaire (1840, in-8o) ; Conditions essentielles du progrès en Algérie (1840, in-8o) ; l’Algérie prise au sérieux (1842, in-8o) ; les Départements algériens (1844, in-S°) ; Réorganisation de l’armée et de ta solde (1848), etc.

— Sa sœur, Adèle Leblanc de Prébois, dame Regnault, a cultivé les lettres et s’est fait connaître par des romans et par des pièces de théâtre. Parmi les premiers, nous citerons : Trèfle à quatre feuilles (1839) ; Amour et dévouement (1842) ; parmi ses œuvres dramatiques, nous mentionnerons : Une femme charmante (1840) ; les Infidélités conjugales (1850) ; Marion (1851) ; Cliien et chat (1852) ; Ben Salvm (1858) ; une Pécheresse (1860).

LE BLOND (Jean), seigneur de BraNVillë, poète normand, surnommé Eaperant mieux,

né à Evreux. Il vivait au xvio siècle, écrivit contre Clément Marot, alors exilé à Ferrare, plusieurs épUres inspirées par l’esprit d’intolérance et remplies de vers extravagants, et publia un recueil de poésies intitulé : le Printemps de l’humble Espérant (1536, in-4o). Jean Le Blond a traduit les ou v rages suivants : Faits et gestes mémorables de Valère le Grand (Paris, 1548, in-fol.) ; les Chroniques de Jean Carion (Paris, 1548) ; la Description de l’île d’Utopie de Thomas Morus (Paris, 1550) ; la Police humaine de François Patrice, touchant la République, etc.

LEBLOND ouLEBLON (Michel), orfèvre et graveur allemand, né à Francfort-sur-le-Mein, mort en 1656. Il eut de son temps la réputation, non-seulement d’un artiste de talent, mais encore d’un homme éloquent et d’un négociateur habile, car il fut chargé de différentes missions en Angleterre et auprès de plusieurs cours du Nord. Parmi les travaux, que l’on doit à son burin et qui sont ordinairement signés Alicbaei Biondui, nous citerons : Saint Jérôme ; Figures dansantes (1612) ; une Noce (1615) ; diverses Armoiries ; suite de Manches de couteaux, etc. Il a laissé aussi des Ornements et feuillages pour les armoiries, ainsi que des fruits et des fleurs (1616),

LEBLOND ou LEBLON (Jacques-Christophe), peintre et graveur allemand, parent du précèdent, né à Francfort-sur-le-Mein en 1670, mort en 1741. Après avoir étudié quelque temps la peinture dans sa ville natale, il se rendit à Home à l’âge de vingt-cinq ans, et alla, en 1696, se fixer à Amsterdam, où il exécuta un grand nombre de miniatures, remarquables par une vigueur de ton que l’on

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rencontre rarement dans les œuvres de ce genre. Forcé par l’affaiblissement de sa vue de renoncer à la miniature, Leblond aborda avec succès la peinture à l’huile. Quelque temps après, il chercha à obtenir par la gravure des planches coloriées. Il y parvint, et partit pour l’Angleterre où il espérait trouver plus facilement à exploiter son procédé ; mais le manque de fonds lit échouer son entreprise. Il se lança alors dans l’industrie, et créa une manufacture de tapisserie qui ne put prospérer. Enfin, après plusieurs autres essais infructueux, il se retira à Paris, où il mourut à l’hôpital. Parmi ses gravures, les collectionneurs recherchent surtout : les Portraits de Louis XV, du Prince Eugène, du Cardinal Fleury, de Van Dyck, du Moi George II et de la Reine son épouse, des Trois enfants du roi Charles Ier vus à mi-corps, d’après Van Dyck ; puis trois portraits de grandeur naturelle, ceux de Carondelet, d’après Raphaël, de RubenSj d’après Van Dyck, et d’un Seigneur vénitien, d’après le Titien ; la Fuite en Égypte, le Christ au tombeau et la Vénus couchée, d’après le Titien ; Cupidon façonnant son arc, d’après le Corrége ; Sainte Madeleine avec une tète de mort, d après un maître inconnu, etc. On doit aussi à Leblond un ouvrage qui est aujourd’hui une véritable rareté bibliographique ; il a pour titre : Il colorito ou VHarmonie du coloris dans la nature, réduite à des principes infaillibles et à la pratique mécanique (Londres, 1730, in-4o, avec 5 planches), en anglais et en français.

LEBLOND (Jean-Baptiste-Alexandre), architecte, né à Paris en 1679, mort en Russie en 1719. Il reçut des leçons de Le Nôtre et fut chargé de la construction de plusieurs hôtels à Paris, notamment de l’hôtel de Clermont ; mais, réduit à la misère par suite de l’irrégularité de sa conduite, il alla chercher fortune en Russie, et fut bientôt en faveur auprès de Pierre le Grand, qui le nomma sen architecte. Leblond a laissé un Traité de la théorie et de la pratique du jardinage, et a fourni des additions au Cours et au Dictionnaire d’architecture, de d’Aviler.

LEBLOND (Guillaume), mathématicien français, né à Paris en 1704, mort en 1781. Professeur de mathématiques des pages.de la

grande écurie du roi (1736), puis des Enfants de France (1751), il conserva cet emploi jusqu’en 1778, époque où il devint secrétaire du cabinet de Madame Victoire. On lui doit les. ouvrages suivants, qui ont tous été traduits en langue allemande : Essai sur la castramétation (1748, in-8o) ; Éléments de tactique (1753, in-4o) ; Artillerie raisonnes contenant l’usage des différentes bouches à feu (1761, in-s0^ ; Y Arithmétique et la géométrie de l’officier (1768, 2 vol. in-8o) ; 'Traité de l’attaque des places (1780, in-8o) ; Éléments de fortification (1786, in-8"). Il a, en outre, donné des éditions des Mémoires d’artillerie de Saint-Remy et de la Géométrie de Sauveur, et écrit l’article Art militaire dans l’Encyclopédie.

LEBLOND (Gaspard-Michel), archéologue français, né à Coen en 1738, mort à Laigle en 1S09. Il se fit prêtre, alla habiter Paris et obtint, en 1772, l’emploi de bibliothécaire adjoint du collège Mazurin. Des prix qu’il remporta à l’Académie des inscriptions, pour des dissertations ou mémoires scientifiques sur l’antiquité, lui valurent d’être nommé membre de cette compagnie en 1772. Au début de la Révolution, Leblond fit partie de la commission des arts, fut chargé du dépouillement des archives et des bibliothèques qui avaient appartenu à des communautés religieuses, et, grâce à ses soins, la bibliothèque JVlazarine s’enrichit de près de 50,000 volumes. En 1791, Leblond devint conservateur de cet établissement. Après avoir été député au Corps législatif de 1799 à 1802, il se retira à Laigle (Urne), où il termina ses jours. Il avait brûlé tous ses manuscrits dans un accès do délire produit par une fièvre violente. Sans parler des nombreux mémoires publiés par l’abbé Leblond dans le Recueil de l’Académie des inscriptions, on a de cet érudit : Description des principales pierres gravées du cabinet du duc d’Orléans (Paris, 1780-1785, 2 vol. in-fol.) ; Mémoire pour servir à la révolution Opérée dans la musique par le chevalier Gluck (Paris, 1781, in-8o) ; Observations présentées au comité des monnaies, sous le nom de Dupré, graveur. On s’accorde à penser que Leblond prit part à la publication de l’Origine de tous les cultes deDupuis, et qu’il fut l’éditeur du recueil des Monuments des douze Césars.

LEBLOND (Jean-Baptiste), naturaliste et voyageur français, né à Toulongeon en 1747, mort en 1815. De très-bonne heure, il s’adonna à l’étude des sciences naturelles, alla à dix-neuf ans explorer les Antilles, fat nommé, en 1767, commissaire du roi à fa Guyane pour y faire des recherches sur le quinquina, visita les principaux États de l’Amérique centrale, une grande partie du Pérou et forma une importante collection d’objets d’histoire naturelle. En 1802, Leblond quitta l’Amérique, où il avait passé tant d’années, et revint en France, où il termina sa vie. Outre un certain nombre de mémoires, insérés dans les Annales du Muséum d’histoire naturelle, dans le Recueil de l’Académie des sciences, etc., on lui doit : Essai sur l’art de l’indigotier (1791) ; Moyens de faire disparaître les abus et les effets de la mendicité par l’émigration volontaire

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à la Guyane française (in-s°) ; Observations sur le cannellierde la Guyane (1795) ; Observations sur la fièvre jaune et les maladies des tropiques (1805, in-8o) ;. Voyages aux Antilles et à l’Amériaue méridionale (1813, in-8o) ; Description abrégée de la Guyane française (isu, in-8<>}, etc.

LEBLOND (Auguste-Savinien), mathématicien et naturaliste français, né à Paris en 1760, mort dans la même ville en 1811. Il était petit-neveu du mathématicien Guillaume Leblond et employé au cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale. On cite, parmi ses ouvrages : le Portefeuille des enfants, recueil intéressant de figures d’animaux, de fleurs, de fruits, de costumes, etc. (Paris, 1784, et ann. suiv., 24 cahiers, in-4o) ; Livret du portefeuille des enfants (Paris, 1798, 2 vol. in-18), réimpression du texte de l’ouvrage précédent ; Sur ta fixation d’une mesure et d’un poids (1791, in-8o) ; Sur le système monétaire (1798, in-8») ; Cadrans logarithmiques adaptés aux poids et mesures (1799, in-8o) ; Notice historique sur la vie et les ouvrages de Montucla (1800) ; Dictionnaire abrégé des hommes célèbres de l’antiquité et des temps modernes (1S02, 2 vol. in-12), etc.

LEBLOND (Désiré-Médéric), magistrat et homme politique, né à Paris en 1812. Après avoir étudié le droit, il se fit inscrire au barreau de Paris en 1833, fut assez longtemps le secrétaire du célèbre Merlin, de Douai, et ne tarda pas à se faire remarquer comme avocat. Démocrate convaincu, il parut avec éclat sur le banc de la défense dans plusieurs procès politiques, notamment en plaidant pour les journaux républicains l’Atelier et la Revue nationale, et devint le conseil de différentes sociétés ouvrières. Nommé substitut du procureur général près la cour d’appel de Paris, immédiatement après la révolution de Février, il fut élu peu après, par le département de la Marne, à l’Assemblée constituante, où il siégea parmi les républicains modérés, soutint la politique de Cavaignac, et demanda que le droit de nommer un président appartînt exclusivement à l’Assemblée. N’ayant pas été réélu à la Législative, il reprit sa.proiession d’avocat à Paris, fut élu membre du conseil de son ordre, et devint un des membres du conseil de surveillance du Siècle. En 1869, il se présenta, mais sans succès, comme candidat de l’opposition au Corps législatif dans la Marne. Après la révolution qui renversa l’Empire (4 sept. 1870), le gouvernement de la Défense nationale appela au poste de procureur général près la cour d’appel de Paris M. Leblond, qui, — par son éloquence, par l’élévation de son caractère, par sa fidélité aux idées libérales et aux principes républicains, s’était placé dans les premiers rangs au barreau de la capitale. Lors des élections générales du 8 février 1871, les électeurs de la Marne l’envoyèrent siéger à l’Assemblée nationale. M. Leblond prit place à gauche dans les rangs des républicains, vota pour les préliminaires de paix, la proposition Rivet, le

retour de l’Assemblée à Paris, le traité douanier, contre l’abrogation des lois d’exil des d’Orléans, la validation de l’élection de ces princes, le pouvoir constituant de l’Assemblée, le maintien des traités de commerce, et soutint la politique de M. Thiers comme devant amener l’affermissement de la République. A plusieurs reprises, il a pris la parole, notamment pour s opposer à la rentrée des princes d’Orléans (8 juin 1871)7 au sujet de la loi sur la magistrature (22 lévrier 1872), etc. Le 20 septembre 1871, M. Leblond donna sa démission de procureur général et fut remplacé par M. lmgarde de Leffemberg. Dans l’exercice de ces hautes fonctions, il s’était montré modeste, libéral, bienveillant, désintéressé, dévoué à la j ustice, ennemi des abus, et avait su réformer, sans manquer à aucun ménagement légitime, les hommes et les choses dont il avait la direction.

LEBLOND DE SAINT-MARTIN (Nicolas-François), jurisconsulte français, né à Château-Thierry eu 1748, mort on ne sait à quelle

époque. Il était avocat au parlement et fut membre des Académies de Caen et de Dijon. On a de lui une édition à’Horace (Orléans, 1767, in-12) ; une traduction des Œuvres de Virgile (1783, 3 vol. in-8o) ; Mémoire sur le partage et les défrichements des communes de l’Artois, et Idées d’un citoyen sur la municipalité ou la Commune gouvernée par ellemême (1790, in-8o).

LEBNA, ville de la Palestine ancienne. V. Labana.

LEBO, rivière de l’Amérique du Sud, dans la république du Chili, territoire des Araucans. Elle prend sa source a.environ sokilom. de la Nouvelle-Conception, coule au S.-O. et se jette dans le grand Océan austral, par 370 56’ de latit. S., après un cours do 90 kiloin.

LEBOBE (Auguste-Stanislas), magistrat et homme politique français, né à Couiliy (Seineet-Marne) en 1790, mort en 1858. Arrivé à

Paris comme employé de commerce, il devint bientôt, grâce à son travail et à son intelligence des affaires, l’un des premiers

négociants de la capitale, fut élu successivement juge (1832) et président (1841) du tribunal de commerce, et c’est à ses efforts que l’on dut l’adoption par les syndics de faillites d’un règlement à la fois plus avantageux pour les intérêts des créanciers et pour la dignité du syndicat. Eu 1842, il fut élu dé LEBŒ

puté de l’arrondissement de Meaux et siégea a, l’Assemblée parmi les conservateurs jusqu’en 1848, époque où il renonça à la vie publique.

LEBŒUF (Edmond), maréchal de France, né à Paris en 1809. Élève de l’École polytechnique (1826-1829), puis de l’École d’artillerie de Metz, il devint capitaine en 1837, passa alors en Afrique, prit part au siège de Constantine, au combat de l’Oued-Lalleg, aux expéditions de Médéah et de Milianah, et fut promu chef d’escadron d’artillerie en 1846. De retour en France, M. Lebœuf reçut le commandement en second de l’École polytechnique (1846-1850), et fut promu colonel

en 1852. Nommé chef d’état-major de l’artillerie de l’armée d’Orient’en 1854, il se rendit en Crimée, reçut cette même année lesépaulettes de général de brigade, commanda, en 1855, l’artillerie du 1er corps chargé des travaux du siège de Sébastopol. Commandant de l’artillerie de la garde en 1856, M. Lebœuf fut attaché cette même année à l’ambassade extraordinaire de de Morny en Russie. De retour en France, il devint général de division (1858). Lorsque éclata la guerre d’Italie, il reçut le commandement en chef de l’artillerie (1859). Ce fut à ce titre qu’il expérimenta pour la première foi3 les canons

rayés, et il contribua puissamment au succès de la bataille de Solferino. Pour lui témoigner sa satisfaction, le chef de l’État le nomma son aide de camp et grand officier de la Légion d’honneur (1859). Président du comité d’artillerie en 1864, il devint, cette môme année, inspecteur général de l’École polytechnique et du premier arrondissement d’artillerie. En 1866, il se rendit à Venise, en qualité de commissaire, pour recevoir de 1 empereur d’Autriche la cession de la Vènétie et remettre cette province à Victor-Emmanuel. Deux ans plus tard, il commanda

le camp de Châlons, et fut mis, au commencement de l’année suivante (1869), à la tête du 6e corps d’arnîée, à Toulouse.

Le général Lebœuf occupait ce poste lorsque, le maréchal Niel étant venu à mourir, il lui succéda comme ministre de la guerre (21 août 1869). Le 27 décembre de la même année, il donna sa démission avec tous ses collègues ; mais son portefeuille lui fut conservé lorsque, le 2 janvier 1870, M. Emile OUivier forma un nouveau cabinet. A plusieurs reprises, il prit la parole au Corps législatif pour y traiter des questions concernant son ministère. Dans la séance du

23 mars 1870, abordant la question politique, au sujet de la gurde mobile, il prononça ces paroles : « Je suis peut-être de tous les ministres le moins autorisé à traiter cette question à la tribune. Ma seule politique la voici : c’est d’être toujours prêt... Quanta me mêler de la paix et de la guerrej cela ne me regarde pas. Si la guerre arrive, je dois être prêt ; tel est mon devoir et je le remplirai. » Ce langage, qui devait avoir une si funeste influence sur nos destinées, en faisant croire à la nation que nous avions une armée en état d’entrer immédiatement en campagne si des éventualités de guerre se présentaient, ce langage fut vivement applaudi et, dès le lendemain, M. Lebœuf était nommé maréchal de France. Trois mois plus tard, la candidature du prince de llohenzollern au trône d’Espagne faisait naître entre la France et la Prusse un conflit diplomatique qui devait amener une effroyable guerre. Appelé à rendre compte à une commission du Corps législatif del’état de nos armements et de notre armée, le maréchal Lebœuf n’hésita point à dire ; « Nous sommes prêts, tellement prêts que la guerre pourrait durer deux ans, sans que nous eussions besoin d’acheter même un bouton de guêtre. ■ Peu de jours après, le 19 juillet 1870, la rupture était définitive entre ces deux pays, et on en appelait au sort des armes. Ce même jour, M. Lebœuf était nommé major général de l’armée du Rhin et remplacé au ministère de la guerre par le général Dejean. Les désastres de Reischshotfen et de Forbach (6 et 7 août), qui suivirent une longue et pénible entrée en campagne, montrèrent à la fois au pays à quel point la guerre était mal conduite et de quelles illusions on avait bercé la nation en lui présentant comme un modèle notre organisation militaire et l’état de nos engins de guerre. De telles clameurs s’élevèrent alors contre l’impèritie du maréchal Lebœuf, que, le 12 août, il fut destitué de ses fonctions de major général. Il resta attaché à l’état-major de Bazaine, lorsque Napoléon III alla rejoindre à Chàlons l’armée de Mac-Mahon. Le général Decaen, qui commandait le 30 corps, ayant été mortellement blessé lors de la bataille de Borny (14 août), le maréchal Lebœuf fut appelé à lui succéder. Sentant à quel point il avait été coupable par ses affirmations insensées, il essaya d’atténuer sa faute en se battant avec le plus grand courage, en se portant, par une affectation de témérité, les jours de combat, aux points les plus dangereux et en cherchant la mort. Usa distingua notamment lors- de la bataille de Mars-la-Tour, le 16 août, et à l’affaire de Noiseville, le 30 août. Deux jours auparavant, Bazaine ayant réuni les chefs de corps pour leur demander des conseils, une seule voix s’éleva pour conseiller de marcher en avant et de faire une trouée immédiate, c’était celle du maréchal Lebœuf. Après l’inqualifiable capitulation signée par Bazaine le 27 octo*