Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 1, L-Leo.djvu/374

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articulations dénotent une grande puissance ; cependant l’épaule est droite, les paturons courts et chargés de crins, les tendons un peu faibles. Entre Lannion et Saint-Malo, dans les Côtes-du-Nord, on trouve une variété de la race de Léon qui se distingue surtout par une taille moins élevée, qui peut varier de 1m,48 à 1m,58. La tête est carrée, belle et expressive, le chanfrein droit ou un peu camus, l’encolure forte et gracieuse, le garrot un peu bas, la croupe tant soit peu avalée, mais arrondie, musculeuse, généralement double, la poitrine profonde, le poitrail ouvert et bien musclé ; les épaules sont musculeuses, mais toujours un peu droites, les membres forts, secs, nerveux, avec des aplombs parfaits, les jarrets larges et bien détachés, les genoux un peu effacés, les tendons fortement dessinés. Cette variété de la race de Léon produit des animaux dont la physionomie respire tout à la fois la douceur du caractère et l’énergie, la résistance à la fatigue. Les allures sont un peu courtes, mais vives et faciles. La constitution serait excellente, n’était la fluxion périodique à laquelle les chevaux de la race de Léon sont très-sujets. Les jeunes poulains ne séjournent guère plus de six mois dans le lieu de leur naissance. Lorsqu’ils ont atteint cet âge, ils passent du département du Finistère dans celui des Côtes-du-Nord où d’Ille-et-Vilaine, puis dans le Perche et la Beauce, pour de là être disséminés dans toute la France. Les femelles restent dans le pays jusqu’à l’âge de quatre ans. À cette époque elles passent dans le Midi et surtout dans le Poitou, où elles sont utilisées pour les besoins de l’industrie mulassière.


LÉON DE CARACAS, ville de l’Amérique du Sud. V. Caracas.


LÉON ou MANAGUA, lac de l’Amérique centrale (Nicaragua), à 16 kilom. N.-O. du lac de ce nom, auquel il communique par le canal navigable nommé Rio-Lipitapa. Il a 60 kilom. de longueur sur 28 kilom. dans sa plus grande largeur, et n’est qu’à 40 kilom. du grand Océan équinoxial, et à 9 kilom. de la Testa, rivière qui se jette dans cet océan. On dit qu’il est assez profond pour recevoir les plus grands vaisseaux.


LÉON, surnommé l’Académique, philosophe grec, né, suivant l’opinion générale, à Héraclée dans le IVe siècle avant J.-C, et qu’on croit avoir été élève de Platon. Divers écrivains de l’antiquité lui ont attribué un dialogue portant pour titre Alcyon, et traitant de la puissance de la divinité dans ses œuvres. Ce dialogue a été également attribué à Platon et à Lucien.


LÉON DE BYZANCE, rhéteur et historien grec, qui vivait dans le ive siècle avant J.-C. Disciple de Platon suivant les uns, d’Aristote suivant les autres, il fut chargé, par ses compatriotes qui avaient pu constater plusieurs fois ses talents politiques, d’une ambassade auprès des Athéniens et de Philippe de Macédoine. Sa mort est diversement racontée : d’après Hésychius, il mourut pendant le siège de Byzance ; d’après Suidas, Philippe, désespérant de se rendre maître de la ville tant que Léon serait à la tête du gouvernement, fit répandre par des émissaires le bruit que le philosophe lui avait promis de livrer sa patrie moyennant une forte somme d’argent.. Les habitants exaspérés coururent en foule à la maison de Léon, qui se pendit pour éviter la colère de la populace. Les ouvrages de Léon de Byzance, dont quelques titres ont été cités par les contemporains, sont tous perdus.


LÉON D’ÉGYPTE, mythographe grec, qu’on croit avoir vécu dans le IVe siècle avant J.-C. Arnobe, Hygin, Clément d’Alexandrie, Tertullien parlent de Léon sans donner aucun détail sur sa personnalité. Toutefois, on peut affirmer une chose qui semble certifier l’existence de ce personnage, c’est que dans les premiers siècles de l’ère chrétienne circulaient, sous le nom de Léon l’Égyptien ou Léon de Pella, des ouvrages exposant des doctrines semblables à celles d’Évémère.


LÉON (saint), archevêque de Sens, mort vers 547. Il n’est guère connu que par ses débats avec Childebert Ier, roi de Paris, au sujet de la prétention de ce dernier d’ériger en évêché la ville de Melun, débats dans lesquels le prélat triompha du monarque. On célèbre sa fête le 22 avril.


LÉON Ier (saint), dit le Grand, pape, né à Rome vers 390, mort en 461. Dans un voyage qu’il fit en Afrique pour porter les lettres du pape Zozime, qui condamnaient Pelage, il se lia avec saint Augustin, puis il revint à Rome, gagna la confiance de Célestin Ier, qui l’ordonna diacre, et devint le premier ministre de ce pontife. Léon avait été envoyé dans les Gaules pour réconcilier les généraux Aétius et Albin lorsque, Sixte III étant mort, il fut, bien que simple diacre, élu pape en 440. Il s’attacha à rétablir la discipline et l’unité dans l’Église, mais il persécuta les manichéens et les pélagiens, ce qui lui fait moins d’honneur, détruisit les libertés de l’Église des Gaules et approuva les actes du concile de Chalcédoine (451), sauf celui qui donnait au siège de Constantinople des prérogatives l’égalant au siège de Rome. En 452, au moment où le farouche Attila marchait sur Rome, il alla au-devant de lui, et parvint par son éloquence à obtenir du Fléau de Dieu qu’il s’éloignât de l’Italie. Il fut moins heureux avec Genséric et ses Vandales, qui ravagèrent la ville éternelle (455). On attribue à ce pontife la suppression de la confession publique, remplacée par la confession secrète, l’extension du célibat aux sous-diacres, l’établissement des rogations et des quatre-temps, etc. D’après les anciens auteurs, le pape Léon, vers la fin de sa vie, ayant donné sa main à baiser à une femme d’une grande beauté, éprouva une émotion charnelle dont il voulut se punir en se coupant la main. C’est alors que s’introduisit l’usage de baiser les pieds du pape. Ajoutons, d’après la légende, que la sainte Vierge intervint miraculeusement et remit en parfait état le membre mutilé du pontife. L’Église honore saint Léon le 11 avril. On a de lui 141 lettres, 96 sermons, un code des anciens canons, un traité sur la vocation des gentils. Ses œuvres ont été publiées sous le titre d’Opera omnia (Rome, 1753-1755, 3 vol. in-fol.), et rééditées depuis. L’abbé de Bellegarde a donné une traduction française de ses Sermons (Paris, 1701).

Léon arrêtant Attila (SAINT), fresque de Raphaël, dans la Chambre d’Héliodore, au Vatican. Le roi des Huns est arrêté dans sa marche vers Rome par l’apparition de saint Pierre et de saint Paul, patrons de la ville sainte, descendus du ciel à la prière du pape saint Léon. Le souverain pontife, revêtu de ses insignes, est assis sur une haquenée blanche dont un écuyer tient la bride ; il est accompagné de deux cardinaux en robe rouge, montés sur des mules, et de deux officiers de sa maison, portant l’un une croix, l’autre une massue. La dignité du pape et de son cortège contraste avec les attitudes violentes et les expressions effarées d’Attila et de sa suite, qui occupent la droite de la composition. Le roi barbare, qu’on a quelque peine à distinguer au milieu de son entourage, est monté sur un cheval noir tacheté de blanc, qu’un gros écuyer tient par la bride ; il regarde avec effroi les deux saints qui semblent fondre sur lui, du haut du ciel, l’épée à la main. Deux soldats précèdent Attila et lui montrent le pape. À côté de lui est un cavalier coiffé d’une sorte de casque orné de plumes. Plus à droite, deux chefs barbares, armés de lances, cherchent à maîtriser leurs chevaux impatients et fougueux : l’un est revêtu d’une cotte de mailles d’acier, l’autre d’une armure d’écailles d’or. Au fond, les soldats barbares sortent d’un défilé et commencent à se débander. Un paysage simple et grandiose encadre cette scène : vers la gauche s’étend la campagne romaine, si majestueuse et si sublime dans sa tristesse ; dans le lointain apparaissent les murailles de Rome ; des palais, des maisons et le Colisée couronnent le tout.

Raphaél a donné à saint Léon les traits de Léon X. Toutes les figures du cortège pontifical semblent être des portraits ; on a même cru reconnaître dans le porteur de massue le Pérugin, mais cette opinion n’est pas fondée. On a prétendu aussi fort gratuitement qu’Attila avait été représenté par l’artiste sous les traits de Louis XII, roi de France. On ne saurait douter toutefois que le sujet ait été choisi pour faire allusion à la sortie des Français hors d’Italie, sous le règne de Léon X. Ce qui rend cette supposition admissible, c’est que le poème latin de Gyraldus, publié par Roscoë, fut composé alors pour célébrer la retraite des Français, sous l’allégorie de l’expulsion des Huns. Passavant, qui a fait cette remarque, apprécie ainsi l’œuvre de Raphaël : « L’exécution de cette fresque est, en général, de la main même du maître. Cependant le groupe du pape et de sa suite est d’un dessin bien plus fin et mieux senti, d’une couleur plus vigoureuse et plus transparente que la partie du tableau consacrée au groupe d’Attila et de ses Huns. Néanmoins toute cette peinture est harmonieuse dans son ensemble comme dans ses détails. »

Le Saint Léon arrêtant Attila a été gravé par F. Aquila, S. Bernard, L. Collignon, A. Banzo, Volpato, G. Mochetti, Pietro Anderloni, Fr. Giangiacomo, etc. Une belle copie de cette fresque se voit au musée Européen, à Paris.


LÉON II (saint), pape de 682 à 683, né à Cedelle, dans l’Abruzze. Il succéda à Agathon, s’empressa d’approuver les actes du concile œcuménique de Constantinople, qu’il traduisit lui-même en latin pour les répandre dans tout l’Occident, anathématisa un de ses prédécesseurs, le pape Honorius, comme hérétique, et soutint avec fermeté ses droits contre l’exarque de Ravenne. Ce pontife perfectionna le chant grégorien et institua, dit-on, la cérémonie de l’aspersion de l’eau bénite sur le peuple. La Collection des conciles contient cinq lettres de lui. L’Église célèbre sa fête le 28 juin.


LÉON III, pape, né à Rome, mort en 816. Il était prêtre dans sa ville natale lorsque, à la mort d’Adrien Ier, il fut élu souverain pontife en 795. Victime d’un complot ourdi par ses compétiteurs, il fut enlevé en 799 et enfermé dans un monastère. Il parvint à s’échapper et se réfugia en France ; Charlemagne l’accueillit, le rétablit peu après sur son siège, et Léon III signala sa reconnaissance en posant sur la tête de Charlemagne la couronne impériale (800). Il mourut honoré de tous pour sa charité et la pureté de ses mœurs. On a de lui treize lettres insérées dans la Collection des conciles, de Labbe. C’est à tort qu’on lui a attribué l’Enchiridion Leonis papae.

Léon III (LA JUSTIFICATION ou LE SERMENT DE), fresque de Raphaël, dans la Chambre de l’Incendie du Bourg, au Vatican. La scène se passe dans la basilique de Saint-Pierre, où un synode s’est réuni sur l’ordre de Charlemagne pour juger le pape Léon III, accusé par le neveu de son prédécesseur Adrien Ier. Le pontife, debout devant l’autel, pose les mains sur le livre de l’Évangile et prend le ciel à témoin de son innocence. Des diacres écartent les pans de son manteau, et un jeune prêtre, derrière lui, porte la triple couronne. À gauche, dans le fond, Charlemagne est assis sur un siège isolé. En arrière sont des évêques portant leurs mitres à la main. Sur les degrés de l’autel se tiennent des gardes et des porteurs de massue en costume du XVIe siècle.

Raphaël a donné au pape les traits de Léon X. « Cette fresque, qui offre plutôt un sujet d’apparat qu’un sujet d’action, dit Passavant, est d’un aspect peu attrayant, quoiqu’elle soit, dans son ordonnance, complètement digne du maître. L’exécution semble avoir été confiée à un de ses élèves (quelques auteurs désignent le Fattore) ; mais cette peinture a beaucoup souffert ; elle a été souvent retouchée, et en outre elle est mal éclairée. Il est donc très-difficile de la juger. » Elle a été gravée par Pietro Aquila, par Aloisius Fabri, etc.

Une autre fresque de Raphaël, dans la Chambre de l’Incendie du Bourg, représente Léon III couronnant Charlemagne empereur, composition dans laquelle le pontife a encore les traits de Léon X, et Charlemagne ceux de François Ier. V. Charlemagne (couronnement de).


LÉON IV, pape, né à Rome, mort en 855, Élu en 847, après la mort de Sergius, il travailla à l’embellissement de Rome, y fit construire un nouveau quartier qu’il appela cité Léonine, et mit les États de l’Église à l’abri des incursions sarrasines. C’est après lui qu’on place la papesse Jeanne.

Léon IV vainqueur des Sarrasins, ou la Défaite des Sarrasins à Ostie, fresque de Raphaël, dans la Chambre de l’Incendie du Bourg, au Vatican. Le pape, en grand costume, assis sur un siège que supporte un débris d’architecture antique, lève les yeux et les mains vers le ciel, pour le remercier de la victoire. Il est entouré de divers personnages. Des soldats amènent des prisonniers et les forcent à se prosterner devant le chef de l’Église. Vers la droite, un guerrier coiffé d’un casque saisit aux cheveux et menace de son épée un Sarrasin qui a les mains liées derrière le dos et qui sort d’une barque. Un autre soldat prend par la barbe un prisonnier, D’autres captifs sont garrottés et couchés par terre. Dans le lointain, le combat continue sur les vaisseaux et dans le port. Une procession de chrétiens, précédée d’un porte-croix, sort de la ville pour venir féliciter le pape.

Raphaël a donné au souverain pontife les traits de Léon X. Parmi les personnages qui sont derrière lui, on reconnaît le cardinal Jules de Médicis et le cardinal da Bibiena. « Cette peinture, dit Passavant, a beaucoup souffert du voisinage d’une cheminée ; elle a d’ailleurs été fortement repeinte, ce qui fait que l’on serait fortement en peine de formuler un jugement tant sur son exécution que sur son aspect primitif. » Selon Titti, cette fresque aurait été exécutée d’après les dessins de Raphaël par Gaudenzio Ferrari, mais cette supposition ne repose sur aucun document contemporain.

La Victoire de Léon IV a été gravée par un élève de Marc-Antoine, par N. Morant et L. Dorigny (1673), par Ph. Thomassin, G. Audran, Fr. Aquila, Al. Fabri, Friquet (eau-forte), etc.


LÉON V, pape, né à Ardée, mort en 903. Bénédictin et cardinal, il remplaça Benoît IV sur le trône pontifical en 903, mais il fut renversé un mois après par le prêtre Christophe, son protégé et son chapelain, qui lui succéda et le fit mourir en prison.


LÉON VI, pape, né à Rome, mort en 929. Il succéda à Jean VI en 928, régna sept mois et cinq jours, et ne fit rien de remarquable.


LÉON VII, pape, né à Rome. Il succéda à Jean XI et régna de 936 939. Il défendit le mariage des prêtres, réforma la discipline des bénédictins, et rétablit la paix entre la roi de Lombardie Uga et son gendre Albéric, duc de Spolète. On a de lui quelques lettres.


LÉON VIII, pape, né à Rome, mort en 965. Les Romains, exaspérés par les infâmes débauches du pape Jean XII, demandèrent à l’empereur Othon d’y mettre un terme. Ce prince se rendit à Rome, d’où Jean venait de s’enfuir en emportant une partie des trésors de l’Église, et réunit un concile qui déposa l’indigne pontife, et élut à sa place en 963 le protoscrinaire Léon. Mais bientôt après Jean XII répandit à profusion dans Rome l’argent qu’il avait emporté, suscita des révoltes contre le nouveau pape et, après le départ d’Othon pour l’Allemagne, excita un soulèvement à la suite duquel il remonta sur le trône pontifical. L’empereur, auprès duquel Léon VIII s’était réfugié (964), retourna à Rome. Mais pendant son voyage Jean avait été assassiné, et Benoît V lui avait succédé. Othon rentra à Rome au mois de juin 964, exila Benoît et rétablit Léon, qui mourut quelques mois après.


LÉON IX (saint), pape, né à Dachsbourg (Alsace) en 1002, mort en 1054. Il était fils du comte Brunon et évêque de Toul, lorsque, après la mort du pape Damase II, il fut appelé à la papauté par la diète de Worms, sur la demande de son parent, l’empereur Henri III (1048). D’après les conseils d’Hildebrand, qui lui démontra que son élévation sur le saint-siége était contraire aux canons, Léon IX, à peine arrivé à Rome, réunit une assemblée du clergé et du peuple, et déclara qu’il ne voulait tenir son élection que de leurs libres suffrages. Cette démarche lui concilia tous les esprits et lui valut d’être acclamé souverain pontife (22 février 1049). Il s’occupa alors de porter remède à la dépravation du clergé, sans pouvoir y réussir, et convoqua et présida dans ce but plusieurs conciles, notamment à Reims, à Mayence et à Rome. C’est sous son pontificat que se consomma définitivement le schisme des Grecs. Voulant forcer les Normands établis en Italie à restituer des terres qu’il disait lui appartenir, il marcha contre eux, fut battu et fait prisonnier (1053) ; il ne fut rendu a la liberté qu’un an après, et mourut l’année suivante. Ce pontife avait passé en voyages la plus grande partie de son règne. Il agrandit notablement la suzeraineté temporelle du saint-Siège et reçut de Henri III la souveraineté de Bénévent. Ce fut à son instigation que le concile tenu à Rome en 1051 décida que les femmes qui se prostituaient à des prêtres seraient adjugées comme esclaves au palais de Latran.


LEON X (Jean de Médicis), pape, né à Florence en 1475, mort en 1521. Il était fils de Laurent de Médicis, dit le Magnifique. C’est un des papes les plus célèbres, et l’on a donné le nom de siècle de Léon X à l’époque brillante où il a vécu. Nommé cardinal à l’âge de treize ans, il fut contraint de quitter Florence, par suite de l’invasion de Charles VIII en Italie (1494), et vint se fixer à Rome, où il s’attacha à Jules II, qui lui donna le commandement de Pérouse. Il perdit contre les Français la bataille de Ravenne (1512), fut fait prisonnier, et ne recouvra sa liberté qu’un an après. Il fut élu pape en 1513, et son règne est remarquable entre tous par les événements politiques ou religieux qui s’accomplirent et par le progrès des arts. Il fit la paix avec Louis XII, se déclara plus tard contre François Ier, mais traita avec lui après la bataille de Marignan (1515), Il est vrai qu’en 1521 il se montra de nouveau son ennemi en se liguant avec Charles-Quint. Il achevait à peine de rétablir sa famille à Florence, lorsque la grande hérésie de Luther éclata. On sait que la vente des indulgences en fut l’occasion (1517) [v. Luther] ; ni les anathèmes du saint-siége ni ses excommunications n’en purent arrêter les progrès, et Léon X mourut, pouvant pressentir que ce qu’il avait d’abord considéré comme une dispute de moines était une puissante révolution religieuse. On a reproché à ce pape son faste, sa passion pour la table, et même des habitudes de débauche. La postérité lui tient cependant compte de son goût pour les lettres, les sciences et les arts, et de la protection qu’il accorda aux savants et aux artistes qui illustrèrent son siècle et son règne. Il suffit de citer Raphaël, Michel-Ange, le Corrége, l’Arioste, etc., les magnifiques travaux qui s’exécutèrent à Saint-Pierre et au Vatican, et la fondation de la bibliothèque Laurentienne.

« Léon X, dit Avenel, avait l’humeur enjouée, l’esprit enclin à la bouffonnerie ; il passait, avec une extrême facilité et un plaisir assez visible, des entretiens les plus sérieux aux plaisanteries les plus frivoles, et faisait contraster avec la dignité de ses hautes fonctions les légèretés d’un caractère tout mondain. Il se plaisait aux festins splendides, mais il savait être sobre parmi les délices des tables plantureuses. Il avait montré de bonne heure un goût si violent pour la chasse que les vicissitudes de ce divertissement finirent par influer sur son humeur, et le pape était moins aimable les jours où le chasseur avait été moins adroit ou moins heureux. Aimant avec passion la société des hommes d’élite dont il s’entourait, il encourageait les lettres et les arts autant par l’affectueuse familiarité avec laquelle il accueillait les savants et les artistes que par les largesses dont il les comblait. » Il se délectait dans la lecture de la Mandragore, comédie licencieuse dans laquelle Machiavel a fait une vive peinture des mœurs dissolues des moines, et il avait un goût excessif pour le théâtre, pour les bouffons, auxquels il se mêlait sans scrupule et sans réserve. Comme pape, il chercha à réformer l’Église par les décrets du concile de Latran (1512-1517), remplaça en France la pragmatique sanction par le concordat (1516), et fit conclure à Cambrai en 1517 un traité d’alliance contre les Turcs par les quatre grandes puissances de l’Europe ; mais il commit une faute capitale en ordonnant la prédication des indulgences, dont le produit devait servir à terminer la basilique de Saint-Pierre. Les abus qui en résultèrent portèrent à la puissance des papes un tort irréparable en soulevant contre elle une partie de l’Europe, qui se jeta dans les bras de la Réforme.