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exécuté un grand nombre de tableaux historiques et religieux. Ou y trouve du savoir, une grande habileté de brosse ; mais on y cherche en vain de l’originalité et des qualités nettement accusées. Nous citerons, parmi ses tableaux : le Bon Samaritain ; Saint Paulin de Noie : la Fuite de Lolh ; la Visitation ; Saint Itach ; l’Ambassade de Sully à Londres, etc. On lui doit en outre quelques gravures à l’èau-forte d’après ses propres compositions. Enfin, Lacour a laissé quelques

œuvres littéraires, des fables, des contes, des éphies, des discours, une dissertation sur deux sarcophages antiques (1806).

. LACOUR (Pierre), peintre et archéologue français, fils du précédent, né à Bordeaux. en 1778. Il s’adonna à la peinture, k la gravure, succéda à son père comme professeur et directeur de l’École dépeinture de Bordeaux, et fit une étude toute particulière des monuments antiques, de l’hébreu et des langues anciennes. C’était un homme fort instruit, mais dont les idées étaient souvent paradoxales. Lacour a publié plusieurs ouvrages archéologiques et pittoresques, dans lesquels il a disséminé un grand nombre do ses dessins gravés. Ses compositions, dessinées ou gravées, sont au nombre d’environ huit cents. Nous citerons de lui des notices et des gravures publiées dans le Bulletin polyma(ique(Bordeaux, 1804-1821,17 vol. in-8o) ; les Tombeaux antiques trouvés à Saint-Médard (Bordeaux, 1806, in-fol., avec 7 pi.) ; Monuments de sculpture anciens et modernes, par Lacour et Vauthier (Paris, 1812, in-fol.) ; Croquis fait en traversant le Simplon (Bordeaux, 1824, in-fol., avec 17 pièces) ; Cours complet de dessin (Bordeaux, 1825, in-fol., 32 pi.) ; Mon portefeuille (Bordeaux, 182S, in-4», 144 pièces) ; Souvenirs pittoresques du mont Dore (Bordeaux, 1830, in-fol., avec 50 pièces) ; Altium aulographique (Bordeaux, 1830, iu-4", 51 pièces) ; la Gironde (Bordeaux, 1S33-1834, 3 vol. III-4") ; Croquis d’après iienedetto Mariano (Bordeaux, 1835, in-4o) ; Études sur les vieux maîtres (Bordeaux, 1836, in-fol.) ; Essai sur les hiéroglyphes égyptiens (Bordeaux, 1821) ; Eloïm ou les Dieux de Moïse (Bordeaux, 1826, 2 vol. in-8o, avec 20 dessins lilhogr.) ; Origine chez un peuple noir et africain de la langue hébraïque et du monothéisme hébreu (Bordeaux, 1850, in-8") ; Aperçu extrait d’un travail relatif à l’influence morale et sociale de l’esprit du polythéisme comparée à celle du monothéisme (Bordeaux, 1857, in-8<>).

LA COUR (Edmond de), diplomate français.

V. DliLACOUR.

LACOUR, pseudonyme d’un écrivain ecclésiastique français. V. Jubé (Jacques). LACOURT (m) ou VAN DEN HOVEN, nom

d’une famille hollandaise originaire de Leyde, qui a joué au xvtie siècle un certain rôle dans les luttes entre le stathoudérat et le parti républicain. Nous ne mentionnerons que les plus connus. — Jacques de Lacourt Ut partie de l’Assemblée des états généraux, convoquée après la mort de Guillaume li (1650), et y fit adopter plusieurs mesures importantes. En souvenir de cet événement, il

lit frapper une médaille qui représentait le prince étendu sur la terre avec ces mots en exergue : Vive la liberté. — Pierre-Corneille de Lacourt, petit-fils du précédent, se montra très-hostile au stathoudérat, et se lit connaître par un grand nombre d’ouvrages qui ne manquent pas de mérite, mais dans lesquels il aurait, selon ses adversaires, fait preuve d’une grande partialité. Il eut, dit-on, le célèbre Jean de Witt pour collaborateur à Ma plupart de ses écrits. On a de lui : 1» Balance politique (1660, in-8o) ; la Demande publique (1663. 3 vol. in-8") ; Vintérêt de ta Hollande et les bases de sa prospérité (1669, in-4o) ; Réflexions politiques ; histoire du gouvernement des comtes de Hollande ; Histoire de la dignité de comte héréditaire ; le Gouvernement des statiiouders dans ta Hollande et dans la Frise occidentale, etc. — Emmanuel de Lacourt, cousin du précédent, avec lequel il est souvent confondu, appartint au même parti et écrivit, dans le même sens, un ouvrage intitulé : l’Ancienne liberté batave exclusive du stathoudérat.

LACOURT (Pierre de), agronome hollandais, vraisemblablement de la famille des précédents. Il vivait dans la première moitié du . xvine siècle. C’était un jurisconsulte qui employa ses loisirs à cultiver des plantes. Le premier, il trouva les moyens cl acclimater les ananas en Europe, et il contribua beaucoup aux progrès de l’art du jardinage dans son pays. Au bout de cinquante années d’observations et d’expériences, Pierre de Lacourt publia à Leyde (1737, in-4o, avec 15 planches) un ouvrage plein de détails intéressants, lequel a été traduit en français

sous le litre : Agréments de la campagne ou Remarques sur la construction des maisons de campagne, des jardins avec leurs ornements (Leyde, 1750, in-4" ; Paris, 1752, 3 vol. in-12).

LACOURT (Jean), historien français, né à Reims dans la deuxième moitié du xvii<= siècle, mort en 1730. Il embrassa l’état ecclésiastique, se rendit à Paris où il devint précepteur chez le premier médecin du roi, et, de retour à Reims, il fut nommé chanoine, puis recteur de 1 université. Accusé d’être l’auteur d’épitaphes satiriques contre M. de Mailly, archevêque de Reims, il fut arrêté,

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conduit à la Bastille où il passa six mois, puis exilé durant quelques années à Rouen. L’abbé Lacourt s’était occupé toute sa vie d’études et de recherches d’histoire et d’archéologie ; mais il n’a publié quéquelques

poésies latines et un écrit sur le Culte des saints martyrs de Reims et la procession de la Pompelle (n 13). La bibliothèque de Reims possède de lui en manuscrit plusieurs ouvrages intéressants pour l’histoire de cette ville.

LA COURVÉE (Jean-Claude), médecin français. V. Courvéu.

LACPATJQUE s. f. (la-kpa-ti-ke) — du gr. lakpaleô, je frappe du pied). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétraméres, de la famille des" cycliques, tribu des altises, comprenant deux espèces.

LACRESSONNIÈRE (Louis-Charles-Adrien Lksot de la pENN’iiTERtE, dit), artiste dramatique français, né à chauny (Haute-Marne) le il décembre 1819. Il lit ses études au collège de cette ville et fut placé dans le commerce, qu’il ne tarda pas à abandonner pour s’essayer sur la scène de la Gaîté. Après avoir passé une année au Conservatoire, il joua successivement aux théâtres de Bourges, de Nevers et d’Orléans, fut engagé à Joëlle ville, d’où il passa, en 1842, à l’Ambigu. Eu 1847, il entra au Théâtre-Historique et devint, durant une longue période de succès, l’artiste privilégié de Frédéric Soulié et d’Alexandre D.umas, qui lui confièrent les rôles principaux de leurs ouvrages. Attaché plus lard à la Porte-Saint-Martin, il passa, en 1849, au théâtre de la Gaîté, d’où il sortit momentanément, en 1851 et 1855, pour paraître au Vaudeville et au Cirque. On l’a revu en 1860 à l’Ambigu. Depuis, on l’a tour à tour applaudi sur les théâtres de drame. Les créations qui ont rendu le nom de cet artiste populaire sont principalement celles de Montéolain et de Georges dans la Closerie des Genêts ; de Charles Ier dans les Trois mousquetaires ; de Paul Didier dans les Bohémiens. Son triomphe a- été surtout complet dans le double rôle de Lesurques et de Dubosc du Courrier de Lyon, qu’il a souvent repris avec un égal succès. Citons encore le Père aux écus, et le double personnage de Pascal de La Garde et d’ilanouinan dans la Maison du pont Notre-Dame. En 1864, M. Lacressonnière a créé avec beaucoup de bonheur

les rôles de Siète-lglésias de la Maison du baigneur, et de Gérard des Mohicans de Paris, à la Gaîté, et celui de Baudry des Drames du cabaret, au théâtre de la Porte-Saini-Martin. M. Lacressonnière apporte

beaucoup de conscience et de vérité dans l’interprétation de ses rôles. Il s’est marié en secondes noces avec une actrice de la Gaîté, qui a joué au Châtelet.

LACRESSONNIÈRE (Marie-Marguerite Geiîimer, dame Perrimî, puis dame), actrice française, femme du précédent, née à Lyon eu 1822, morte à Paris le 25 janvier 1859. Elle débuta fort jeune à la scène, parut tour à tour à Chambéry, à Lyon, à Poitiers, à La Rochelle, à Alençou, et fut engagée, en 1842, à Paris, au théâtre de la Gaitc, où elle joua, pour la première fois, dans la Belle écailière. Après un séjour de plusieurs années à Marseille, elle fut appelée k Paris pour l’ouverture du Théâtre-Historique, et épousa, en 1847, M. Lacressonnière, dont elle prit dès lors le nom à la scène. LeTbèàtre-Historique ayant été fermé, elle vint jouer à côté de sou mari à la Gaîté. Plus tard, elle a appartenu au Cirque, à l’Odéon et à l’Ambigu. Ses principales créat.ons ont été : au Théâtre-Historique : la Reine Margot, Monte-Cristo, la Marâtre, Catitina ; à la Gaîté : Molière (rôle de la Béjarl), le Muet de Saint-Ferréol, la Paysanne pervertie, le Château de Crantier, la Mendiante, la Boisiêre, Marie Rose, l’Oncle Tom, la Bonne aventure, les Oiseaux de proie, le Père aux écus ; au Cirque : Marie Stuart en Écosse ; à l’Odéon : la Jeunesse, l’École des ménages ; à l’Ambigu : les Fugitifs. Elle avait repris avec un éclatant succès sur ces diverses scènes : Augèle, Louise du Courrier de Lyon, Marianne, Louise de la Closerie des Genêts, Henriette de France des Mousquetaires, etc. Muie Lacressonnière possédait une physionomie dramatique dans la plus complète acception du mot, une taille élevée et bien prise, un organe harmonieux. Sa diction était simple et vraie. Elle joignait à ces avantages mie distinction naturelle.

LACRETELLE (Pierre-Louis), jurisconsulte et publiciste français, né à Metz en 1751, mort k Paris en 1S24. Fils d’un avocat distingué du parlement de Nancy, il suivit aussi la carrière du barreau et débuta, en 1777, par un plaidoyer en faveur de deux juifs de Metz, à qui l’hôtel de ville et la corporation des marchands de Nancy refusaient des brevets de marchand. Cette cause convenait particulièrement au jeune avocat, qui avait peu de guùt pour les discussions purement judiciaires, et se sentait plutôt attiré vers l’étude des questions d’ordre politique et vers ce que nous appelons aujouru’hui la philosophie de la jurisprudence, . Lacretelle perdit cette première cause devant les juges, mais il la gagna auprès de tous les esprits éclairés, que séuuisirent à la fois le style élégant, l’éloquence pénétrante et la profondeur philosophique des idées que l’on remarquait dans le mémoire publié par lui dans cette circonstance. Dès l’année suivante, Lacretelle se

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rendit à Paris, où il se fit inscrire comme avocat, et devint l’un des rédacteurs du Grand répertoire de jurisprudence. La difficulté qu’il éprouvait à parler en public l’empêcha de se produire souvent au barreau, et il s’occupa à peu près uniquement de rédiger des mémoires dans plusieurs procès importants. Quelques-uns de ces mémoires, entre autres celui qu’il écrivit pour le comte de Sannois, détenu sous le faux prétexte d’aliénation mentale, et celui dans lequel il défendit la liberté du commerce contre les privilèges de la Compagnie des Indes, eurent beaucoup de retentissement. Lié h cette époque avec plusieurs jeunes gens auxquels l’avenir réservait une célébrité pius ou inoins grande, notamment avec Garât, Suard, Ginguené, Fontanes, Pastoret, etc., Lacretelle s’adonna bientôt presque exclusivement k la littérature philosophique, et vit deux de ses écrits couronnés par l’Académie française. Pour le premier, 1 Éloge de Montausier (1781), il n’eut que l’accessit, tandis que Garât obtenait le prix ; l’autre, intitulé : Discours sur le préjugé des peines infamantes, fut couronné, en 1784, par l’Académie de Metz, et obtint, en 1786, de l’Académie française, le prix Montyôn pour l’ouvrage la plus utile aux mœurs. À Metz, Lacretelle avait eu pour concurrent Robespierre, auquel fut décerné le second prix.

Dans l’intervalle, notre lauréat avait fait la connaissance de La Harpe, et était devenu son collaborateur au Mercure de France. Il publia dans ce-journal plusieurs articles qui contribuèrent à accroître sa réputation littéraire et lui ouvrirent les portes des premiers salons de Paris. Là il se lia avec D’Alembert, Condorcet, Mannontel, Saint-Lambert, Turgot et Malesherbes. Ce dernier surtout lui montra la plus grande bienveillance et le recommanda au roi, qui le nomma, en 1787, membre de la commission chargée de préparer les projets de réforme de la législation pénale. Lacretelle fit partie, en 1789, de la première Commune élue par les districts de Paris. Député suppléant aux états généraux, il fut député de Paris à l’Assemblée législative et défendit, avec la minorité, la constitution de 1791. Au club des Feuillants, dont il était membre, il fit adopter pour devise ces mots : La constitution ; toute la constitution ; rien que la constitution ! Ayant voté contre la mise eu accusation de La Fayette, il se vit suspecté de royalisme et quitta Paris après le 10 août. Sous le Directoire, il fut un des jurés de la haute cour nationale, fit partie du Corps législatif de 1801 à 1802, et remplaça La Harpe à l’Institut l’année suivante. En 1817, il devint l’un des rédacteurs de la Minerve française, fondée par Benjamin Constant, Étienne, Jouy, Jay, etc. Deux ans après, il se fit libraire pour pouvoir publier les articles de journaux sous forme de brochures, et s’attira une condamnation à un mois de prison ; mais Louis XV111 le releva de cette peine. Enfin, il fut chancelier trimestriel de l’Académie. Homme de talent et homme de bien, il a com-posé un grand nombre d’ouvrages qui méritent presque tous d’être lus, et’parmi lesquels nous citerons : Essai sur l’éloquence du barreau ; Discours sur ce sujet : Assigner les causes des crimes et donner les moyens de les rendre plus rares et moins funestes (1774, in-S°) ;. Plaidoyers (1775, in-8") ; Discours sur la multiplicité des lois (1778) ; Mélanges de jurisprudence (1779, in-8») ; Sur les fonctions et sur l’amélioration du sort des curés (1782) ; Discours sur le préjugé des peines infamantes (1784, in-8 ?) ; De l’établissement des connaissances humaines et de ^instruction publique dans la constitution française (1791, in-S°) ; Du système du gouvernement pendant la session actuelle et de l’affermissement de la constitution par la préférence de la réélection sur le tirage au sort pour les deux tiers conventionnels (1797, in-S°) ; Sur le 18 brumaire, à Sieyès et à Bonaparte (1799, in-8o) ; Idée sommaire d’un grand travail sur la nécessité, l objet et les avantages de l’instruction, etc. (1800, in-S°) ; Œuvres diverses, Mélanges ’de philosophie et de littérature (1802-1S07, 5 vol. in-8o) ; Fragments politiques et littéraires (1817, in-8o) ; Des parties et des fractions de la prétendue aristocratie d’aujourd’hui (1819, in-8o) ; Panorama (1820, in-8oJ, etc. Ses Ginures complètes ont été publiées à Paris (1824, 6 vol. in-4").


LACRETELLE Jeune (Jean-Charles-Dominique DE), historien et publiciste français, frère du précédent, né à Metz en 1766, mort à Mâcou en 1855. Avocat dès l’âge de dix-huit ans, il composa à cette époque divers opuscules, un Mémoire couronné par l’Académie de Nancy, un Discours sur t’influence des mœurs sur les lois et des lois sur les mœurs, une tragédie intitulée Cuton d’Utique. En 1787, il alla rejoindre à Paris son frère aîné, qui le mit en relation avec Turgot, Malesherbes, etc. Peu après, Maret, futur duc de Bassano, alors directeur du Moniteur universel, le lit attacher à la rédaction du Journal des Débats. Dans cette feuille, Lacretelle analysait ou reproduisait les discours des orateurs parlementaires, et, comme ce travait lui plaisait, il s’en acquittait à merveille. Du parti des modérés, ainsi que son frère aîné, il débuta, comme orateur, à la tribune des Feuillants, où il lui arriva plusieurs fois d’avoir Barnave pour adversaire. Il renonça ensuite

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au journalisme pour devenir secrétaire ds La Rochefoueauld-Liancourt et précepteur de l’un des fils de ce duc. Mais bientôt la situation critique dans laquelle se trouvait Louis XVI arracha le duc et son secrétaire intime à leur paisible retraite, et ils revinrent se mêler aux ardeurs de la lutte. Lacretelle reparut alors au club des Feuillants, et, peu après, il devint, avec André Chénier et Roucher, rédacteur du Journal de Paris, que venait de fonder Suard.

Confident du duc de La Rochefoucauld, Lacretelle fut associé au projet conçu par ce dernier pour l’évasion de Louis XVI, projet qui échoua par suite de l’hésitation du roi. Le duc quitta la France et laissa au précepteur de son fils le soin de recueillir les débris de sa fortune et de les lui faire parvenir. Ce fut vers cette époque que Lacretelle fit à Rouen la connaissance de la famille Le Sénéchal, où il fut bientôt regardé comme un fils adoptif, et il demanda la main de la troisième fille de M. Le Sénéchal. Mais elle était fiancée à Florian, auquel l’amoureux évincé ne garda pas rancune, car ce fut lui qui, plus tard, prononça, à l’Académie française, l’éloge de son ancien rival.

De retour à Paris, le futur historien fut témoin du procès et de la fin tragique de Louis XVI, et ce fut lui qui prêta à l’abbé Eilgeworth ces paroles apocryphes : Fils de saint Louis, montez au ciel ! bien que, de son propre aveu, elles n’aient point été prononcées.

Sans fortune, et n’ayant plus de protecteur, Lacretelle se vit réduit à donner, pour vivre, des leçons d’histoire. Quoique ancien adversaire des girondins, il crut devoir embrasser leur parti, et il écrivit plusieurs articles en leur faveur. Un mandat d’arrêt ayant été lancé contre lui, il s’enrôla dans l’armée de Sambre-et-Meuse, et en fit partie jusqu’au 9 thermidor. Peu après, il put obtenir son congé, et, de retour à Paris, s’associa à la rédaction du Républicain français, journal qui, malgré son titre, avait été londé pour propager les idées monarchiques.

aime Tallien prêta son puissant appui a Lacretelle, qui devint l’un des chefs les plus ardents de la jeunesse dorée, fit une rude guerre aux jacobins, mais n’hésita point a flétrir les massacres odieux commis dans le Midi par les réactionnaires connus sous le nom à’Enfants du soleil et de Compagnons de Jéhu. Nommé, quelque temps après, secrétaire g’énéral du bureau de l’agriculture et du commerce, il usa de son influence pour délivrer des prisonniers et obtenir la radiation de plusieurs émigrés..

Après le 13 vendémiaire, Lacretelle, forcé de s’éloigner de Paris, resta quelque temps caché à Epinay, chez M. Boissel de Monville. Il profita de cette retraite (1795) pour composer l’introduction de son Histoire de France pendant le xvme siècle, publiée dix ans plus tard. De retour à.Paris, il rentra, grâce à Suard, à la rédaction du Journal des Débats. Atteint par le coup d’État du 18 fructidor avec ses amis du conseil des Anciens, Portails, Barbé-Alarbois, Siméon, Mathieu Dumas et Tronçon Du Coudray, il fut arrêté, et même désigné pour la déportation à Sinnamari. Pendant une captivité qui ne dura pas moins de vingt-deux mois, il fit la connaissance de M. de Norvins, le futur auteur de l’Histoire de Napoléon, et, sur la demande de Treiittel et Wurtz, éditeurs, il continua le Précis historique de la Révolution, commencé par Rabaut-Saint-Étienne. Rendu a la liberté en 1799, par Fouchè, il devint le partisan de Sieyès, qui lui paraissait le vrai représentant des idées modérées au sein du Directoire ; mais, dénoncé aux autres directeurs, il dut encore s’enfuir, et se retira dans les environs d’Auxerre, chez un riche négociant ami de son frère, et fut le précepteur de ses deux fils.

À la nouvelle du 18 brumaire, Lacretelle sa hâta de revenir à Paris et se servit du Journal des Débats pour plaider la cause des proscrits et des prêtres. Fouché céda à ses prières, et beaucoup de prisonniers furent élargis.

Comme on le proposait à Bonaparte pour faire partie du Tribunat : * Je n’en veux pas, s écria brusquement le général, c’est un bourbonien. »

À dater du Consulat, Lacretelle disparut de la scène politique et se renferma dans le cercle de ses travaux historiques et littéraires. Nommé membre du bureau de la presse en 1800, professeur d’histoire adjoint à la Faculté des lettres de Paris en 1809, il devint professeur en titre en 1812, et ne quitta qu’en 1848 cette chaire, dans laquelle il fit preuve d’un remarquable talent. En 1811, il avait été élu membre de l’Académie française. Las du despotisme impérial, Lacretelle salua avec joie, en 1814, la rentrée des Bourbons et l’avénement du régime constitutionnel, dont il avait toujours été le champion fidèle à toutes les époques de sa carrière. Cette même année, comme préside, t de l’Académie française, il présenta l’Institut à l’empereur de Russie, Alexandre Ier, se mafia ei devint censeur royal. Pendant les Cent-Jours, Lacretelle jugea bon de suivre le roi à Gand ; mais il revint bientôt à Versailles, puis à Paris. En 1822, il reçut de Louis XVIII des lettres de noblesse, et, trois ans plus tard, représenta, au sacre de Charles X, l’Académie française, dont il était le président. Dans le même