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comte ? de Salazar, un autre du marquis Villanueva del Prado, un bel hôtel de ville, le bâtiment qui renferme les archives générales de l’île, la cathédrale, vaste édifice h. cinq nefs, de mauvais goût, mais richement orné, et possédant de très-belles peintures de l’école flamande. En été, la température de Laguna se distingue par sa fraîcheur ; aussi les résidents étrangers, les familles des consuls et les principaux négociants de Santa-Cruz y viennent-ils passer la belle saison.

LAGUNA ou LACUNA (André, comte de), médecin et philologue espagnol, né à Ségovie en 1499, mort en 1560. Pour compléter son instruction, il se rendit à Paris, où il étudia le grec, la médecine, se fit recevoir docteur, puis retourna en Espagne, où il passa également son doctorat à Tolède (1537). Peu après, il partit pour les Pays - Bas, y rejoignit Charles-Quint, dont il gagna la confiance, fut attaché au service médical de l’armée espagnole, et séjourna ensuite à Metz (1540-1546), qu’il quitta pour parcourir l’Italie. A Rome, il reçut de Jules III le titre de comte palatin. En quittant cette ville, il fit un voyage en Allemagne, habita de nouveau les Flandres et revint mourir dans son pays natal. Laguna était un médecin plein de savoir et d’érudition et un critique judicieux. On lui doit plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : Analomica méthodus (Paris, 1535, in-go) ; Compendium curalionis prxcnutionis morbi passim, populariter grassantis (Strasbourg, 1542, in-S°) ; Viclus ratio scholasticis patiperibus parattt facilis et salubris (Paris, 1547, in-8o) ; Galem omnium operum epitome (Bâle, 1551, in-fol.) ; Annotaliones in Galeni versiones (Venise, 154S, in-8o) ; De articulari morbo (Rome, 1551, in-8o) ; Methodus cognoscendi extirpandique nasceutes in vesicx Cûllo carunculas (Rome, 1551, in-8o) ; Epitome omnium rerum et sententiarum qux notatu digus in commentariis Gnleni in Hippocratem exstant (Lyon, 1554, in-S<>) ; Epistola apoiogetica ad Joannam Cornarium (Lyon, 1554, in-8o) ; Annotaliones in Dioscoridem (Lyon, 1555, in-16), etc. On lui doit, en outre, de savants commentaires sur Galien, Hippocrato, les —géoponiques, des traductions de traités d’Aristote, de Galien, de Lucien, etc.

LAGUNAIRE s. f. (la-gu-nè-re). Bot. Genre d’arbres, de la famille des malvacées, tribu des hibiscées, comprenant plusieurs espèces qui croissent à l’Ile Norfolk.

LAGUNCULAIRE s. f. (la-gon-ku-lè-redu lut. laguncula, petitébouteille). Bot. Genre d’arbustes, de la famille des combrétacées, tribu des terminaliées, qui habite l’Amérique tropicale.

LAGUNCULE s. f. (la-gon-ku-le — du lat. laguncula, petite bouteille). Moll. Genre de mollusques gastéropodes, à petite coquille univalvc, voisin des lacunes et des littorines.

LAGUNE a. f. (la-ghn-ne — ital. laguna, du lat. lacuna, mare, marécage). Géogr. Espaco do mer peu profond, voisin de la côte, entrecoupé d’îlots : C’est toujours dans les lagunes et les mares soldes que les flamants placent leurs nids. (Buff.) I ! Nom donné aux parties du golfe de l’Adriatique qui se trouvent à l’embouchure de la Brenta, au nord de l’embouchure du Pô et de l’Adige, et qui sont parsemées d’îles basses et nombreuses, sur une partie desquelles est bâtie lu. viUe de Venise : Les lagunes inondent quelquefois le pays, lorsque les pluies lus font déborder. (L. Figuier.)

Arrête, gondolier, que ta barque, un moment, Cesse de fendre les lagunes.

. C. Delavionb.

Il est doux de raser en gondole la vague Des lagunes, le soir, au bord de l’horizon, Quand la lune élargit son disque pale et vague..

Th. Gautier.

LAGUNÉE s. f. (la-gu-né). Bot. Genre de plantes, de la famille des malvacées, tribu des sidées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent dans les régions tropicales de l’ancien continent.

LAGUNOA s. m. (la-gu-no-a). Bot. V. lla-

GUNOA.

LAGURE s. m. (la-gu-re — du gr, lagos, lièvre, oitra queue). Mamm. Genre de mammifères rongeurs, voisin des campagnols, dont l’espèce type habite la Sibérie et la ïartarie.

— Bot. Genre de plantes ; de la famille des graminées, tribu des avénées, comprenant « plusieurs espèces qui croissent au pourtour du bassin méditerranéen.

LAGUROSTÉMON s. m. (la-gu-ro-sté-mon

— du grec lagos, lièvi’e ; aura, queue ; stemôn, étamine). Bot. Syn. de saussurée.

LAGUS, père de Ptôlémée Soter, fondateur du royaume grec d’Égypte. Il vivait vers le milieu du ive siècle avant Jésus-Christ, et épousa Arsinoé, concubine de Philippe, roi de Macédoine, laquelle était, dit-on, enceinte à l’époque de son mariage. Aussi Ptôlémée était-il généralement regardé comme le frère d Alexandre le Grand. Bérénice, à la fois sœur et femme de Ptôlémée, était issue du second mariage de Lagus avec Antigone, nièce d’Antipater.

LAIIA1E (Jacob Blanquet de), général français, mort en 1677. Il était gouverneur de Saint-Venant, colonel, et s’était distingué dans les campagnes de Flandre et d’Italie, lorsque Louis XIV le nomma son lieutenant

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général à Madagascar, a l’Ile Bourbon et dans toute la partie des Indes soumise à la France. À la têto d’une flotte nombreuse, il quitta Brest en 1S70, séjourna à Madagascar, sx l’île Bourbon, parcourut la côte du Malabar, fonda, dans l’île Ceylan, un établissement qui ne réussit pas, s empara ensuite de la ville de Saint-Thomé, qu’il dut rendre aux Maures allié savec les Hollandais, puis revint en France avec les débris de son escadre. Lahaie prit ensuite part, comme lieutenant général, au siège de Bouchain, devint commandant deThionvilleen 1G77, et fut tué cette même année en attaquant un convoi ennemi. On a publié, sous le titre de Journal du voyage des Grandes Indes (Paris, 1698, in-12), le récit de la campagne de Lahaie dans l’Inde d’après des documents fournis par lui.

LA HAIE (Charles de), graveur français, né à Fontainebleau en 1G41, mort on ne sait à quelle époque. Il partit de bonne heure pour l’Italie, ou son talent lui valut d’être choisi pour graver, de concert avec Blondeau, Blomaert, Spierre et autres, les peintures dont Pierre de Cortone avait orné les trois salons du palais Pitti, à Florence. Plus tard, La Haie alla s’établir à Dantzig. Ses œuvres les plus estimées sont : les Philosophes grecs dans les jardins d’Académus, d’après Romanelli ; la Sainte Vierge et l’enfant Jésus, Saint Phihppe de Neri à genoux devant la Vierge et Coriolan menaçant les Romains de sa vengeance, d’après les trois tableaux de Ciro Ferri.

LAIIA1ZÊ (Jean de), publiciste français, né à La Rochelle au commencement du xvie siècle, mort vers 1572. Il suivit avec distinction la carrière du barreau, et défendit avec chaleur la cause des protestants. A maintes reprises, il prit la parole dans des circonstances solennelles. Ce fut lui notamment qui harangua, à leur arrivée à La Rochelle, Charles II, puis Jeanne d’Albret et le prince de Condé. On lui doit : Premier discours brief et véritable sur ce qui s’est passé en la ville et gouvernement de La Rochelle de 1567 à 1568 (1573, in-4<>) ; Deuxième discours brief, etc., de 1568 d 1570 (1575, in-4o) ; Quarante-sept sermons de Calvin (1565, in-fol.).

LA HALLE ou HALLE (Adam de), poète français, né à Arras vers 1240, mort à Naples vers 1286. Adam de La Halle partage avecRutebeuf et Jean Bodel la gloire d’avoir fondé l’art dramatique en France. Ce poëte est fort connu, dans l’histoire des lettres, sous le

nom d’Adam le Do s s <• et du I)o*su d’Arras,

bien qu’il ne paraisse avoir été affligé d’aucune difformité. Adam passa ses premières années à l’abbaye de Vaucelles, située sur l’Escaut, à peu de distance de Cambrai. Il y prit l’habit des clercs ; mais, à peine revenu chez son père, il s’éprit d’une jeune fille. Il l’obtint ; mais, effrayé bientôt des embarras du ménage, non - seulement il abandonna sa femme, mais encore ne craignit pas de l’immoler à la risée de ses amis dans une pièce de vers des plus indiscrètes, qu’il intitula : lo Jeu du mariage (1262 ou 1263). Obligé de s’expatrier, Adam consigna ses regrets dans ses adieux ou Li congiés d’Adan d’Arras, publié par Monmerqué, ainsi que Li jeu d’Adan. Le poète finit par s’attacher k la maison de Robeït II, comte d’Artois, et l’accompagna à Naples, où il composa pour te divertissement de la cour la jolie pastourelle de Li jeu de Robin et de M avion. 11 composa aussi d’autres poèmes ainsi que des chansons, des rondeaux, des motets publiées par Roquefort dans État de la poésie française au xu& et au xiiic siècle.

LA HALLE (Pierre), littérateur français, né à Rouen en 1785, mort en 1830. Il était professeur de mathématiques à Paris. On a de lui : Essai sur la musique, ses fonctions dans les mœurs et sa véritable expression, suivi d’une bibliographie musicale (1825, in-18) ; la Levée des plans (1826, in-12), etc. Il avait, en outre, traduit de l’anglais plusieurs ouvrages, et collaboré au Mercure du xixe siècle et à. la Biographie universelle des contemporains de Rabbe.

LAHARPE (Jean-François Delharpe ou Delaharpe, dit de), écrivain, né à Paris en 1739, mort dans la même ville en 1803. On a affirmé que Laharpe était né de parents inconnus ; mais on sait aujourd’hui quelle a été la source de cette erreur. Issu de parents pauvres, originaires, à ce que l’on croit, du canton de Vaud, recueilli, après la mort de son père, par les sœurs de la Charité de la rue de la Harpe, il a pu aisément passer pour un enfant trouvé, et l’on a cru qu’on lui avait donné le nom de la rue où il avait trouvé un asile. Le vrai nom de sa famille, Dciiimpc, a été orthographié Delabarpo par une erreur commise dans l’acte de baptême. Laharpe montra de bonne heure d’heureuses dispositions. Présenté à l’abbé Asselin, directeur du collège d’Harcourt, il fut admis par lui comme boursier, et fit de très-brillantes études. Après Sa rhétorique, où il avait remporté tous les premiers prix, il se rendit coupable d’un acte de légèreté, qu’on lui fit expier avec une rigueur véritablement inconcevable. Pour une pièce de vers dirigée contre ses maîtres, M. de Sartines, à qui on porta cette ridicule affaire, fit enfermer l’auteur à Bicêtre, puis au For-1’Evêque, où il subit une captivité de six mois. De semblables procédés n’étaient pas faits pour adoucir le caractère naturellement aigre et hautain du jeune homme ; il

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entra dans la vie du monde comme dans un combat. Dès vingt ans, il débuta par un nssez mauvais recueil A’LTëroïdes, précédé d’un essai sur ce genre, où il disait hardiment sa penséo’ sur Fontenelle : c’était son premier pas dans cette voie de la critique littéraire, où il devait se faire tant d’ennemis. Ses Héroïdes ne firent pas grand bruit. Il essaya une tragédie, Warioicfc (1764), qui eut un grand succès. Froide imitation des tragédies de Voltaire, écrite avec bon sens, avec goût, mais absolument dépourvue de feu et d’invent’ion, cette œuvre méritait bien plus l’oubli où elle est tombée que le succès qu’elle obtint à son apparition. Et pourtant, Laharpe, en produisant cette œuvre, avait dit son dernier mot comme poète. Timoléon (1764), Pharàmond (1765), Gustave Wasa (1765) tombèrent successivement, et l’auteur lui-même, qui n’est^pourtant pas suspect de modestie, a reconnu le peu de valeur de ces trois productions. Désespéré de son échec, il reçut quelque consolation à ses infortunes littéraires par l’accueil qui lui fut fait à Ferney, où il était allé avec sa femme. Voltaire traita Laharpe en enfant gâté. Sa femme et lui jouaient les tragédies du maître, et le mari se permettait d’y faire des changements que l’auteur avait la bonté d’approuver. Le goût, du reste, est la qualité la moins contestable de Laharpe.

En 1768, il quitta le château de celui qu’il appelait son papa et rentra à Paris essayer de la critique. Il avait déjà eu quelques démêlés avec Fréron, qui s’était moqué de lui, et l’avait appelé le Bébé de la littérature. Or, Bébé était le nom du bouffon du roi de Pologne, petit et laid comme Laharpe, mats pas aussi méchant que lui, ni que Fréron. De retour à Paris, Laharpe écrivit dans !e Mercure, où il se fit remarquer par sa violence, son amère ironie, et sa facilité à sacrifier ses amis de la veille. Il s’attira dès lors la haine universelle des mauvais poètes et de quelques bons, car il ne ménageait personne. Il revint au théâtre, qui fascine invariablement ceux qui y ont paru une première fois, même pour y être siffles. Sa pièce eût réussi si elle eût été représentée ; mais la censure empêcha la représentation, ce qui lui valut un succès complet. Le drame de Mélanie, que tous les salons voulurent jouer, n’était pourtant qu’une pièce médiocre ; mais il y avait un curé et des nonnes, le roi n’avait pas voulu qu’on les jouât, et on l’applaudissait, parce que c’était une manière de siffler leroi, les nonnes et les curés. Mélanie ouvrit à son auteur lqs portes de l’Académie. Mais ses adversaires lui firent expier ce succès k la séance de réception. Marmontel, chargé de le recevoir, loua dans Colardeau, prédécesseur de Laharpe, tout ce dont le récipiendaire était dépourvu : sa douceur, son indulgence, le soin attentif qu’il mettait « a ne point rendre pénible aux autres l’opinion qu’il avait do lui-même. » La presse s occupait aussi du nouvel académicien ; les écrivains ne le ménageaient pas dans leurs ouvrages. Gilbert le peignait :

Tout meurtri des faux pas de sa muse tragique, Tombant de chute en chute au trône académique.

Lebrun le criblait de ses traits multipliés. Heureusement pour Laharpe, la bonne idée qu’il avait do lui-mêlfre lui inspirait le dédain lo plus méprisant pour les attaques de ses adversaires. Un article, où il jugeait, Voltairo, mort depuis peu, moins favorablement qu’on n’eût attendu d’un ami aussi intime, indisposa contre lui les lecteurs du Mercure ; un autre article, où il faisait l’éloge d’une tragédie à lui, souleva un haro général, et il dut abandonner le journal. Il fut moins heureux encore dans ses nouvelles tentatives au théâtre. Les Barmécides, Jeanne de Naples, les Drames, Coriolan, Virginie, méritent à peine une mention. Philoctète, imitation de Sophocle, n’a que les mérites du modèle. Cette pièce eut un succès qui honore à la fois le poète grec et le public qui était capable de l’apprécier. Nous ne citons que pour mémoire les essais do Laharpe dans quelques autres genres : ses odes et ses poésies légères sont au-dessous du médiocre ; nous n’en exceptons pas même Tangu et Félime, poëme assez libre, mais qui n’a que ce mérite, si c’en est un.

Enfin, en 178G, Laharpe trouva sa véritable voie. Il ouvrit au Lycée de larueSaint-Honoré un cours de littérature, qui fut extrêmement suivi, et qui méritait de l’être. Laharpe avait toutes les qualités nécessaires alors pour réussir dans ce genre de professorat, qu’il a inauguré. Certes, ce n’était pas, k beaucoup près, un professeur parfait. Ses défauts, même à ce point de vue, sont nombreux et quelquefois choquants. Son ignorance des anciens est bien singulière chez un professeur de littérature ancienne ; il ne connaît guère mieux et ne sent pas davantage le moyen âge. Son enflure paraît aujourd’hui ridicule. Sa critique est le plus souvent banale. Mais il a le goût sûr, le style coulant, et par-dessus tout la connaissance approfondie, le sentiment complet de la littérature du xvne siècle. Il comprend Molière, La Fontaine, Racine, Voltaire, Corneille lui-même, comme les ont compris leurs contemporains, ce qui est peut-être la vraie manière et la seule juste de les juger. La critique moderne, qui a découvert et blâmé ce qu’il y avait de faux et de factice dans la manière

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dont les anciens étaient compris de Boileau et de son siècle, la critique moderne, en transportant Racino au milieu de nos idées, en le soumettant aux règles, plus justes si l’on veut, que nous avons pris l’habitude d’appliquer aux œuvres de l’esprit, no tient peut-être pas un compte assez exact de la différence des temps et des variations du goût. Pour comprendre et jujjer Racine, il faut se transporter au milieu de la cour de Louis XIV ; il faut surtout parcourir par la pensée la voie suivie par le goût public, depuis la Renaissance jusqu’à Louis XV. Lnharpe a lu et médité dans cet esprit les œuvres du grand siècle, et si notre façon de juger est préférable, nous ne pensons pas que la sienne soit mauvaise. La valeur qu’il découvre aux œuvres qu’il étudie est peut-être relative, mais elle est réelle. Est-on bien sûr, du reste, qu’il y ait en fait d’esthétique rien d’absolu ? et se tient-on pour bien assuré que l’avenir ratifiera les sentences du présent, que le goût de nos neveux confirmera toutes nos admirations ?

Laharpe occupait e/icore sa chaire quand la Révolution éclata ; il en embrassa les idées avec un enthousiasme peut-être trop ardent pour être complètement sincère. En tout cas, l’avenir devait démontrer que ces convictions, affichées avec tant d’empressement, étaient moins fermes que bruyantes. En attendant, Laharpe envoyait à Robespierre des lettres de félicitation, et demandait qu’on effaçât l’empreinte des tyrans sur tous les livres do la Bibliothèque nationale, dût-il en coûter quatre millions. Les convictions politiques ont une épreuve décisive : la persécution. Celles de Laharpe n’y résistèrent pas. Enfermé pour quelques jours au Luxembourg, il fut fortement ébranlé par lo danger dont il se crut menacé. La lecture de ('Imitation l’acheva, et il se trouva converti par cotte phrase : « Mo voici, mon fils ; je viens à vous parce que vous m’avez invoqué. » Nous avons oui parler d’une femme qui fut convertie, elle, par ces paroles d’un prédicateur : > Mes frères, passons au second point. » Ce sont là des mystères de la grâce. Devenu catholique, Laharpe devint du même coup monarchiste ; l’un ne va guère sans l’autre ; et, comme il ne faisait rien à demi, il poussa si loin le zèle de ses nouvelles convictions qu’il se compromit gravement au 13 vendémiaire, au 18 fructidor, et se vit contraint de se cacher. Au 18 brumaire, il put remonter dans sa chaire, mais ne retrouva plus son ancien auditoire. Sa Correspondance littéruire, qu’il publia à cette époque, et où il pousse jusqu’au fanatisme l’admiration de soi et le mépris d’iiutrui. achevadele perdre dans l’opinion publique.11 mourut presque aussitôt, sans que personne s’avisât de le regretter. Il s’était marié deux fois et deux fois avait divorcé.

Voici la liste des ouvrages de Laharpe : Uéroïdes (1759, in-8o) ; Iléroïdes et poésies fugitives (1762, in-12) ; Warwic/t, tragédie (1763, in-8") ; Pharàmond (1765), Gustave (1766), les Jiiirmécides (1778), Jeanne de Naples (1781) ; Mensikoff (1775) ; Coriolan (1734) : Virginie (1785) ; les Drames (1783) ; Philoctète, (1783), tragédies ; Mélanie, drame en trois actes (1778, jouéo en 1793) ; Darneveldt, tragédie (1778) ; les Muses rivales ou l’Apothéose de Voltaire (1779) ; Molière à la nouvelle salle ou les Audiences de l’halle, comédio (1782) ; Ode sur la navigation (1773) ; Dithyrambe aux mânes de Voltaire (1779) ; YOmbredeDuclos ; Réponse à M. de V... ; Tangu et Félime (1780) ; plusieurs romances, entre autres : O ma tendre musette ; Mélanges littéraires ou Épîtres et pièces philosophiques (1765, in-12) ; Éloge de Henri IV (1770, in-8«) ; Éloge de Fénelon (1771, in-go) ; Éloge de Racine (1772, in-8<>) ; Éloge de Câlinât (1775, in-8o) ; Traduction de la vie des douze Césars de Suétone (1770, 2 vol. in-8o)j Discours de réception à l’Académie française (1776, in-4o) ; Traduction de la Lusiadê de Camoens (1770, 2 vol. in-8») ; Éloge de Voltaire (1780, in-8o) ; Abrégé de l’histoire générale des voyages (1780, 21 vo). in-8o), absurde compilation uniquement entreprise comme affaire d’argent ;De la guerre déclarée par nos derniers tyrans à ta raison, à la morale, aux lettres et aux arts (1790, in-8») ; Du fanatisme de la langue révolutionnaire (1797, in-8o) ; Correspondance littéraire adressée au grand-duc de Russie (1801, 4 vol. in-8o) ; Cours de littérature (12 vol. in-so, dont 4 posthumes) ; Mélanges inédits de littérature pouvant servir de suite au Cours de littérature (1810, in-8», extrait du Mercure) ; Commentaire sur le théâtre de Racine (1807, 7 vol. in-8<>) ; Commentaire sur le théâtre de Voltaire (1814, in-8") ; le Triomphe de la religion ou le Roi martyr, poème en six chants (1814) ; Nouveau supplément au Cours de littérature de J. Laharpe (1818, in-so) ; Une soirée chez Cazotie, récit d’une prétendue prophétie que Laharpe attribue à Cazotte, et qui fut acceptée comme authentique par un certain nombre de lecteurs.

LA HARPE (Amédée-Emmanuel), général suisse, né au château des Uttins, canton de Vaud, en 1754, mort en 1796. Il prit d’abord du service dans les troupes suisses aux gages de la Hollande. À son retour, il professa des opinions libérales et se montra opposé à cette aristocratie bernoise qui gouvernait despotiquement le canton de Yaud’ct déniait tout droit politique à ses habitants. Proscrit par les Bernois, La Harpe se rendit en