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les et de bocaux. Au reste, si le fond a été modifié, la Vierge et l’Enfant n’ont subi aucune retoucha ; le coloris est vif et clair, l’exécution d’une excessive délicatesse, l’expression tout à fait séduisante. En 1703, ce tableau faisait partie du cabinet Crozat ; il passa depuis dans les collections de M. Passart et de l’abbé Decamps. Acheté de ce dernier par le duc d’Orléans (régent), il fut vendu, en 1790, à M. Walckiers, de Bruxelles, et fut possédé successivement par MM. Laborde de Méréville, Gibbert, Vernon, Nieuwenhuis, de Lahante, Aguado et Delessert. À la vente de celui-ci, en 1869, il a été racheté 150,000 francs par le duc d’Aumale. Ce chef-d’œuvre a été gravé par Cl. Duflos (dont la planche a été retouchée par Larmessin pour le Cabinet Crozat, n» 24), par J.-J. Huiler pour la Galerie d’Orléans (n<> 8), par Landon (Œuvre de Raphaël, n« 146), par J.-P. Seiter, par B. Hôfel, par E. Forster (d’après un dessin de Boucher-Desnoyers, 1S3S), par Ferdinand Gaillard (1869), etc.

14° Madone à l’œillet. La Vierge présente un œillet à l’Enfant, qu’elle tient sur ses genoux et qui s’empare de la fleur avec joie. Au fond, une fenêtre s’ouvre sur un paysage. Cette jolie composition est connue par les nombreuses copies et les nombreuses gravures qui en ont été faites. Quant à l’original, Passavant dit que toutes ses recherches n’ont pu le lui faire découvrir ; il ajoute toutefois avoir entendu dire qu’il appartenait au comte Spada, de Lucques. Parmi les copies, il cite celles des collections Camuccini (à Rome), Speck-Sternburg (à Liitzschena, près de Leipzig), Tosi (à Brescia), Torloniaet Albani (à Rome), Giovannini (Urbtn), etc. La Madone à l’Œillet a été gravée par J. Boulanger, J. Wolff, de Poilly, J. Couvay, Povelato (1780), Duthé, Gio. Farrugia (1829), Lehman et Chevron (1852).

15° La Grande Madone de lord Cowper. La Vierge, à mi-corps et de grandeur naturelle, est assise presque de prolil, la tète un peu inclinée ; elle contemple avec amour le Bambino, qui est assis sur un coussin blanc posé sur ses genoux. L’Enfant, tout nu, saisit le bord de la robe de Marie, auprès du cou, et regarde le spectateur en souriant. Les deux figures se détachent sur un fond de ciel bleu verdâtre.

Ce tableau, daté de 1508, est un morceau de premier ordre. Le modelé de l’Enfant, de la tête surtout, est d’une perfection incomparable ; la gaieté dont le visage est empreint est communicative. Lord Cowper acheta ce chef-d’œuvre de la famille Niccolini, de Florence, qui le possédait déjà en 1677, d’après ce que nous apprend Cinelli. Cette Madone a été gravée par An t. Perfetti (1831), Nie. Hoff, G.-T. Doo (1835), J. Bein (1835), G. Scharf.

16° Madone de la maison Colonnu, au musée de Berlin, La Vierge, les regards fixés sur l’Enfant, le soutient de la main droite et tient un petit livre de la main gauche. Le Bambino^s’appuie sur le bras de sa mère et saisit le u"ôra de sa robe sur la poitrine, pour s’élever vers elle. Ce tableau, bien que inachevé, produit un effet magique, dit Passavant ; il montre comment le grand maître imprimait tout d’abord la vie et l’esprit à son œuvre.

De la famille Salviati, de Florence, cette Madone passa en héritage aux Colouna, de Rome, de qui elle fut achetée pour le musée de Berlin. Elle a été gravée par C.-L. Masquelier (1820), L. Barocci (1827), Caspar, Réveil, P. Lighfoot (1849), Ed. Mandel (1855).

no La Belle Jardinière. V. Belle Jardinière.

18° La Madone au baldaquin, au palais Pitti, à Florence. Cette belle composition, qui offre quelques points de ressemblance avec la Madonna di Foligno et la Vierge au poisson, a reçu le nom qu’elle porte à cause du baldaquin dont est surmonté le trône sur lequel la Vierge est assise avec l’Enfant Jésus, et dont deux anges soutiennent les rideaux. Au bas du tableau sont quatre figures, que l’on regarde à tort comme les Pères de 1 Église, car elles représentent saint Pierre, saint Bruno, saint Antoine et saint Augustin, à Quand Raphaël composa ce tableau, dit Duchesne, il avait encore quelque chose de la manière simple du Pérugin, son maître, et il s’y trouve toute la naïveté et toute la grâce dont il perdit quelque chose en voyant les ouvrages de Michel-Ange. L’Enfant Jésus est plein de charme ; les anges sont ravissants ; enfin les draperies sont étoffées avec un taleut dont personne n’a pu approcher depuis. » Selon M. Viardot, la plus belle partie de ce tableau est le groupe à gauche, formé par saint Pierre et saint Bruno. Cette Vierge et celle de la casa Tempi, au musée de Munich, rappellent de très près deux compositions de Fra Bartoloinmeo. La Vierge au baldaquin, peinte à, la colle et vernie, a été gravée par Lorenzini, Nicolet (1802), G. Morghen, Landon, V. Biondi, etc.

19° La Madone avec les deux enfants, dans la galerie Esterhazy, à Vienne. La Vierge agenouillée soutient des deux mains le Bambino assis sur un tertre, et qui se penche fortement vers le petit saint Jean, occupé à lire ce qui est écrit sur une banderole de parchemin. Ce tableau, simplement ébauché, fut donné parle pape Clément XI à l’impératrice Elisabeth, qui en fît elle-même présent au ministre de liaunitz. Il devint plus tard la propriété des princes Eeterhazy. Il a été

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gravé par O. Leybold (1839). On en connaît plusieurs copies anciennes, dont une excellente a fait partie de la collection Wendelstadt, de Francfort, et a été lithographiée par Heigel et par Lucas.

20° Madone de Lorette. V. Sairte Famille (VIII, p. 78).

21° Madone de la maison d’Albe, au musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg). Assis sur les genoux de sa mère, dont il enlace le cou de son bras gauche, le Bambino saisit de la main droite la croix que lui présente le petit saint Jean. Marie, assise à terre, soutient son fils et tient un livre ouvert. Le paysage du fond rappelle les bords du Tibre. Passavant suppose que cette peinture fut exécutée aussitôt après l’arrivée de Raphaël à Rome ; il fait remarquer que les plis du manteau de la Madone sont maigres et formés comme ceux de la Vierge de la Sainte Famille de Michel-Ange, qui est à la tribune des Offices.

Ce tableau était autrefois dans l’église des Olivetains, à Nocera dé Pagani ; acheté plus tard par le marquis del Carpio, vice-roi de Naples, au prix de 1,000 écus, il passa ensuite dans la galerie des ducs d’Albe, à Madrid ; une duchesse de cette famille l’ayant légué à son médecin et étant morte peu de temps après (1801), le légataire fut accusé d’avoir empoisonné cette dame et ne fut remis en liberté que sur les instances du prince de la Paix. La Madone de la maison d’Albe appartint ensuite au comte de Burcke, ambassadeur de Danemark à Madrid, puis à

M. Coeswelt, de Londres, de qui elle fut acquise pour le musée de l’Ermitage. Elle a été gravée par Boucher-Desnoyers (1823), Franz von Staoler et Vitali.

220 Madone de la maison Aldobrandini. La Vierge, assise sur un banc et ayant la tête couverte d’une étoffe bleue, rayée d’or, étend son manteau derrière le Bambino, placé sur ses genoux, et regarde avec tendresse le petit saint Jean, qu’elle entoure du son bras gauche. L’Enfant Jésus présente un œillet à son jeune compagnon. Au fond, deux arcades séparées par un pilier s’ouvrent sur un paysage orné de fabriques.

Après avoir figuré longtemps dans la galerie Aldobrandini, cette Maitone fut acquise par un Anglais, M. Day, qui la céda, -moyennant 1,500 livres sterl., à lord Gravagh. Ellea été gravée par Al. Mochetti. Il en existe plusieurs anciennes copies, dont une appartenant au Louvre (ancien musée Napoléon III), passe pour être l’œuvre de Sassoferrato.

23° La Madone au diadème, ou au votle, ou au linge, au Louvre (n« 370). Le Bambino dort Sur une draperie et un oreiller placés à terre. La Vierge, la tète ornée d’un diadème, est accroupie et tournée vers son fils ; elle soulève le voile ou linge dont il est couvert pour le montrer au petit saint Jean agenouillé auprès d’elle et joignant les mains. Des édifices en ruine et quelques figurines se voient dans le paysage du tond.

Ce petit tableau, peint avec une délicatesse extrême et qui est un des joyaux les plus précieux du Louvre, a appartenu au comte de Toulouse et au prince de Carignan. Il a été gravé par Poilly, Jac. Frey (1705), Dutios (sous le titre ; Sommeil de lEnfant Jésus), Fr. Borsi (1774), Boucher-Desnoyers (sous le titre de Vierge au linge), P.-C. Baquoy, J.-B. Massard, Ingouf (sous le titre de Silence de la Vierge), Bovinet (dans le Musée Fithol), Gérard " (1845), P. Metzmacher (1855), Landon, Gius. Longhi et Toschi (sous le titre de Madonna del veto), etc.

24° Madone de Foligno, au Vatican. Cette admirable composition, désignée souvent sous le nom de Vierge au Donataire, a été^ peinte vers 1511, et se place par sa date en tête de ces Madones glorieuses dont la Vierge de Saint-Sixle, du musée de Dresde, est la dernière et la plus sublime expression. Au centre d’une gloire d’anges, la Vierge est assise sur les nuées, tenant dans ses bras l’Enfant Jésus. Dans la partie inférieure du tableau est saint Jean-Baptiste, montrant au spectateur le groupe glorieux, saint François implorant sa protection, et saint Jérôme lui présentant le donataire, Sigismond de Comitibus, secrétaire du pape Jules II, qui lit faire ce tableau comme un témoignage de la reconnaissance qu’il croyait devoir à la Vierge, pour l’avoir sauvé d’un danger auquel il avait été exposé. • Raphaël dans ce tableau, dit Duchesne, s’est montré coloriste égal aux maîtres de l’école vénitienne ; cependant les carnations sont un peu rouges ; les accessoires, le paysage et les terrasses sont rendus avec beaucoup da soin et de vérité. Le fond représente un village sur lequel on voit tomber un météore céleste, qui rappelle sans doute l’événement dont le donataire a voulu perpétuer le souvenir. » Autant le type élevé du visage de la Vierge, l’ensemble majestueux do toute sa personne, la beauté de l’Enfant transportent l’esprit dans une région idéale, autant les expressions marquées, les gestes suppliants des saints et du donataire, qui occupent le bas du tableau, rappellent les misères de la réalité. Sans soi’-, tir des lois de la peinture, Raphaël a su indiquer d’une manière poétique et précise, par le choix des types et des expressions, non-seulement le sens direct de la scène, mais la différence de nature des personnages qui la composent. Ce tableau, mis d’abord dans une église de Rome connue sous le nom d’Ai-o MADO

Cœti, fut ensuite placé dans le couvent délie Contasse, à Foligno, petite ville du duché de Spolète, d’où on le transporta à Paris en 1798. Il était alors sur bois, et a été mis sur toile, restauré, puis reporté en Italie en 1815.

La Madone de Foligno a. été gravée par Boucher-Desnoyers (1810), Devilliers, Pazzi, Nie. Schenker, Tosetti, I. Pavon, Saint-Evre (1848), Beisson (dans le Musée royal), Pigeot (dans le Musée Filliol), P. Marchetti (1850), Landon, etc.

250 Madone de la galerie Bridgewater. La Vierge tient l’Enfant couché sur ses genoux et sur son bras droit, et le contemple avec amour et adoration, la main gauche posée sur la poitrine. Le Bambino saisit le voile de sa mère, par un mouvement vif et gracieux, et lève les yeux vers elle. « Le dessin et le modelé sont excellents, dit Passavant, et l’on ne saurait imaginer une ligne plus belle que celle de l’Enfant Jésus, à partir de l’épaule jusqu’au bout du pied. » Ce tableau ravissant a figuré dans la collection de Seignelay et dans la galerie du duc d’Orléans ; il a été payé 3,000 livres sterling par le duc de Bridgewater. Il a été gravé par Romanet, Nie. de Larmessin, J. Boulanger, F. Poilly, G. Heinzmann, Giudetti(1827), Schuller(1827), Lorichon (1832), C. Cattaneo, Dulmer, Landon, etc. Il y en a plusieurs copies anciennes, dont une, au musée de Naples, a été gravée par Anderloni.

260 Madone avec l’Enfant debout. La Madone, assise sur un banc, presse avec amour le Bambino, qui lui enlace le cou et regarde le spectateur. Ce tableau a beaucoup souffert. Il a figuré dans la galerie d’Orléans, dans les collections de Willet, Henry Hope, Samuel Rogerset Mackintosh, et il appartient aujourd’hui à miss Burdett Coutts (à Londres). Il a été gravé par C. Duflos, J. Flipart, J. Bouillard, L. Petit, Giudetti (1827), Zignaui (1827), MUe Gérard, Tornkins, Dulmer, Watt (sous le titre de la Madonna délia Torre). Il y en a d’anciennes copies au palais Borghèse et au palais Albani, à Rome, dans la galerie du prince Esterhazy, à Vienne, etc.

270 Madone au poisson, au musée de Madrid. Sur un trône est placée la Vierge, tenant l’Enfant Jésus ; aux deux côtés se tiennent saint Jérôme et l’ange Raphaël, qui présentent à la Vierge le jeune Tobie tenant son poisson, ce qui a fait donner à ce tableau le nom de la Vierge au poisson. Suivant M. Viardot, cette composition célèbre en quelque sorte l’admission du Livre de Tobie parmi les livres canoniques. Comme on le sait, ce fut saint Jérôme qui le premier traduisit, en l’expurgeant, le Livre de Tobie du chaldaîque en latin. Quoi qu’il en soit, ce précieux tableau du meilleur temps de Raphaël, c’est-à-dire de sa troisième manière, est un des plus remarquables, tant pour le dessin que pour la couleur et pour l’expression des têtes ; celle de la Vierge surtout est d’une noblesse et d’une beauté au-dessus de tout éloge. Ce tableau présente les caractères d’élévation dans la pensée, de beauté de types, de force dans le coloris, que l’on remarque dans la Madone de Foligno.

On croit que cette Vierge a été exécutée, vers 1513, pour décorer la chapelle Saint-Dominique, à Naples. La Madone au poisson a été gravée par Fr. Selma (1782), Bartolozzi, Boucher-Desnoyers (1822), Fred. Lignon (1822), P. Pelée (1852), J.-M. Erreig-Muiler, M. Steinla (185C), Landon, etc.

28° Madone ou Vierge à la, chaise (Madonna délia sedia ou délia seggiola), au musée des Offices. V. Vierge.

290 Madone au rideau ou à la tente {Madonna délia leuda), à la pinacothèque de Munich. Cette Aludone fut achetée 75,000 fr. par le prince héritier Charles-Albert, qui en lit présent à la Jieale galleria de Turin. Bien qu’elle soit plus haute que large, elle a beaucoup de rapport avec la Vierge à la chaise de Florence. Les personnages sont aussi la Vierge, Jésus et saint Jeun ; le groupe et le mouvement sont les mêmes, avec cette différence que Marie, vue de profil et non de trois quarts, ne jette plus sur le spectateur son beau regard profond et doux. Cette Madone rappelle par l’exécution et le style la Sainte Cécile de la pinacothèque de Bologne, n Sans parler des émineiites qualités qui la distinguent, dit M. Quatremère de Quiucy, cette Madone a l’immense mérite d’avoir été la pensée première de la Vierge à la chaise ; sans l’une, nous ne pourrions peut-être admirer l’autre. »

La Madonna délia tenda, dont il existe plusieurs répétitions, a été gravée par Tornkins, Hopwood, Vedovato (1796), P. Toschi, J.-C. Thévemn (sous le titre de Vierge à la croix [1852]).

30° Madone aux candélabres, dans la collection Munro, à Londres. V. Vierge.

31° Madone à l’Agnus Dei ou au lézard, au musée de Madrid. V. Famille (sainte), t. VIII, p. 78.

32° Madone à la perte, au musée de Madrid. V. Famille (sainte), t. VIII, p. 79.

33° Madone au berceau, n.u Louvre (n°378). L’Enfant Jésus, debout dans son berceau et avançant les bras par-dessus les genoux de sa mère, caresse des deux mains le petit saint Jean, que sainte Elisabeth agenouillée lui présente. Derrière les figures, des ruines, couvertes d’arbustes et de plantes, s’élèvent

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au premier plan d’un riche paysago. « Co petit tableau, d’une grâce extrême, puissant et transparent de couleur, est très-dêlicatement, mais magistralement et spirituellement exécuté, dit Passavant. Pourtant on ne saurait nier que la tête de la Vierge ne soit un peu grande, et que les pieds ne soient un peu petits, d’après les proportions de la figure. Le coloris puissant et chaud de ce tableau et le faire du paysage, dont la finesse de détails rappelle celui du tableau de la Perle, du musée de Madrid, ne sont point conformes au goût particulier de Raphaël, et font supposer que cette peinture a été exécutée par Jules Romain, d’après un dessin du maître. » Felibien est le premier qui ait émis l’opinion que cette peinture aurait été exécutée sur les dessins de Raphaël par un des élevés de ce maître, mais il pensait qu’elle avait été retouchée et terminée parle Sanzio lui-même. Mariette a cru reconnaître dans l’exécution du tableau la main du Garofalo. Quoi qu’il en soit, la composition est incontestablement de la main de Raphaël : à Dans chaque figure respire l’âme de ce grand maître >, a dit avec raison Emeric-David.

Felibien nous apprend qu’il existait de son temps, à Paris, deux tableaux à peu près semblables, l’un qui est celui que nous venons de décrire, et que la roi avait acquis récemment de l’abbé de Brienne, l’autre qui appartenait à Mazarin, et qui avait été acheté à Rome par M. de Fontenay-Mareuil, ambassadeur de France. Ce dernier passait pour être l’original ; on ne sait ce qu’il est devenu. Le premier avait été donné par Raphaël au cardinal de Boissy.

La Vierge au berceau a été gravée par lacopo Caraglio, Fr. Poilly, J. Frey, J.-B.-L. Massard, Boucher-Desnoyers, É. Morace (dans le Musée français), Devilliers et Niquet (piAir le Musée Filhol), Leroy, etc.

340 Madone de Saint-Sixte {Madonna di San-Sisto), au musée de Dresde. Au milieu d’une gloire lumineuse, dans laquelle on aperçoit une foule innombrable de chérubins, la Vierge paraît debout, tenant entre ses bras l’Enfant Jésus, qu’elle semble présenter h l’adoration de l’univers. À gauche est saint Sixte, pape, fondateur du couvent des bénédictins de Plaisance. Il est à genoux, adorant l’Enfant Jésus. La chape eu étoffe d’or est ornée de broderies représentant les apôtres. À droite est sainte Barbe, dont on aperçoit la tour caractéristique près de l’un des rideaux verts qui sont drapés de chaque côté du tableau. Elle est aussi à genoux et regarde vers la terre. Dans le bas sont de petits anges à mi-corps. Leur pose et la place qu’ils occupent offrent quelque singularité ; maison ne peut se lasser d’admirer la beauté de leurs traits, la finesse d’expression de leur figure et la couleur vigoureuse avec laquelle ils sont peints. « Quelle symétrie et quelle variété, dit M. Viardot, quelles nobles attitudes, quelles poses merveilleuses, de la Vierge sur les nuages, de l’Enfant-Dieu sur ses bras, de saint Sixte et de sainte Barbe en adoration I et quelle ineffable beauté dé tout ce qui compose ce groupe, vieillard, enfant et femmes ! Ce qui frappe plus que le regard, ce qui touche au fond de 1 âme et des entrailles, ce n’est pas une combinaison de lumière et d’ombre, un effet préparé de clairobscur, imitant les lueurs imaginaires du jour éternel ; c’est l’irrésistible puissance de la beauté morale qui rayonne sur le visage de la Vierge mère, dont le voile s’écarte comme enflé par un léf ïr coup de vent ; c’est son regard profond, ’, .est son front sublime, c’est son air austère, chaste et doux ; c’est enfin je ne sais quoi de primitif, d’inculte et de sauvage, qui marque la femme élevée loin du monde, dont elie ne connut jamais les fêtes, les galanteries, toutes les riantes et mensongères frivolités. • Cette sublime composition, regardée avec raison comme un des chefs-d’œuvre de Raphaël, lui fut commandée en 1520 pour le maître-autel du couvent des bénédictins de Saint-Sixte, à Plaisance. En 1753, l’électeur-roi Auguste III, regrettant de n’avoir à Dresde aucun ouvrage de Raphaël, fit consentir les supérieurs du couvent à remplacer ce tableau par une copie de même grandeur et à lui céder l’original moyennant 200,000 francs environ. Une autre copie se voit au musée de Rouen. Le tableau a été admirablement gravé par Mùller fils, qui, dit-on, à force de contempler son divin modèle, s’éprit pour Marie d’un amour insensé, et perdit la vie avec la raison, lorsqu’il achevait son patient et magnifique ouvrage ; il l’a encore été avec succès par Schuitz, Tosetti (1821), I. Pavon, Dessart, Thouvenin, F.-W. Meyer, Nordheim, Steinla, Boucher-Desnoyers (1841), W. Say (1826), Steinla (1858). Elle a été lithographiée par Bodmer, Hanfstangl, Noël, A. Maurin, L. Maurin (1842), L. Zoellner, Aubry-Lecomte, etc.

35° La Madone au châssis ou à la fenêtre (Madonna dell’ impannatu), au palais Pitti (Florence). La Vierge s’apprête à prendre dans ses bras l’Enfant Jésus, que lui présente la vieille sainte Anne (d’autres disent sainte Elisabeth). Une jeune sainte, que Passavant croit être la Madeleine, et qui nous semble plutôt être sainte Catherine, debout derrière Anne et la main appuyée sur son épaule, tend le doigt vers le Bambino, comme pour recevoir l’anneau des fiançailles mystiques.