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MAGN

La science est la mort.

Ni l’upas de Java, ni l’euphorbe d’Afrique, Ni le mancenillier au sommeil magnétique,

N’ont un poison plus fort.

Ta. Gautier.

— Méd. Emplâtre magnétique, Emplâtre composé de parties égales de soufre, d’antimoine et d’arsenic, et magnétisé avant d’être appliqué sur la partie malade.

MAGNÉTIQUEMENT adv. (ma-gné-ti-keman ; gn mil. — rad. magnétique). Au point de vue magnétique : Pendant les premiers moments, rien d’extraordinaire, magnétiquement parlant, ne se passa. (F. Soulié.)

MAGNÉTISABLE adj. (ma-gné-ti-za-ble ; gn mil. — rad. magnétiser). Qui peut être magnétisé : Un sujet magnétisable.

MAGNÉTISANT, ANTE adj. (ma-gné-tizan ; gn mil.). Qui magnétise, qui est propre à magnétiser : Vertu, puissance magnétisante. L’énervation est contraire à. l’exercice des influences magnétisantes. (Virey.)

— Substantiv. Personne qui magnétise : Lorsque ers rapports célèbres contre le magnétisme parurent dans le public, il est facile de voir quelle rumeur étrange its excitèrent parmi les nombreux magnétisants. (Virey.)

MAGNÉTISATION s. f. (ma-gné-ti-za-sion ; gn mil. — rad. magnétiser). Action ou manière de magnétiser : Des migraines, desodontatgies, des otalgies, des névralgies sciatiques ou fémoro-poplitées ne résistent guère à la magnétisation. (Virey.) || État d’une personne magnétisée : La personne magnétisée sort de l’état de magnétisation plus forte qu’à l’ordinaire et plus allègre. (Virey.)

MAGNÉTISÉ, ÉE (ma-gné-ti-zé ; gn mil.) part, passé du v. Magnétiser. Soumis à l’action du magnétisme animal développé par des procédés particuliers : Personne magnétisée. Boisson magnétisée. J’ai vu l’eau magnétisée produire des effets si merveilleux que je craignais de me faire illusion. (Deleuze.) J’ai vu très-souvent des chaussons magnétisés produire aux pieds une chaleur qu’on n’aurait pu obtenir par aucun autre moyen. (Deleuze.)

— Fig. Soumis à une influence puissante et mystérieuse : Tout en essayant de répondre et de sourire aux paroles du marquis, elle se sentit comme magnétisés. (G. Sand.)

— Substantiv. Personne magnétisée : La mémoire des magnétisés est sans contredit ce qu’ils ont de plus exalté. (Rostan.) Laplupavt du temps, le magnétisé s’attache à son magnétiseur comme à un ange caressant, à un être subli ?ne dans sa bienfaisance. (Virey.)

MAGNÉTISER v. a ou tr. (ma-gné-ti-zé ; gn mil. — du gr. magnés, aimant). Développer le magnétisme animal dans : Magnétiser une personne. Magnétiser un malade. Magnétiser une table. Magnétiser une boisson, un médicament. Outre l’homme, on peut magnétiser les arbres, surtout ceux de bois compacte, comme l’orme, le chêne. (Virey.) Vous magnétisez encore par te frottement une fleur, un mouchoir, un chiffon de papier. (Virey.)

— Fig. Exercer une influence puissante et mystérieuse sur : Où peut aller une nation, quand amis et ennemis sont sûrs de ta magnétiser tour à tour avec les mêmes phrases ? (Proudh.)

— Absol. Il y a beaucoup d’avantages à magnétiser en face ; les courants émanent de toute l’habitude de votre corps. (Virey.)

Se magnétiser v. pr. Produire sur soimême les effets du magnétisme : Une personne peut difficilement se magnétiser ellemême. (Virey.)

MAGNÉTISEUR, EOSE s. (ma-gné-ti-zeur, e^u-ze ; gn mil. — rad. magnétiser). Personne qui magnétise, qui pratique le magnétisme : Tous les magnétiseurs savent combien les yeux lancent et reçoivent le fluide magnétique avec énergie, surtout d’un sexe à l’autre. (Virey.) Certains magnétiseurs prétendent endormir la lune et ta font tomber en syncope. (Arugo.)

— Adjeetiv. Qui magnétise ; Un médecin magnétiseur.

MuguétUeur (le), roman de Frédéric Soulié (183-1). La question du magnétisme préoccupait fortement les esprits à l’époque ou Frédéric Soulié écrivit ce roman, et, sans s’appliquer à faire concurrence à Mesmer, l’auteur a profité du courant d’idées qui agitait ses contemporains pour extraire des données du magnétisme un roman dont l’intérêt est très-vif. La duchesse d’Avaresme a fait succéder dans ses faveurs un meunier à un prince. Du premier elle a eu un fils, qu’elle veut attribuer au second. L’enfant disparaît, au grand désespoir du meunier, qui se fâche, crie et menace. Mais bientôt la Révolution éclate, et le meunier, entraîné dans le tourbillon révolutionnaire, devient le général d’Aspert. Il retrouve la duchesse à Rome et la protège contre le peuple, qui veut la noyer dans le Tibre. Pour prix de ses services il réclame son enfant, mais toujours sans succès. Néanmoins, il croit le retrouver dans un jeune légionnaire, Charles Duinont, et il l’adopte. Plus tard, Charles abuse de la femme du général, et c’est alors que se dessinent le baron de Lussay et Prémitz, qui sont tous deux magnétiseurs. Ce dernier se rend coupable d’une quantité effroyable d’infamies, jusqu’au jour où le baron de Lussay, par la

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force de sa science, le domine ; l’endort, lui fait tout avouer, et le tue. Or, ce Prémitz était le vrai fils du général. L’invraisemblance de cette fable est flagrante, mais l’iritérêt ne faiblit pas un seul instant.

MAGNÉTISME s. m. (ma-gné-ti-sme ; gn mil. — du gr. magnés, aimant). Physiq. Puissance d’attraction des aimants sur le fer et l’acier, et faculté qu’ils ont de se diriger vers un point de la terre voisin du pôle : On a nommé magnétisme l’ensemble des propriétés des aimants. (Becquerel.) Il Action du globe sur les aimants, qui les attire vers l’un de ses points appelé pôle magnétique : Le Magnétisme terrestre. Le magnétisme est un effet constant de l’électricité constante produite pur la chaleur intérieure et par la rotation du globe. (Butf.)

Magnétisme animal ou simplement Magnétisme, Influence d’un individu sur une autre personne ou sur certains objets, exercée à l’aide d’un fluide particulier appelé fluide magnétique, animal ou vital, ou par le seul effort de la volonté : Le magnétisme est une émanation de nous-même dirigée par la volonté. (A. de Gasparin.) Ceux qui doutent des effets du magnétisme sont de purs douleurs de profession. (Baudelaire.) Il Doctrine de ceux qui admettent cette influence : Le charlatanisme et la fraude ont depuis longtemps perdu la cause du magnétisme. (L. Figuier.) Les adeptes du magnétisme ont la prétention de faire désigner à leurs somnambules toutes sortes d’objets qu’oit leur présente. (Th. Gaut.)

— Pratique de ceux qui magnétisent : Par le magnétisme ou tout autre enchantement, il s’établit une grande amitié entre l’agent et le patient. (Virey.)

— Fig. Influence puissante et mystérieuse : Il existe un magnétisme ou bien une électricité d’amour qui se communique par le seul contact du bout des doigts. (Galiani.) Le ma ! Gnétisme du regard est une puissance incontestable. (M" Sophie Gay.)

— Méd. anc. Sorte d’influence ou de sympathie occulte : La guérison par le magnétisme s’effectuait en appliquant au sang tiré du malade les remèdes qui devaient opérer sur la masse entière du sang. (Trév.)

— Encycl. Physiq. Bien que la vertu magnétique paraisse devoir être une dans son essence, on est cependant obligé de.distinguer les unes des autres les principales manifestations qui en résultent ; c’est ainsi qu’on peut étudier séparément le magnétisme des aimants ou magnétisme proprement dit et le magnétisme terrestre. Pour rendre évidente l’attraction exercée sur le fer par un aimant naturel, il suffit de rouler cet aimant dans de la limaille de fer et l’on voit aussitôt celle-ci s’attacher à sa surface. L’aimantation peut se transmettre par contact ou par frottement d’un aimant naturel à un barreau de fer ou d’acier ; mais l’aimantation peut avoir d’autres causes. Les morceaux de fer qui sont restés longtemps exposés aux influences atmosphériques, qui ont été limés, tordus, martelés ou laminés, les rails de chemins de fer, les chaînes des ponts suspendus, les croix de fer des clochers, etc., manifestent des propriétés magnétiques remarquables. On s’est longtemps imaginé que l’attiactien magnétique ne s’exerçait que sur le fer et quelques autres corps, tels que le nickel, le cobalt, etc. ; mais des observations récentes ont démontré que toutes les substances sont influencées par les aimants, bien qu’à des degrés divers et dans des sens différents. Ces influences, tantôt attractives, tantôt répulsives, ont fait donner aux corps qui éprouvent les premières le nom de corps magnétiques, et aux autres celui de corps diamagnétiques (soufre, plomb, bismuth, etc.).

Lorsqu’on plonge un barreau aimanté dans de la limaille de fer, on remarque que les parcelles de cette limaille s’attachent inégalement à la surface du barreau et forment des filaments perpendiculaires à la surface de celui-ci. L’effet s’accentue vers les extrémités, qui ont reçu le nom de pôles de l’aimant, et entre lesquels se trouve une ligne moyenne où l’action magnétique devient à peu près nulle. Pour interpréter les phénomènes magnétiques, on les attribuait autrefois à l’action se deux fluides doués de propriétés contraires, résidant autour des molécules du fer et dont la réunion formerait le fluide magnétique neutre ; cette hypothèse est aujourd’hui abandonnée.

Une aiguille aimantée librement suspendue se place toujours, après un certain nombre d’oscillations, dans une direction déterminée. Cette direction, en Europe, est à peu près N.-N.-E., S.-S.-O. Le plan vertical qui la contient s’appelle le méridien magnétique, et se distingue entièrement du méridien astronomique, dont.il s’écarte de quantités variables, non-seulement quand on passe d’un lieu dans un autre, mais encore dans le même lieu et d’une manière à peu près constante toutes les vingt-quatre heures. Cette déviation s’appelle la déclinaison de l’aiguille aimantée. Ces faits avaient fait regarder la terre comme un vaste aimant.

Les attractions et les répulsions magnétiques sont régies par les mêmes lois que celles qui proviennent de l’électricité, c’est-à-dire qu’elles varient en raison inverse du carré de la distance.

Nous avons indiqué plus haut quelques-unes

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des causes d’aimnntation ; disons maintenant quelques mots des procédés divers employés pour la préparation des aimants artificiels. Le simple contact d’un aimant naturel avec du fer ou de l’acier ne communique que très-lentement les propriétés attractives du premier de ces corps aux seconds, tandis que l’aimantation est très-rapide lorsqu’on frotte l’un des pôles de l’aimant sur le barreau, en suivant toujours le même sens, dans toute la longueur. Toutefois, cette méthode de contacts successifs, qui est bonne quand le barreau est court, ne présente plus les mêmes résultats quand le barreau est d’une certaine longueur. Les physiciens ont dû rechercher d’autres moyens plus efficaces, parmi lesquels celui de la double touche se distinguait particulièrement, jusqu’au moment où Ampère

découvrit le procédé si énergique et si prompt que procurent les courants électriques (v. aimant). Au moyen de ces diverses méthodes d’aimantation, on arrive à un maximum d’effet appelé état de saturation, qu’il est impossible de dépasser, et qui se perdrait peu à peu de lui-même, mais que l’on entretient en fixant à l’un des pôles de l’aimant un morceau de fer doux qui en concentre l’énergie et qu’on nomme armure ou armature.

La chaleur exerce une influence remarquable sur les facultés attractives des corps magnétiques. Ainsi, au rouge sombre, une barre de fer doux a perdu toutes ses facultés et ne les reprend qu’en se refroidissant. Des faits analogues se reproduisent sur le nickel et le cobalt, avec cette différence que les températures auxquelles ces deux métaux perdent la faculté d’agir sur l’aiguille aimantée sont différentes.

On sait que ce ne sont pas seulement des corps métalliques tels que le fer, le nickel, le cobalt et quelques autres métaux plus ou moins mélangés de fer, qui sont sensibles au magnétisme ; la plupart des substances métalliques ou végétales, telles que l’or, l’argent, le bois, le verre, etc., réduits en minces aiguilles, oscillent sous l’action de forts barreaux aimantés. Coulomb, à qui l’on doit de très-importantes observations sur le magnétisme, a cherché, en faisant des mélanges de cire et de fer, quelle était la proportion de métal nécessaire à la manifestation des phénomènes magnétiques, et il a trouvé qu’il

suffisait de la présence de de fer pour

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que l’un de ces phénomènes fût sensible. On a ainsi constaté, par une série de très-curieuses et très-délicates expériences, les facultés magnétiques proportionnelles de différents corps, et l’on a pu en déduire, entre autres résultats remarquables, que les matières organiques manifestent un magnétisme spécifique relativement considérable.

Nous avons dit qu’on avait essayé de fonder la théorie du magnétisme sur 1 hypothèse de deux fluides magnétiques, l’un austral, l’autre boréal, qui dans leur état de combinaison formeraient le fluide neutre, tandis que séparés par l’action de l’aimantation ils se porteraient en deux points opposés du corps magnétique. Cette théorie, dont Coulomb est l’auteur, fut renversée par Ampère. Ses célèbres expériences conduisirent à cette conclusion que le magnétisme n’est autre chose que la résultante des courants électriques qui circulent autour des particules des corps. Un courant électrique a la propriété de développer le magnétisme dans le 1er doux et l’acier et de rendre permanente cette influence tout le temps que dure l’action des courants. C’est de ce principe fécond que dérivent toutes les grandes découvertes faites depuis quelques années dans le domaine de la science électrique. C’est à ce principe qu’on doit le télégraphe électrique, et sur lui tout particulièrement que repose la création de la bobine de Ruhmkorff, dont l’étincelle enflamme tous les combustibles, fond les métaux et les terres réfractaires et reproduit tous les effets de la foudre.

Nous avons dit aussi que la terre se comporte comme un aimant. Les premiers phénomènes observés ont été la déclinaison probablement connue des navigateurs du xvc siècle, et l’inclinaison découverte en 1576 par Robert Norman. La déclinaison est l’angle formé par l’aiguille horizontale avec le méridien du lieu où l’on observe ; l’inclinaison est l’angle formé avec l’horiz’oniale par l’aiguille suspendue dans le plan du méridien magnétique autour d’un axe horizontal passant pur son centre de gravité. Les appareils destinés à fournir ces deux éléments d’observations ont été appelés boussole de déclinaison et boussole d inclinaison (v. boussole). On nomme équateur magnétique la courbe qui passe par tous les points où l’inclinaison est nulle, et pôles magnétiques les points où l’inclinaison est de 90°. L’équateur magnétique coupe l’équateur terrestre eu deux points presque diamétralement opposés, lun dans le grand Océan, l’autre dans 1 océan Atlantique ; mais ces points ne sont pas absolument fixes. Le pôle magnétique boréal est situé au nord de l’Amérique septentrionale, par 70" 10’ de latit. N. et 100° 40’ de longit. O. Le pôle magnétique austral est au sud de la Nouvelle-Hollande, par 75<J de latit. N. et 136° de longit. E. On a remarqué que l’intensité.du magnétisme terrestre augmente à mesure que l’on s’éloigne de l’équateur magnétique, et que cette intensité décroît quand on s’élève dans

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l’atmosphère. Indépendamment des variations irrégulières et des perturbations accidentelles qu’elle éprouve sous l’influence Je certains phénomènes, tels que les aurores boréales, elle présente encore, et cela d’une manière régulière, des variations périodiques en rapport avec les heures de la journée ; ainsi, elle atteint son maximum entre quatre et cinq heures du soir, et son minimum entre dix et onze heures du matin. Les anciennes théories considéraient la terre comme un véritable aimant agissant à distance ; on pense aujourd’hui que la terre est seulement aimantée, et 1 on trouve l’explication de son état magnétique dans les courants électriques qui circulent autour d’elle, et qui sans doute sont produits par les courants calorifiques engendrés par l’insolation successive des fuseaux qui composent sa surface. V. électroaimant et ÉLECTRO-MAGNÉTISMJS.

— Physiol. Il fut un temps où l’on n’aurait pu révoquer en doute l’existence du magnétisme animal sans s’attirer la colère des magnétiseurs fanatiques ; un autre temps vint ensuite où le mot de magnétisme sérieusement prononcé suffisait pour faire accabler de sarcasmes celui qui avait osé faire entendre un mot si ridicule ; aujourd’hui, les pratiques des magnétiseurs sont assez oubliées ou assez restreintes pour qu’on puisse, sans s’exposer à aucune espèce de violence, faire la part de la science et celle du charlatanisme dans Ces phénomènes encore aussi mal exposés que mal interprétés par des croyants trop enthousiastes ou des incrédules trop absolus.

Mais, avant d’aborder cette discussion intéressante, un court historique est nécessaire. Il est entendu, nous ne comprenons guère pourquoi, que toute science discutée cherche ses origines dans les temps les plus reculés et les pays les plus éloignés. À propos de magnétisme, on a cité les Indous, les hgyptiens, les Hébreux, les pythonisses, les sibylles, les prophètes, les inspirés et les mystiques de tous les temps, de tous les lieux. On a voulu rattacher au magnétisme le démon de Socrate, le fantôme de Brutus, les incantations de Caton, toutes les apparitions, les superstitions, les pratiques magiques, les inspirations de tout genre. Nous aurons occasion de réduire à leur juste valeur ces assimilations déraisonnables, en donnant du magnétisme une définition aussi précise que peut la comporter le sujet. Il est certain que si, avec Paul Auguez, on voulait voir dans le magnétisme « la-manifestation passagère de la domination originelle de l’homme sur la matière, le retour d’un instant a la royauté adamique du passé, lavant-goût de la royauté chrétienne de l’avenir, » on pourrait être conduit assez loin ; maison nous permettra d’écarter, sans examen, un système si peu sérieux.

En réalité, les premières traces du magnétisme se rencontrent chez Paracelse. Van Helmoiil fut un peu plus aftirmatif ; mais déjà avant lui le nom de magnétisme était en usage pour désigner une pratique qui ne s’éloigne pas trop de celles des magnétiseurs ; le Dictionnaire de Trévoux nous apprend qu’on désignait ainsi une méthode curative consistant a administrer certains remèdes qu’il ne nomme pas au sang qu’on avait tiré au malade. Toutefois, Mesmer seul a eu la gloire, si c’en est une, de signaler, de faire connaître, de populariser le nouvel agent. Nous n’avons pas à faire ici l’histoire du mesmérisme, qui trouvera ailleurs sa place naturelle. Du reste, le système de Mesmer ne lui survécut pas. Pour Mesmer, le magnétisme est un fluide universel, remplissant tout le monde créé et établissant entre les corps célestes des relations harmoniques. Le même fluide pénètre les organismes des animaux et y détermine deux pôles opposés, comme le magnétisme terrestre dans les aimants. De là le nom de magnétisme, qui n’a plus de raison d’être depuis l’abandon de ce système. Pour Mesmer, l’homme peut à volonté émettre loin de lui le fluide dont il est pénétré, et lui faire produire les effets qui constituent la puissance des magnétiseurs.

Les disciples de Mesmer essayèrent, sinon d’améliorer, au moins de simplifier la doctrine du maître. Les uns réduisirent le magnétisme animal à un fluide que l’homme peut émettre à volonté et qui n’existe pas en dehors des animaux ; les autres nièrent l’existence même du fluide et virent dans le magnétisme l’action directe de la volonté du magnétiseur.

Les immenses progrès du mesmérisme préoccupèrent bientôt l’opinion publique et finirent même par attirer l’attention du gouvernement. Une commission mixte, composée de membres de l’Académie des sciences et de la Faculté de médecine, fut chargée de contrôler les assertions des novateurs (nst). Le résultat de ses travaux, conduits avec une sagacité incontestable, etdont Bailly présenta le rapport, fut absolument contraire au magnétisme. La commission s’était appliquée surtout, en acceptant les sujets présentés par les magnétiseurs, à les soumettre à deux séries d’expériences qui consistaient : 1° à les magnétiser à leur insu ; 2° à leur faire croire faussement qu’on les magnétisait. Il arriva que ceux qu’on avait feint de magnétiser éprouvèrent le sommeil et toutes les crises de la magnétisation, et que ceux qu’on magnétisa sans les prévenir échappèrent complètement au magnétisme. La conclusion de la commission fut que les phénomènes pré*