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foi et celui de la raison, il n’y a qn^ne distinction relative aux personnes, les unes ne pouvant atteindre, à cause de leur infériorité intellectuelle, jusqu’à la vérité par la raison, et les autres n’étant plus obligées de croire pour connaître, mais ayant en elles-mêmes des moyens plus puissants île percevoir la vérité. C’est à propos de ces théories qu’Arnauld et Bossuet s’en prennent à Malebranche et l’accusent de vouloir ruiner le surnaturel au profit de la raison.

Mais ce ne sont là que des points de détail. La doctrine à laquelle le nom de Malebranche reste attaché est celle d’après laquelle l’homme voit tout en Dieu et Dieu seul opère en lui. Elle a des liens secrets avec la doctrine panthéiste de Spinoza, qui ne considère le inonde que comme une vaste machine, dans laquelle tous les rouages se meuvent en vertu du principe de la nécessité. La métaphysique de l’auteur a donc deux côtés généraux : d’une part, suivant lui, l’homme voit tout en Dieu, et la démonstration de cette proposition constitue une théorie de l’entendement ; d’autre part, Dieu est derrière chacun de nos actes, et Malebranche a fait de la démonstration de ce principe une théorie de la volonté. La pensée, dit-il, est l’essence de l’âme. Tous les pouvoirs de cette dernière sont réductibles à la faculté de penser. Du reste, l’âme est un être spirituel, qui est indépendant de l’étendue et l’exclut formellement. De sa spiritualité résulte sa simplicité, c’est-à-dire qu’elle n’est pas divisible. On peut la considérer sous deux grands aspects : la volonté et l’entendement. L’entendement est le pouvoir d’avoir des idées, la volonté celui de contracter des inclinations. Malebranche compare ces deux états aux qualités essentielles que possède la matière, d’être étendue etsujette au mouvement. Il reconnaît dans l’entendement trois forces : les sens, l’imagination et la raison pure. La raison pure donne des connaissances claires ; les sens obscurcissent ces connaissances, do même que l’imagination et les passions qui dérivent d’elles. Us donnent, d’ailleurs, un plaisir actuel ; or le plaisir est un bien et la douleur est un mal, d’où il suit qu’il faut rechercher l’un et fuir l’autre. Ce sentiment valut à Malebranche l’accusation d’épicurisrae. Nos sentiments sont des modifications de notre être acquises à l’occasion des objets extérieurs qui n en sont point la cause efliciente. Ils n’ont trait qu’à l’utile et au nuisible ; ils sont étrangers à la vérité qui réside dans les idées. L’auteur recommande, comme le meilleur moyen d’échapper à l’erreur, celui de ne pas confondre sentir el connaître. Son livre entier de la Recherche de la vérité est consacré à l’étude de l’erreur. Il termine en conseillant de se détacher le plus possible des sens et du corps pour s’unir à la raison, et par la raison avec Dieu. L’âme est placée entre les sens et Dieu ; or ■ l’esprit devient plus pur, plus lumineux, plus fort et plus étendu à proportion que s’augmente l’union qu’il a avec Dieu, parce que c’est elle qui fait toute sa perfection ; au contraire, il se corrompt, il s aveugle, il s’affaiblit et se resserre à mesure que 1 union qu’il a avec son corps s’augmente et se fortifie, parce que cette union fait aussi toute son imperfection. • Sa doctrine de l’entendement pur et" des idées est celle de la vision en Dieu. Elle est surtout contenue dans ses Méditations chrétiennes et ses Entretiens métaphysiques. On ne voit qu’en Dieu le général et l’absolu. C’est, en réalité, la théorie de saint Augustin, qu’on n’aperçoit qu’en Dieu ce qui est immuable, ce que la philosophie moderne appelle les idées nécessaires. Dans la pensée de Malebranche, cette vision s’étend aussi à la morale. ■ J’avoue, dit-il, que nous voyons en Dieu les vérités éternelles et les règles immuables de la morale. Un esprit fini et changeant ne peut voir en lui-même l’éternité de ces vérités et l’immutabilité de c#s lois : il les voit en Dieu. Mais il ne peut voir en Dieu des vérités passagères et des choses corruptibles, puisqu’il n’y a rien en Dieu qui ne soitimmuable et incorruptible...Voici comment nous voyons en Dieu ces mêmes choses : Nous ne les connaissons pas dans la volonté de Dieu comme Dieu même, mais nous les connaissons par le sentiment que Dieu cause en nous à leur présence. Ainsi, lorsque je vois Te soleil, je vois l’idée de cercle en Dieu, et j’ai en moi le sentiment de la lumière qui me inarque que cette idée représente quelque chose de créé et d’actuellement existant ; mais je n’ai ce sentiment que de Dieu, qui certainement peut le causer en moi, puisqu’il est tout-puissant et qu’il voit dans l’idée qu’il a de mon âme que je suis capable de ce sentiment. Ainsi, dans toutes les connaissances sensibles que nous avons des choses corruptibles, il y a idée pure et sentiment. L’idée est dans Dieu, le sentiment est dans nous, mais venant de Dieu. C’est l’idée qui représente l’essence de la chose et le sentiment fait seulement croire qu’elle est existante, puisqu’il nous porte à croire que c’est elle qui la cause en nous, à cause que cette chose est pour lors présente à notre esprit, et non pas la volonté de Dieu, laquelle seule cause en nous ce sentiment. • Cette distinction du sentiment et de l’idée, Malebranche l’applique à tous les objets qui peuvent solliciter lattention de l’esprit humain. On reprochait à l’auteur de taire de l’homme un automate dans la main de Dieu ; il déclare

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impie le désir d’être autre chose, car ce désir empiète sur les prérogatives divines. Après avoir défini le rôle de l’entendement, Malebranche passe à son objet, c’est-à-dire aux idées nécsesaires. Les principales sont l’idée de l’infini, l’idée de l’étendue intelligible et l’idée de l’ordre. Par étendue intelligible, il veut dire l’idée de la matière ; car sa nature d’essence, distincte de l’essence spirituelle, nous empêche de lavoir en elle-même ; il faut que Dieu nous la donne, Arnauld prétendait que cette étendue intelligible était inintelligible.

Malebranche appelle raison l’ensemble des idées nécessaires, reconnues par l’esprit uni à Dieu. La raison, c’est la sagesse et le verbe de Dieu. Elle n’est pas un bien propre à l’homme ; elle est universelle et absolue dans le sens de Hegel : «Je vois, dit Malebranche, que deux et deux font quatre, qu’il faut préférer son ami à son chien, et je suis certain qu’il n’y a point d’homme au monde qui ne le puisse voir aussi bien que moi. Or, je ne vois pas ces vérités dans l’esprit des autres, comme les autres ne le voient pas dans le mien. Il est donc nécessaire qu’il y ait une raison universelle qui m’éclaire et tout ce qu’il y a d’intelligences ; car si la raison que je consulte n’était pas la même qui répond aux Chinois, il est évident que je ne pourrais pas être assuré aussi bien que je le suis que les Chinois voient les mêmes vérités que je vois.» Ailleurs, il ajoute, à propos de la raison : ■ Elle est la même dans le temps et dans l’éternité, la même parmi nous et parmi les étrangers, la même dans le ciel et dans les enfers.»

— à C’est une impiété, dit-il, que de dire que cette raison universelle, à laquelle tous les hommes participent et par laquelle seuls ils sont raisonnables, soit sujette à l’erreur ou capable de nous tromper ; ce n’est point la raison de l’homme qui le séduit, c’est son cœur ; ce n’est pas sa lumière qui l’empêche devoir, ce sont ses ténèbres ; ce n’est pas l’union qu’il a avec Dieu qui le trompe ; ce n’est pas même en un sens celle qu’il a avec son Corps, c’est la dépendance où il est de son corps, ou plutôt, c est qu’il veut se tromper lui-même, c’est qu’il veut jouir du plaisir de juger avant de s’être donné la peine d’examiner ; c’est qu’il veut se reposer avant d’être arrivé au lieu où la vérité repose. »

Descartes déclare la conscience infaillible ; Malebranche ne reconnaît à la conscience que le caractère du sentiment et non celui d’une idée, mais il n’y a pas d’autre juge de l’idée que la conscience.

Arrivé à la théorie de la volonté ou à la faculté de prendre des inclinations, Malebranche essaye d’établir qu’elle est une forme de la pensée. Tantôt il incline à la confondre avec le jugement, tantôt avec le désir inné dans l’homme de tendre vers le bien. Du reste, la volonté et les inclinations qu’elle contracte viennent de Dieu comme les lois ou habitudes contractées par la matière ; c’est Dieu qui crée continuellement par la volonté. Au fond, pour lui, la volonté est le mouvement qui emporte l’homme vers le bien. Il trace les règles d’après lesquelles elle agit. Sa doctrine équivaut à une négation pure et ’ simple du libre arbitre. L’homme est un automate. Le péché originel lui a seul conféré un peu de liberté, celle de faire le mal, et ce peu de liberté est une punition divine. Quant aux bêtes, elles n’ont rien de pareil : n’ayant ni intelligence ni volonté, elles ne sauraient faire le mal. À ceux qui lui objectaient qu’on découvrait chez elles des rudiments d’intelligence et de libre arbitre, il demandait si par hasard elles n’auraient pas mangé du foin défendu.

La théodicée de Malebranche est conforme à sa doctrine sur l’homme ; elle a pour fondement l’idée d’infini. L’auteur établit que l’idée d’infini est identique à Dieu même. « Si l’on pense à Dieu, dit-il, il faut qu’il soit. Dieu est 1 être par excellence, l’être des êtres. 11 enferme en lui toute réalité, et toutes les créatures ne sont que des participations imparfaites de son être divin. Pour savoir de la nature tout ce qu’il nous est donné d’en savoir, il faut consulter attentivement l’idée de la perfection souveraine. Dieu étant l’être souverainement parfait, on ne peut faillir en lui attribuant tout ce qui témoigne de quelque perfection. Ainsi, il est tout-puissant, éternel, nécessaire, immuable, immense. 11 est immuable ; car seul il peut produire en lui du changement, et ses décrets, formés sur son immuable sagesse, ne sont pas sujets à révision ; il est immense, car son être est sans limites. L’immensité de Dieu est sa substance même partout répandue, partout tout entière, et remplissant tous les lieux. Créer et conserver sont pour lui une seule et même action. Il est vrai que nous ne pouvons connaître par une idée claire cette efficace infinie de la volonté par laquelle il donne et conserve l’être à toute chose ; mais si l’on jugeait la création impossible parce que nous ne pouvons concevoir la puissance de Dieu produisant quelque chose de rien, il faudrait aussi la juger incapable de remuer un fétu, l’un étant aussi difficile à concevoir que l’autre. > Ainsi, la création est possible suivant Malebranche ; mais la substance créée n’est pas susceptible d’être anéantie.

La doctrine de Malebranche sur la perfection absolue de Dieu et de ses attributs lui inspire des réflexions qui confinent à l’optimisme de Leibniz : t L’univers, dit-il, quelque

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grand, quelque parfait qu’il puisse être, tant qu’il sera fini, sera indigne de l’action d’un Dieu dont le prix’est infini. Dieu ne prendra donc pas le dessein de le produire.... Laissons à la créature le caractère qui lui convient, ne lui donnons rien qui approche des attributs divins ; mais tâchons néanmoins de tirer l’univers de son état profane et de le rendre par quelque chose de divin digne de l’action d’un Dieu dont le prix est infini, a On voit que Malebranche, à cet égard, est obligé de se perdre dans l’arbitraire. Il dirait que le monde est parfait, si une répulsion intime ne lui conseillait de se retenir. « Dieu, dit Malebranche, a vu de toute éternité tous les ouvrages possibles et toutes les voies possibles de produire chacun d’eux, et comme il n’agit que pour sa gloire, que selon ce qu’il est, il s est déterminé à vouloir l’ouvrage qui pouvait être produit et conservé par des voies qui, jointes à cet ouvrage, doivent l’honorer davantage que tout autre ouvrage produit par toute autre voie ; il a formé le dessein qui portait davantage le caractère de ses attributs, qui exprimait le plus exactement les qualités qu’il possède et qu’il se glorifie de posséder.... Un monde plus parfait, mais produit par des voies moins fécondes et moins simples, ne porterait pas autant que le nôtre le caractère des attributs divins. « Quant aux êtres de la création, ils participent à l’intention qui a présidé au dessein général du créateur : quoique pourvus d’une existence qui se continue en vertu de lois normales, ils vivent Sous la direction immédiate de la Providence, et à chaque instant, si Dieu.ne continuait de les créer, ils retomberaient dans le néant.

11 existe une édition des Œuvres complètes de Malebranche, publiée en 1842 (Paris, 2 vol. in-4») par MM. de Genoude et de Lourdoueix. M. J. Simon a édité à la même date un choix des principaux ouvrages de l’auteur à l’usage des écoles (2 vol. in-12).

On peut consulter sur Malebranche t son Éloge pour Kontenelle ; Damiron, Histoire de la philosophie du xvtie siècle ; Bordas-Demoulin, le Cartésianisme ; une étude remarquable due à M. Fr. Bouillier au mot Malebranche, dans le Dictionnaire des sciences philosophiques de M. Franck.

MALEBRANCHISMB s. m. (ma-le-branchi-sme). Philos. Doctrine idéaliste de Malebranche.

MALEBRANCHISTE adj. (ma-le-bran-chiste

— rad. Malebranche). Philos. Qui appartient au système philosophique de Malebranche : Optimisme malebranchiste.

— s. m. l’artisan du malebranchisme : Les

MALEBRANCHISTES. Un MALEBRANCHISTE ne

peut souffrir qu’on s’occupe d’autre chose que du monde intelligible. (Trév.) Cartésiens, malEBRanchiStes, jansénistes, tout se déclare contre moi. (Volt.) Les malebranchistes s’imaginent voir tout en Dieu. (Condill.)

MALECKA (Wanda Fryze, dame), femme auteur polonaise, née à Varsovie en 1600, morte en 1860. Douée d’un esprit vif et pénétrant, elle apprit en peu de temps le français, l’italien, l’anglais, l’allemand, même le latin, reçut une instruction aussi solide que brillante et épousa Clément Malecki, auditeur de l’armée polonaise, qui était lui-même un littérateur de mérite. Mm.e Malecka a consacré quarante et quelques années de sa vie à des travaux littéraires et à la publication de plusieurs feuilles littéraires pour les femmes, dans lesquelles on trouve de remarquables pièces de vers composées par elle. Elle débuta par la création d’une publication périodique, intitulée Domownik (3 mai 1818l«r mai 1820), collabora en même temps à la Semaine polonaise, sous le pseudonyme de Putftciiiicikn Zulicj-WlcjsUicj. Quelque temps après, elle commença k publier le journal intitulé Bronislawa, Souvenir pour les Polonaises (1822), et, deux ans après, elle rédigea Wanda, la Semaine vistulienne (182S), et les Annales pour les bons enfants. Mme Malecka a laissé un très-grand nombre d’excellentes traductions, parmi lesquelles nous citerons : Valeria, de Mme de Krûdener (Varsovie, 1822, 2 vol. in-12) ; Mathitde de Ilokeby, de Waïter Scott (Varsovie, 1826) ; Latla lluck, de Moor (1S26) ; les Poèmes de lord Byron (Varsovie, 1S2S) ; Conseils pour les jeunes filles, de Mme Campan (Varsovie, 1827) ; Souvenirs d’Italie, d’Angleterre et de l’Amérique, par Chateaubriand (Varsovie, 1827, m-12) ; Mazeppa, hetman des Cosaques, par Byron (Varsovie, 1828) ; Ylfomme et l’argent, roman de E. Souvestre (Varsovie, 1S45, 2 vol.) ; Je Duel sans témoins, du bibliophile Jacob (Varsovie, 1845, 2 vol.), etc.

MALÉDICTION s. f. (ma-lé-di-ksi-onhit. maledictio ; de maledicere, maudire). Action de maudire, d’exprimer le vœu qu’il arrive quelque mal grave : Lancer une malédiction. S’attirer des malédictions. Charger quelqu’un de malédictions. L’atrocité et les malédictions sont un des privilèges de la papauté. (Bignon.) Les peuples trouvent dans leurs âmes des malédictions pour les oppresseurs et des larmes pour les opprimés. (Franck.)

Je te prive, pendard, de ma succession, Et te donne de plus ma malédiction.

Molière.

— Par ext. État de réprobation, d’anatbème ; situation d’une personne fatalement

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vouée au malheur : L’orgueil attire la malédiction sur celui dont il se rend maître et prépare sa ruine. (Bible.) Bien ne choque au premier coup d’œil comme une malédiction héréditaire. (J. de Maistre.) Il Sorte de fatalité, chance constamment contraire : l’ont tourne contre moi ; c’est une malédiction.

— Elliptiq. Je maudis, je souhaite la malédiction de : Malédiction sur la tyrannie populaire ; c’est la pire de toutes. (Ch. Nod.)

— Interjectiv. Exclamation qui sert à exprimer un violent dépit : Malédiction ! it m’a échappé !

— Syn, Malédictiou, csecration, imprécation. V. EXÉCRATION.

Mulédiclion paternelle (la), tableau de

Greuze (Salon de 1765) ; musée du Louvre. Diderot a trop bien analysé cette toile célèbre, popularisée par la gravure, pour que nous recommencions après lui. Voici comment il expose le sujet et l’ordonnance du tableau : « Malgré le secours dont le fils aîné de la maison peut être à son vieux père, à sa mère et à ses frères, il s’est enrôlé ; mais il ne s’en ira pas sans avoir mis à contribution ces malheureux. Il vient avec un vieux soldat ; il a fait sa demande. Son père en est indigné ; il n’épargne pas les mots durs à cet enfant dénaturé, qui ne connaît plus ni père, ni mère, ni devoirs, et qui lui rend injures pour reproches. On le voit au centre du tableau, il a l’air violent, insolent et fougueux ; il a le bras droit élevé du côté de son père, au-dessus de la tête d’une de ses sœurs ; il se dresse sur ses pieds ; il menace de la main ; il a le chapeau sur la tête, et sou geste et son visage sont également insolents. Le bon vieillard, qui a aimé ses enfants, mais qui n’a jamais souffert qu’aucun d’eux lui manquât, fait effort pour se lever ; mais une de ses filles, à genoux devant lui, le retient par les basques de son habit. Le jeune libertin est entouré de l’aînée de ses sœurs, de sa mère et d’un de ses petits frères. Sa mère le tient embrassé par le corps ; le brutal cherche à s’en débarrasser, et la repousse du pied. Cette mère a l’air accablé et désolé ; la sœur aîuée s’est aussi interposée entre son frère et son père ; la mère et la sœur semblent, par leur attitude, chercher à les cacher l’un à l’autre. Celle-ci a saisi son frère par son habit, et lui dit, par la manière dont elle le tire : « Malheureux, que fais-tu ? tu repousses ta mère, tu menaces ton père ; mets-toi à genoux et demande pardon. • Cependant le petit frère pleure, porte une main à ses yeux ; et, pendu au bras droit de son grand frère, il s’efforce à l’entraîner hors de la maison. Derrière lé fauteuil du vieillard, le plus jeune de tous a l’air intimidé et stupéfait. À l’autre extrémité de la scène, vers la porte, le vieux soldat qui a enrôlé et accompagné le fils ingrat chez ses parents s’en va le sabre sous le bras et la tête baissée. Tout est entendu, ordonné, caractérisé, clair dans cette composition, et la douleur et même la faiblesse de la mère pour un enfant qu’elle a gâté, et la violence du vieillard et les actions diverses des sœurs et des petits enfants, et l’insolence de l’iDgrat, et la pudeur du vieux soldat, qui ne peut s’empêcher de lever les épaules de ce qui se passe. » (Jette scène villageoise, qui, selon l’expression de M. Viardot, s’élève jusqu’au drame pathétique, est admirablement ordonnée, bien dessinée et bien peinte. « C’est, dit M. Pelloquet, une des meilleurs toiles de l’auteur. » Ce tableau, qui faisait partie de la collection de Louis XV111, avait été acheté en 1820 avec le Fils puni, son pendant, pour la somme de 10,000 francs ; il a été supérieurement gravé par Robert Gaillard.

MALLE (cap), en latin Malea Promoniorium, cap du Péloponèse, terminant la Laconie au Sj.-E., au N.-E. de l’île de Cérigo. Il était redouté des navigateurs. Le cap Malée est appelé aujourd’hui cap Malia ou SaintAngjs.

MALÉE ou MALCUUS, général carthaginois qui soumit une grande partie de la Sicile (D36 av. J.-C.). Il entreprit ensuite de conquérir la Sardaigne ; mais il échoua, et fut condamné à l’exil par le sénat de Carthage. Il se jeta alors dans la révolte, conduisit son armée sous les murs de Cartilage, s’empara de la ville et fit périr tous ses ennemis (530 av. J.-C). Peu de temps après, accusé d’aspirer à la royauté, il fut massacré dans une émeute.

MALÉEN adj. m. (ma-lé-ain). Mythol. gr. Surnom de Jupiter adoré au cap Malée.

MALE-ENCHÈRE s. f. (ma-lan-chè-re — do mai adj. et de enchère). Mauvaise chance, fâcheuse aventure : En surcroit de male-enchére, nous avions en face Albion grondante, derrière nous l’Europe quasi ennemie. (Chateaub.)

MALEFAIM s. f. (ma-le-fain — de mal adj. et de/iu’m). Faim accompagnée d’une sorte de rage :

De tous les métiers le pire,

Et celui qu’il faut élire

Pour mourir de malefaim

Est a point celui d’écrire.

MOR0GUE3.

MALÉFICE s. f. (ma-lé-fi-ce — laf. maieficium ; do maie, mal, et de facere, faire). Sorcell. Sortilège au moyen’ duquel on cherche à nuire aux hommes, aux animaux ou aux récoltes : Accuser quelqu’un de maléfice. Il fut