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n’avait pu terminer. Marca a peint plusieurs salles du château de Rimini, conjointement avec Rafaellino del Colle, Gherardi, Parapello.

MARCA (Pierre DE), historien et prélat français, né à Pau en 1594, mort à Paris en 1662. Il fut nommé, en 1621, président du parlement de Pau par Louis XIII en récompense de son zèle pour le rétablissement du catholicisme dans le Béarn. Après la mort de sa femme, Marca prit les ordres, devint, en 1639, conseiller d’État, publia sur l’ordre de Richelieu, en réponse à l’ouvrage du docteur Hersent, intitulé Optatus gallus de cavendo schismate', un écrit remarquable : De concordia sacerdoti et imperii, et fut institué évêque de Couserans après quelques débats suscités à l’occasion de ses tendances gallicanes. Marca fut investi de l’archevêché de Toulouse en 1652. Il présida plusieurs fois les états du Languedoc et, devenu ministre d’État en 1658, fut choisi avec Serroni, évêque d’Orange, pour fixer les limites entre l’Espagne et la France. Promu à l’archevêché de Paris, il s’unit avec les jésuites pour combattre Jansénius et mourut au moment où il allait obtenir de la cour de Rome le chapeau de cardinal. Il est regardé comme un des plus savants prélats de l’Église gallicane. Il a publié, outre l’ouvrage cité plus haut, une histoire du Béarn (Paris, 1640, in-fol.) ; Marca hispanica (Paris, 1688, in-fol.) ; Relation de ce qui s’est fait depuis 1653 dans les assemblées des évêques au sujet des cinq propositions (Paris, 1657, in-4o).


MARCABRUN, troubadour français, né en Gascogne vers 1140, mort vers la fin du XIIe siècle. Il jouit de la faveur d’Alphonse VII, roi de Castille, et composa un grand nombre de pièces de vers, médiocres du reste, qui pour la plupart roulent sur l’amour et dont quelques-unes ont été publiées.


MARCABRUS, troubadour provençal du XIIIe siècle. Il était né en Gascogne et avait appris l’art des vers d’un des maîtres renommés de l’époque, Cercamons, qui lui enseigna aussi à jouer de divers instruments. La nature l’avait richement doué sous le rapport de l’imagination et de l’esprit ; mais son caractère difficile écartait de lui l’amitié et les sentiments tendres : il ne fut aimé d’aucune femme, c’est ce qu’il déclara lui-même dans diverses de ses pièces, et il se plut généralement à dire du mal de l’amour. Marcabrus voyagea peu ; il se dédommagea de l’utilité qu’il aurait pu trouver à des voyages en critiquant son siècle et son pays. Il fit dans sa jeunesse quelques pastourelles amoureuses, mais l’esprit satirique du poète perce là comme partout. La satire était son vrai talent ; il a du sel, de la gaieté, de la variété. Malheur au vice accompagné du ridicule ! Malheur à la dévotion outrée, à l’économie qui frise l’avarice, à la prudence qui côtoie de trop près la lâcheté !

Un de ses sirventes les plus remarquables est une pièce qui représente allégoriquement, sous le symbole d’un arbre étendant partout ses rameaux, le pouvoir royal qui s’accroît sans cesse et étouffe toute indépendance et toute originalité locale sous son ombre : « Je m’émerveille de tant de puissance, jeune et vieille, de tant de rois, de comtes et d’amiraux, de princes qui tous sont pendus à l’arbre ; l’avarice les y attache et les fait tous manquer de cœur ; aucun n’échappera. » Il interpelle aigrement la jeunesse qui, couarde et bien peignée, s’occupe à courtiser la danse au lieu de ceindre l’épée : Jouvence était fière jadis, mais elle est maintenant si recrue, que jamais elle ne retrouvera ni honneur ni joie ; bassesse l’a tellement conquise, qu’elle n’a plus réussi à s’en affranchir, ayant perdu loi et foi. Il y a longtemps qu’elle n’a paru ici parmi les barons fameux ; elle est allée au loin en exil ; et là-bas où elle est, Marcabrus la salue et lui dit qu’elle aurait pu ne pas fuir, car ici jamais personne ne l’eût inquiétée. »

On croit savoir que ce satirique eut une fin malheureuse, que les seigneurs de Guyenne le tirent tuer, fatigués qu’ils étaient de l’entendre dire du mal d’eux. Marcabrus fut un des derniers troubadours. M. Mary Lafont lui attribue un grand poème provençal qu’il a traduit sous le titre de la Dame de Bourbon, et M. Fauriel sous celui de Flamenca, qui est le nom de l’héroïne ; dans ce cas, ce serait l’œuvre la plus considérable de Marcabrus ; mais son assertion ne repose que sur de bien faibles données.


MARCADÉ (Victor-Napoléon), jurisconsulte français, né à Rouen en 1810, mort en 1854. Il fut, de 1845 à 1851, avocat à la cour de cassation et publia des ouvrages qui lui ont assuré un rang distingué parmi les jurisconsultes. On a de lui : Éléments du droit civil français ou Explication méthodique et raisonnée du code civil (Paris, 1842) ; la cinquième édition est intitulée : Explication théorique et pratique du code Napoléon Paris, 1858-1859, 9 vol. in-8o) ; des travaux dans le Journal de Paris, dans la Revue critique de législation et de jurisprudence, dont il fut l’un des fondateurs, et Études de science religieuse (Paris, 1847, in-8o).


MARÇAICHE s. m. (mar-sè-che). Anc. cout. Droit qu’on payait sur le poisson de mer vendu au marché.


MARCAIGE s. m. (mar-kè-je). Anc. cout. Droit de pâturage sur un terrain voisin.


MARCAIRE, MARKAIRE ou MARQUAIRE s. m. (mar-kè-re). Ouvrier employé, dans les Vosges, à la fabrication des fromages cuits.


MARCAIRERIE, MARKAIRERIE ou MARQUAIRERIE s. f. (mar-kè-re-rî — rad. marcaire). Chaumière où l’on fait les fromages cuits, dans les Vosges. || Pâturage clos, dans les environs de Thionville. || On dit aussi marcairie.


MARCAL s. m. (mar-kal). Métrol. Mesure de capacité pour les matières sèches, usitée dans l’Inde, et équivalant à 12lit,29242.


MARCANDIER s. m. (mar-kan-dié-rad. marchand). Nom donné autrefois à des mendiants qui faisaient partie de la nation argotique et qui, suivant Sauval, allaient d’ordinaire par les rues deux à deux, vêtus d’un bon pourpoint et de méchantes chausses, criant qu’ils étaient de bons marchands ruinés par la guerre, par le feu ou par semblables accidents.


MARCANDIER (Roch), journaliste et pamphlétaire français, né à Guise en 1767, guillotiné à Paris en 1794. Il fut un des membres les plus fougueux du club des Cordeliers au commencement de la Révolution et s’attacha quelque temps à Camille Desmoulins comme secrétaire. Après les journées de Septembre, il fut entraîné, par l’horreur légitime que lui inspirèrent ces événements, à publier une Histoire des hommes de proie, relation prétendue des massacres, qui est marquée du cachet de l’exagération la plus outrée et qui n’est qu’un recueil de toutes les légendes qui eurent cours sur ces scènes tragiques. Ce pamphlet souvent cité est une des sources où ont puisé les écrivains de parti. Rallié aux girondins, l’aventureux publiciste publia au moment de leur chute un libelle périodique qu’il imprimait lui-même dans un réduit secret et que sa femme allait afficher la nuit. Cette feuille, où il déversait, dans un style cynique imité d’Hébert, ses haines frénétiques contre la Convention et les montagnards, avait pour titre : le Véritable ami du peuple, par un s…… de sans-culotte qui ne se mouche pas du pied. Il finit par être arrêté et condamné à mort comme contre-révolutionnaire et fédéraliste.


MARCARIA, ville du royaume d’Italie, prov, de Crémone, district et à 18 kilom. N.-E. de Casalmaggiore, ch.-l. de mandement, près de la rive gauche de la Chiese ; 7,477 hab.


Marcas (Z.), roman, par H. de Balzac. V. Scènes de la vie politique.


MARCASSIN s. m. (mar-ka-sain. — Huet tire ce mot du bas latin meracus, de merus, seul, rare, parce que, dit-il, cet animal ne va pas par troupe, mais seul et sans compagnie. Quelques-uns l’ont aussi rapporté au bas latin marcasium, marais, le marcassin aimant les bourbiers. L’opinion la plus vraisemblable est celle qui le fait provenir du germanique : ancien allemand mor, morchen, dérivé, par le changement du b en m, de l’ancien haut allemand barc, porc, diminutif barcchen, petit porc, anglo-saxon bar, et aussi bearug, bearg, scandinave varaha, etc. Toutes ces formes correspondent sans doute au sanscrit varaha, qui s’applique seulement au sanglier et au verrat). Jeune sanglier au-dessous d’un an : La chair du marcassin est délicate. Le marcassin ne parait guère sur nos tables que piqué, en superbe plat de rôt. (Grimod.) Le maréchal d’Albret s’évanouissait à la vue d’un marcassin. (Balz.)

— Nom donné, dans quelques départements, aux jeunes cochons.


MARCASSIN, INE adj. (mar-ka-sain, i-ne). Qui appartient, qui a rapport aux marcassins, aux jeunes sangliers. || Mot employé par La Fontaine.


MARCASSITE. f. (raar-ka-si-te — de l’arabe markazat, pyrite). Minér. Fer sulfuré ou pyrite cubique.

Fausse marcassite, Globule de verre, étamé de façon à offrir l’aspect de la marcassite naturelle.

— Encycl. On désigne sous ce nom, en minéralogie, un sulfure de fer dont la formule est FeS2. La marcassite cristallise dans le système cubique, en présentant l’hémiédrie à faces parallèles, avec des traces de clivage cubique. Elle brûle à la flamme de la bougie ; en la chauffant dans un tube, le soufre se sublime ; à la flamme intérieure du chalumeau, on obtient un résidu attirable au barreau aimanté. Les acides non oxydants ne l’attaquent pas : l’acide azotique donne une effervescence, avec dégagement d’hydrogène sulfuré. La dureté de la marcassite est celle du feldspath ; elle fait feu au briquet sans donner d’odeur. Elle est très-fragile, et sa cassure est raboteuse, rarement conchoïdale. Sa couleur est le jaune de laiton plus ou moins foncé, avec un éclat métallique très-prononcé, d’où le nom de pyrite jaune qu’on lui donne souvent. Elle se rencontre fréquemment cristallisée en cubes ou octaèdres, ou en une combinaison des deux ; la forme la plus ordinaire est le dodécaèdre pentagonal, hémiédrie de l’hexatétraèdre ; on trouve aussi souvent sur le même cube les faces de deux dodécaèdres, quelquefois un solide à vingt faces, dans lequel les faces du dodécaèdre se distinguent toujours par leurs stries, celles de l’octaèdre étant généralement plates et lisses. Outre ces variétés cristallisées, la marcassite se rencontre concrétionnée, formant des boules hérissées de pointes cristallines ; leur cassure est ordinairement compacte, rarement fibreuse, parfois soyeuse et veloutée. La marcassite forme encore très-fréquemment des dendrites, ramifiées autour d’axes rectilignes ou courbes ; elle se présente enfin en masses amorphes, à cassure inégale et raboteuse. Cette substance remplace très-fréquemment par pseudomorphose des débris organiques, surtout dans le lias ; elle se comporte dans ce cas assez souvent comme le quartz, respectant la structure de la matière organique et paraissant avoir été amenée après le remplissage des vides par d’autres substances, le plus souvent la chaux carbonatée. La pyrite jaune est susceptible d’une décomposition assez remarquable, et devient alors la pyrite hépatique, avec les formes extérieures de la pyrite ; elle ne renferme plus alors que du sesquioxyde de fer avec sa coloration rouge ; le soufre a complètement disparu, tout en laissant au cristal sa netteté. Quelquefois l’altération n’est pas complète, et l’on trouve au milieu un noyau de pyrite intacte, Cette décomposition s’est souvent faite sur de grandes masses dans la nature. La marcassite ne s’altère pas à l’air, et se conserve facilement dans les collections.


MARCASSUS (Pierre DE), littérateur français, né à Gimont (Gascogne) en 1584, mort à Paris en 1664. De bonne heure, il vint à Paris, où il fut professeur d’humanités au collége de Boncourt, précepteur d’un neveu du cardinal de Richelieu et professeur d’éloquence au collège de la Marche. Marcassus était un écrivain médiocre, ce qui ne l’empêchait pas d’être rempli de vanité, au point de prétendre qu’il avait l’avantage de n’avoir personne au-dessus de lui. Il a composé des romans : Clorimène (Paris, 1626, in-8o) ; Timandre (in-8°) ; Amadis de Gaule (1629) ; des pièces de théâtre : Éromène, pastorale (1633) ; les Pescheurs illustres, tragi-comédie (1648) ; des Lettres morales (1629) ; des pièces de vers en latin et en français ; enfin des traductions des Bucoliques de Virgile (1621), des Amours de Daphnis et Chloé de Longus (1626), des Dionysiaques de Nonnus, du Traité de l’âme d’Aristote, des Odes d’Horace (1604).


MARCATION s. f. (mar-ka-si-on — rad. marquer). Hist. Ligne de marcation, Ligne primitivement tracée par Alexandre VI, sur la mappemonde, pour délimiter les possessions espagnoles des possessions portugaises, et qui, rectifiée plus tard, prit le nom de ligne de démarcation.


MARCATRUDE, une des femmes de Gontran, roi de Bourgogne, troisième fils de Clotaire Ier, née vers 545, morte en 581. Elle était fille de Magnacaire, duc de Salins et de la Bourgogne Transjurane. Gontran, pour l’épouser, répudia Vénérande, sa première femme, et ne tarda pas à la répudier à son tour pour mettre dans son lit une de ses servantes, Austrechilde. Les deux frères de Marcatrude, indignés, ayant un peu trop montré leur mécontentement, Gontran les fit taire en les empoisonnant (577).


MARCEAU s. m. V. MARSAULT.


MARCEAU (François-Séverin des Graviers), général de la République, né à Chartres le 1er mars 1769, blessé mortellement le quatrième jour complémentaire de l’an IV (20 septembre 1796), et mort trois jours après à Altenkirchen. Parmi les grandes figures de la Révolution, où les héros encombrent pour ainsi dire l’histoire, celle de Marceau brille d’un éclat légendaire et qu’aucune réaction n’a pu ternir. Son père, procureur au bailliage de Chartres, le destinait au barreau ; mais, à l’âge de seize ans, le jeune homme s’engagea dans un régiment. En 1789, il était sergent et se trouvait en congé à Paris le 14 juillet. Quelques jours auparavant, il s’était rencontré avec Élie, officier de fortune du régiment de la Reine, qui, dans la grande journée, fut choisi comme chef par l’une des colonnes qui marchèrent sur la Bastille, colonnes presque entièrement composées de gardes-françaises. Marceau se joignit à ces vaillants compagnons et se distingua par son entrain, sa promptitude dans l’attaque, son ardeur à rechercher les postes les plus périlleux. Quand le peuple se fut rendu maître de la place, quelques-uns de ceux qui l’avaient vu à l’œuvre le cherchèrent pour le féliciter : il venait de s’éclipser, sans rien réclamer dans l’honneur de la victoire. Gratifié d’un congé définitif, comme vainqueur de la Bastille, il fut élu instructeur de la garde nationale de Chartres et remplit cette fonction jusqu’à l’époque où les menaces de la coalition provoquèrent le grand mouvement des enrôlements volontaires. Marceau fut des premiers à s’inscrire. Ses antécédents militaires lui valurent immédiatement le grade d’officier, et il fut dirigé vers l’armée des Ardennes, commandée alors par La Fayette ; enfin, après plusieurs avancements successifs, il prit le commandement du 2e bataillon des volontaires d’Eure-et-Loir (12 juillet 1792). Lorsque le jeune commandant arriva à l’armée des Ardennes, La Fayette venait d’abandonner son poste ; la discipline était fort relâchée dans cette armée ; la parole entraînante de Marceau contribua puissamment à faire rentrer les troupes dans l’obéissance ; un certain nombre d’officiers paraissaient disposés à aller rejoindre La Fayette, Marceau les réunit autour de lui et les décida à rester au camp par une chaleureuse et patriotique harangue, qu’il termina par ces mots : « La patrie avant nos généraux : notre place est à la frontière, vous tournez le dos à l’ennemi ! »

Envoyé avec son bataillon en garnison à Verdun, il fut un des officiers qui s’opposèrent énergiquement à la capitulation, sans pouvoir l’empêcher. Après la mort de l’héroïque Beaurepaire, comme il se trouvait être le plus jeune des officiers supérieurs, il fut chargé de la pénible mission de porter la ratification du traité au camp prussien. Conduit sous la tente du roi de Prusse, il ne put retenir des larmes de douleur et de colère. Le roi en fut touché, et chercha à le consoler en rendant hommage au courage des défenseurs de la place. Le lendemain, pendant le défilé de la garnison qui évacuait la ville, on entendit une voix crier aux Prussiens : « Au revoir, dans les plaines de la Champagne ! » Quelques soldats prétendirent avoir reconnu la voix de Marceau. Il avait perdu pendant le siège une partie de ses effets et un peu plus de 400 francs ; c’était le total de ses épargnes. Un représentant du peuple en mission lui demanda : « Que voulez-vous qu’on vous rende ? » Marceau, jetant un coup d’œil sur son sabre ébréché, répondit : « Un sabre nouveau pour venger notre défaite. » La Convention, quelques mois après, décrétait la mise en accusation des officiers qui avaient consenti à la capitulation de Verdun. Marceau fut seul excepté nominativement, et sa conduite obtint des éloges publics.

Le jeune officier demeura assez longtemps encore à l’armée du Nord. Il faisait partie de l’avant-garde, sous les ordres du général Dillon, et il avait à soutenir de continuelles escarmouches. Les privations n’étaient pas moindres que les dangers. Le 24 septembre, il écrivait à un de ses amis : « Il y a trois jours que le pain nous manque, les convois ayant été obligés de prendre le grand tour pour éviter l’ennemi. » Cependant il n’insistait pas sur cette cruelle situation ; il s’emportait surtout contre les pillards de l’armée, qui troublaient la sécurité et les possessions des citoyens paisibles, et qui compromettaient la solidité des troupes devant l’ennemi. Rétablir la discipline fut le soin constant de Marceau pendant toute cette campagne. Adjudant-major le 1er décembre 1792, il fut nommé, le 25 mars 1793, lieutenant-colonel en second par la presque unanimité de ses camarades ; puis, en mai, il passa comme lieutenant-colonel en premier aux cuirassiers-légers de la légion germanique, et fut envoyé en Vendée. Ici se place un curieux incident de la vie de Marceau. Les représentants Bourbotte et Julien, de Toulouse, avaient reçu mission d’examiner la conduite des chefs de la légion germanique, avec pouvoir de faire arrêter immédiatement quiconque, à quelque grade que ce fût, leur paraîtrait suspect d’incivisme et de dispositions contre-révolutionnaires. Marceau, arrivé depuis peu au camp, fut mis en prévention, en même temps que Westermann, et traduit en jugement par les ordres de Bourbotte ; il refusa de se disculper des accusations portées contre lui et se borna à raconter sa conduite de la manière la plus brève et la plus simple. Un représentant du peuple, Goupilleau, ne put s’empêcher de dire : « Si Marceau, que je vois pour la première fois et que j’apprécie par sa manière de se défendre, n’est pas aussi vrai républicain qu’il est brave soldat, je ne compterai plus sur personne. » Avons-nous besoin d’ajouter qu’il fut absous ? En juin 1793, Marceau se trouvait à Saumur ; le 9 au soir, les royalistes se présentèrent devant cette ville avec de l’artillerie, après avoir coupé toute communication avec un corps de 5,000 républicains établis à Thouars. À la suite d’un premier engagement, la panique se mit dans les rangs des volontaires. L’infanterie, en déroute, courait à travers Saumur, en criant : Trahison ! Au milieu de la débâcle, Marceau se trouva rapproché de Bourbotte, lequel venait d’être désarçonné, son cheval tué sous lui. Il mit pied à terre et lui présenta les rênes du sien, en lui disant : « Montez vite ; j’aime mieux être pris ou tué que de voir un représentant du peuple tomber aux mains de ces brigands. » — « C’est ainsi, dit un de ses biographes, que le général républicain se vengeait des soupçons qui n’auraient jamais dû approcher de lui. »

Le 10 novembre, il était nommé général de division. Il n’avait alors que vingt-quatre ans. Au combat de Dol, il sauva le corps de Westermann, imprudemment engagé, poursuivit l’ennemi jusqu’à Autrain, où on se battit vingt-deux heures. Chargé par intérim du commandement du corps de Rossignol, il ent à agir avec Kléber, qui avait pu apprécier son jeune collègue à l’armée du Nord et qui lui proposa de lui abandonner le plan de campagne. « Menez cette armée à la victoire, lui répondit Marceau ; qu’est mon courage auprès de votre génie ? Je courrai sous vos ordres à l’avant-garde. » Et ils choisirent comme point de concentration Foulletourte, en avant de Pontlieue et non loin du Mans. Ce fut pendant cette campagne et à la suite d’un combat livré à La Rochejaquelein devant Pontlieue, qu’eut lieu l’épisode romanesque dont on a tant parlé.

Parmi les troupes vendéennes, une toute