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l’antre lupercal. À cet endroit on éleva un petit temple dans lequel se voyait la statue du dieu Pan, représenté ceint d’une peau de chèvre. Bâti par le roi Evandre, ce temple fut restauré par Auguste, qui rétablit les fêtes des lupercales, tombées en désuétude. On appelait aussi ce temple : temple de Rumia (de rumen, mamelle), parce qu’il se trouvait en face de la statue do la louve allaitant Komulus et Rémus, placée sous le figuier Ruminai. Une tradition rattachait l’allaitement de Romulus et de Rémus à cet autre même, qui avait eu de tout temps une certaine importance religieuse.

LUPÈRE s. m. (lu-pè-re — du gr. luperos, triste). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des cycliques, tribu des galérucites, comprenant un assez grand nombre d’espèces réparties sur tous les points du globe : La larve du lupùrb, nui mange les feuilles de l’orme, est assez grosse et ovale. (V. de Bomare.) „

LUPÉRINE s. f. (lu-pé-ri-ne — du gr. luperos, triste). Entom. Genre d’insectes lépidoptères nocturnes, de la tribu des apamides, dont l’espèce type est commune dans toute l’Europe.

— Encycl. Ce genre de lépidoptères peut être ainsi caractérisé : antennes légèrement crénelées dans les mâles, filiformes dans les femelles ; palpes droites, dépassant la tète, ayant les deux premiers articles velus, et le dernier cylindrioo-conique ; abdomen terminé par une touffe de poils dans les mâles, en pointe dans les femelles ; ailes supérieures jiortant des taches bien distinctes entre deux lignes transverses et ondulées ; chenilles affectant la forme de vers, de couleur livide, avec des points verruqueux plus ou moins distincts. Ces chenilles rongent les racines des arbres dans lesquelles elles creusent souvent des galeries. Leurs transformations s’opèrent dans des coques de terre agglutinée. Le genre lupérine comprend une dizaine d’espèces européennes. La lupérine testaeée ou avare a les ailes supérieures d’un gris sombre, tirant sur le roussâtre, avec une large bande transversale médiane plus foncée, et bordée par deux doubles lignes onduleuses, noirâtres. On remarque en outre une étroite bande brune contre le bord terminal. Les ailes postérieures sont d’un blanc grisâtre. Cette espèce est commune en Allemagne et en France, notamment aux environs de Paris. La lupérine infesta ou double-feston a le corps d’un gris tirant sur le brun. Les ailes antérieures, d’un gris nébuleux, portent deux taches pâles dans le milieu et trois lignes transversales ondulées. La seconde de ces lignes figure assez bien un M, et la dernière placée près du bord terminal est fortement dentelée. Les ailes postérieures, d’un gris brunâtre, sont beaucoup plus pâles à leur base. Cette espèce se trouve aux environs de Paris et dans toute la France. La lupérine basilienne ou douteuse a !e corps d’un gris brunâtre. Les ailes antérieures, d’un gris ferrugineux dans la plus grande partie de leur étendue, sont plus foncées dans le milieu, avec deux taches centrales jaunâtres, situées entre deux lignes transversales, très-ondulées, d’un ton plus clair que le reste de l’aile, bordées de brun des deux côtés. Une autre ligne longe le bord terminal à côté d’une série de points noirs. Enfin, une quatrième ligne qui est noire s’étend de la base do l’aile jusqu’à la première ligne transversale. Les ailes postérieures sont d’un gris obscur plus marqué à l’extrémité. Cette lupëriiie est répandue non-seulement en France, mais encore dans la plus grande partie de l’Europe.

LUPERQUE s. m. (lu-pèr-ke — lat. luperCits, même sens). Antiq. rom. Prêtre préposé au culte du dieu l’an : Les luperques étaient dans l’origine divisés en deux ordres ou collèges, les Fabiens et les Quinfiliens.

—■ Encycl. Ces prêtes romains jouaient le principal rôle dans la célébration des lupercales. Ils formaient un collège dont les membres furent primitivement des jeunes gens de familles patriciennes, et que l’on dit avoir été institué par Romulus et Rémus. Ce collège était divisé en deux classes ; l’une portait le nom de Fabiens, l’autre celui de Quintiliens. Ces noms sont les mêmes que les légendes sur l’ancienne Rome donnaient aux compagnons de Romulus et de Rémus ; il semble donc que la dignité de luperque fut d’abord réservée à. certaines familles. Mais s’il en fut ainsi à l’origine, ce De fut pas un usage durable, quoique les deux classes aient conservé leur dénomination primitive. Nous savons, eu effet, par Festus, que, dans la suite des temps, le nombre des lupergues s’accrut, parce que beaucoup de citoyens recherchaient l’honneur d’être inscrits dans leur collège, quia honoris gratta multi in lupercis adscribebantur. On ignore quelle était la durée de cette charge ; mais il est établi par des inscriptions qu’une personne la remplit deux fois et une autre trois fois. On a conclu justement de là qu’elle n’était pas à vie. Aux deux classes du collège des lupergues Jules César en ajouta une troisième, qu’il nomma les Juliens ; il leur donna Antoine pour grand prêtre, et leur assigna des revenus. Les historiens ne nous disent pas si ces revenus furent attribués à tous les tupergues, ou réservés aux Juliens. Quoi qu’il en

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soit, ceux-ci ne paraissent pas avoir survécu à leur fondateur. On distingue quelquefois les deux classes primitives de luperques sous le nom de luperques anciens (luperci veleres). Bien que les luperques eussent été pris longtemps, d’une manière exclusive, dans les familles nobles, leur conduite étrange et indéceute dans les lupercales finit par offenser la pudeur et la politesse des Romains plus raffinées de la fin de la République. Cicéron les caractérise en ces termes : Fera qusdam sodalitas et plane pastoricia atque agrestis, quorum coitio illa silvestris ante est institula quam humanitas atque leges ; «un collège sauvage, tout à fait digne d’un peuple de pasteurs et de mœurs agrestes, dont fa création remonte avant la civilisation et les lois, i

LUPERSAC, bourg et commune de France (Creuse), cant. de Bellegarde, arrond. et à 16 kilom. N.-E. d’Aubusson ; l, S3ï hab. L’église paroissiale, construite au xne siècle,est remarquable par l’élévation du transsepj, par la disposition des cinq baies qui éclairent le chevet et par la belle tour qui la surmonte. Une des portes latérales porte les armes de la famille d’Orléans. La tour qui s’élève au centre de la croisée frappe par son élégance.

LUPI (Antoine-Marie), érudit et jésuite italien, né à Florence en 1G95, mort à Païenne en 1737. Il devint, en 1733, directeur du collège des nobles, à Palerme. C’était un homme très-versé dans la connaissance de l’histoire, de la philosophie, des mathématiques, de l’archéologie italienne. Nous citerons : Thèses historiés chronologies ad vitam S. Conslantini Alagni imperator’is (173G) ; Disserlazioni e lettere filologiche (Arezzo, 1753) ; Disserlazioni, lettere ed altre operelte (Faenza, 1755), ecc.

LUPI (Marie), historien et prélat italien, né en 1720, mort en 17S9. Nommé chanoine à Bergame, sa ville natale, puis archiviste du chapitre, il découvrit, dans les papiers des archives, de nombreux et très-intéressants documents sur l’histoire et les institutions civiles et politiques de l’Italie au moyen âge. Son principal ouvrage est : Memorie sloriche delta citta e chiesa di Bergamo (Bergame, 1803, 3 vol. in-S°).

LUPI (Bartolomeo), sculpteur florentin. V. Baccio ba Mokte-Lupo.

LUPIA, nom latin de Leccb et du Loing.

LUP1CIN (saint), moine français, né en Bourgogne vers 390, mort vers 4S0. Avec le concours de saint Romain, son beau-frère, il fonda, près du mont Joux, la fameuse abbaye de Saint-Claude, dont il prit la direction absolue après la mort de saint Romain ; et, lorsqu’il sentit la mort s’approcher, il alla finir ses jours au monastère de Leuconne. Lupicin fut l’un des plus illustres prélats qui aient occupé le siège épiscopal de Besançon. L’Église l’honore le 21 mars.

LUP1C1NE (Euphémie-Flavia-Allia-Marcia), impératrice d Orient. V. Eitphémie.

LUPIN s. m. (lu-pain — du lat. lupinus, mot que quelques étymologiste rapportent à lupus loup, parce que cette plante dévore, épuise la terre, et ils comparent l’allemand wolfsbohne, fève des loups. Pietet signale, en fait d’analogies aryennes, le sanscrit làbhya, qui désigne une certaine espèce de fève, et signifie désirable, de la racine lubh, désirer, le même que le persan lûbyah, lùbah, arménien lubai, espèce de fève. Cependant il est possible que ces termes n’offrent qu’une ressemblance fortuite avec le latin lupinus. Le polonais lupina, luspinka signifie cosse, gousse, écorce, et dérive de lupic, peler ; russe lupiti ; lithuanien tupli ; grec lepâ, peler). Bot. ■Genre de plantes, de la famille des légumineuses, tribu des lotées, répandu surtout dans les régions tempérées de l’hémisphère nord : Le lupin blanc est cultivé fréquemment dans nos déparlements méridionaux. (P. Duchartre.) On, sème, en Angleterre, les lupins parmi les panais, pour la nourriture du bétail. (V. de Bomare.) Il Graine de la même plante : Semer du lupin. Il Faux lupin, Nom vulgaire d’une espèce de trèfle.

— Ane. métrol. Poids qui était en usage dans l’Égypte, en Judée et dans l’Asie Mineure, et équivalait à la sixième partie d’une drachme. Il Espèce de fève, qui, chez les Romajns, faisait office de monnaie, dans les scènes de théâtre où il fallait compter de l’argent, ou de jetons au jeu.

Encycl, Bien que le lupin soit un végétal

d’apparence assez modeste, peu de plantes ont une histoire aussi intéressante que la sienne. Sa réputation remonte très-haut, et on le trouve fréquemment mentionné chez les auteurs de l’antiquité. Les Grecs, qui l’avaient reçu des Égyptiens, le cultivaient en grand, pour le donner aux bestiaux, mélangé avec de la paille hachée. Théophraste le recommande pour cet usage. Ses graines servaient à la nourriture de l’homme. Les philosophes, et surtout les cyniques, en faisaient la base de leur alimentation et en portaient sur eux habituellement. Voici un fait que rapporte V. de Bomare : « Protogène, travaillant à ce chef-d’œuvre de Jalyse, pour l’amour duquel Démétrius manqua depuis de prendre Rhodes, ne voulut pendant longtemps se nourrir que de lupins simplement apprêtés, afin d’être maître de son imagination, et de donner de la vivacité à ses ouvra LUPI

ges. On ne conseillerait pas le régime du lupin aux artistes de nos jours, mais on doit louer le principe qui guidait le rival d’Apelle et l’ami d’Aristote. » Cette graine parut ensuite sur les tables les plus somptueuses, pour être plus tard convertie en pain, offerte aux mânes, reléguée chez les pauvres, et enfin employée à nourrir les animaux domestiques. En Asie et en Égypte, les graines de lupin formaient l’étalon d’un poids qui portait leur nom, et qui valait sept grains de France. Chez les Romains, le lupin n’était pas moins estimé. « De tous les légumes, dit Columelle, le lupin est celui qui mérite le plus d’attention, parce qu’il emploie moins de journées, coûte très-peu et fournit un excellent engrais pour les terres maigres. » Tous les auteurs géoponiques venus après en parlent dans le même sens. Le lupin se vendait tout cuit sur les marchés de Rome ; il servait de nourriture habituelle ; après lui avoir fait perdre sa saveur amère, on le mangeait au sel et au vinaigre, ou bien assaisonné au garura ou aux herbes fines, etc. Les généraux à qui l’on accordait les honneurs du triomphe, les citoyens qui aspiraient au pouvoir, faisaient distribuer au peuple des graines de lupin ; de semblables distributions avaient lieu par les soins des édiles, à l’occasion des fêtes publiques. Dans les représentations théâtrales, ces graines tenaient lieu d’argent monnayé ; de là l’expression proverbiale : nummus lupinus, qui, comme aurum comicum, servait à désigner une monnaie fictive et par conséquent de pe» de valeur. Pour empêcher que ces graines. "-’.ssent attaquées par les larves d’insectes, on les faisait sécher à la fumée. Enfin, les cultivateurs faisaient beaucoup de cas de la plante comme engrais vert. Les lupins se distinguent facilement des autres genres de légumineuses par leurs feuilles digitées, ordinairement à cinq folioles ; leurs fleurs assez grandes sont réunies en grappes terminales ; la gousse est coriace, oblongue, comprimée, et renferme deux ou plusieurs graines. Ce genre comprend un grand nombre d’espèces, arbrisseaux, sousarbrisseaux ou plantes herbacées, qui croissent pour la plupart dans les régions tempérées du globe, notamment de l’Amérique du Nord...

Le lupin blanc est l’espèce la-plus intéressante. Sa tige droite, qui atteint om,50 de hauteur, porte des feuilles digitées à cinq ou sept folioles ovales, glabres en dessus, soyeuses en dessous, et se termine par une grappe terminale de fleurs blanches. Il est annuel ; on le regarde comme originaire du Levant ; il est aujourd’hui cultivé dans la plus grande partie de l’Europe méridionale. Il réussit surtout dans les terrains légers, chauds et secs, et n’exige que des labours peu profonds ; mais il craint l’humidité autant que la gelée. Le lupin, outre les produits-qu’il donne dans les pays chauds, a plusieurs avantages : il permet de remplacer les jachères par des récoltes dérobées ou par une fumure verte ; on le substitue aux raves que la sécheresse ne permettrait pas toujours d’y cultiver avec succès. D’un autre côté, par la(rapidite de sa croissance et par l’ampleur de son feuillage, il surmonte et étouffe les mauvaises herbes. Enfin, sa graine se conserve sur pied dans sa gousse, sans se perdre, aussi longtemps qu’on le désire, après sa maturité achevée, de sorte qu’on peut toujours choisir un moment opportun pour la récolter.

a Si l’on était curieux, dit Bosc, de fairela comparaison de la somme nécessaire pour l’achat des engrais animaux capables de fumer un champ, et de ce que coûtent la graine et les petits frais de culture excédant la culture ordinaire, on verrait du premier coup d’œil que tout l’avantage est pour le lupin. On objectera que l’engrais animal sera plus actif et durera plus ; soit : mais quel est le particulier assez riche en engrais, dans les pays méridionaux, pour fumer tous ses champs ? Combien en est-il que les frais de transport empêchent de fumer ceux qui sont éloignes de leur maison. ? Il n’eu est pas moins vrai que l’emploi du lupin est excellent. Je ne connais aucune plante dont la culture soit moins coûteuse et plus avantageuse dans lespays pauvres, même dans les bons fonds qu’on est forcé de laisser en jachère. •

Ceci s’applique à la culture du lupin comme engrais vert ; mais on le cultive aussi comme fourrage, soit pour sa fane, soit pour sa graine. Dans le premier cas, on le sème après la moisson et par-dessus les chaumes que celle-ci a laissés en terre. Enterré par un labour à la charrue, au moment de sa floraison, il forme un excellent moyen de fertiliser économiquement les terres sèches et légères, destinées à recevoir des céréales, ou plantées en vignes, surtout quand elles sont situées à une grande élévation. Il redoute les terrains compactes, limoneux, marécageux, crayeux ou argileux. La rapidité de sa végétation et lo peu de soins qu’il exige le rendent très-propre à entrer dans presque tous les bons assolements.

Dans plusieurs provinces de la France et de l’Italie, le lupin est employé à faire des prairies artificielles et fournit un fourrage vert excellent, recherché des bœufs, des vaches, et surtout des moutons, et très-propre à les fortifier et à les engraisser. On le sème souvent mêlé au trèfle, et ce mélange convient mieux que tout autre fourrage, pour donner de l’embonpoint et de la vigueur aux

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bœufs et aux vaches, qui l’aiment beaucoup, tandis qu’il est dédaigné par le menu bétail, bien que celui-ci soit avide des jeunes tiges du lupin. Un des principaux avantages de cette plante est de prospérer dans les terrains maigres, pierreux et sablonneux, qu’elle améliore en y formant de bons pâturages pour les moutons.

« La tige desséchée du lupin, dit L. Millot, est très-dure, peu appétissante et peu propre à servir d’aliment aux bestiaux ; mais elle peut être utilisée comme litière. Dans les Vosges, on la brûle pour chauffer les fours ou pour obtenir, soit des cendres employées à faire des lessives, soit de la potasse.^ Lorsqu’on la soumet en vaisseau clos à l’action du feu, elle fournit un charbon supérieur en qualité à celui du fusain et à tous ceux que l’on peut faire entrer dans la composition de la poudre à tirer. Les fibres corticales de cette tige sont susceptibles d’être employées, comme celles du chanvre, à la fabrication de bons cordages. On en fait aussi de la toile à emballage, et même de la toile ordinaire fort belle, et la filasse a pu être convertie en un papier à dessiner aussi beau et aussi bon que celui de Hollande. »

La graine du lupin diffère de celle des autres légumineuses en ce qu’elle ne renferme ni sucre, ni amidon, mais une grande proportion d’une matière azotée ou végéto-animale, analogue au gluten, et qui lui donne une grande valeur nutritive ; on y trouve aussi une huile vert jaunâtre, acre, se rapprochant des huiles fixes par ses propriétés, une proportion considérable de phosphate de chaux et de magnésie, et quelques traces de phosphates’de potasse et de fer. La bonne graine de lupin est blanchâtre, arrondie, aplatie, un peu anguleuse. Pour la rendre mangeable, il faut lui enlever son amertume par la macération dans l’eau douce ou mieux salée, mieux encore dans une eau alcaline ou une lessive de cendres. Comme l’amertume réside surtout dans le test ou enveloppe, on a proposé d’enlever celle-ci par une mouture à meules fort écartées, comme on le fait en Angleterre pour les pois. Dans tous les cas, il est avantageux de moudre grossièrement ces graines.

En résumé, le lupin est un aliment inférieur aux pois, aux lentilles, aux fèves ou aux haricots ; mais s’il est peu agréable, il n’est ni indigeste ni malfaisant, comme on l’a prétendu ; U peut souvent fournir aux classes pauvres une précieuse ressource. En Égypte, le lupin sert encore à. la nourrituro du peuple ; on le vend cuit sur les marchés, et on fait quelquefois entrer sa farine dans le pain. On le mange aussi dans le midi de l’Europe ; on fait de sa farine une sorte de pâtisserie ou une purée, qui, mélangée d’huile et de sel, fournit un aliment peu recherché, mais assez nourrissant, à la condition d’être bien préparé ; sinon il est venteux et difficile à digérer. Les anciens avaient fini par le réserver pour la nourriture des esclaves. Aujourd’hui, dans les contrées pauvres, on s’en sert pour engraisser les bœufs, les moutons et les cochons ; on le leur donne généralement bouilli dans l’eau, et on en obtient d assez bons résultats. On a essayé, mais sans succès, cette graine comme succédané du café. Enfin, sa farine est employée, dans certaines contrées, pour laver et adoucir les mains..

Le lupin a joué autrefois un certain rôle dans la matière médicale ; sa farine faisait partie des quatre farines résolutives ; elle entre encore aujourd’hui dans la composition de l’ervalenta et de la revalescière. Dioseoride et Mésué l’employaient pour rétablir l’appétit, combattre les maladies de la peau et faire périr les vers. Elle entrait aussi dans les trochisques de myrrhe. Enfin, on s’en servait pour effacer les rides du visage. Aujourd’hui, la médecine l’a presque complètement abandonnée.

On trouve quelquefois cette plante dans les parterres ; mais elle est inférieure en beauté a d’autres espèces du même genre, bien plus recherchées sous ce rapport. La lupin est une sorte d’horloge naturelle ; cette plante montre en quelque façon l’heure au laboureur, car elle est toujours tournée vers le soleil, dont elle suit le mouvement, lors même que cet astre ne se montre pas ou qu’il est momentanément caché par les nuages. De plus, tous les soirs, lorsque le soleil est à l’horizon, les folioles se plient en deux dans le sens de la longueur, de manière à rapprocher leurs bords l’un contre l’autre ; en même iemps, elles s’infléchissent sur leur pétiole, et s’inclinent vers la terre., ,

La lupin termis est très-voisin du précèdent, dont il n’est peut-être qu’une simple variété ; il jouit d’ailleurs des mêmes propriétés, comme la plupart des espèces du même genre. Originaire de l’Abyssinie et de l’Egypte, il est cultivé en grand aux environs de Naples, et forme un excellent fourrage vert pour les chevaux. Le miel sécrété par les abeilles qui vont butiner sur les fleurs de ces deux plantes en contracte une légère amertume qui le fait rechercher pour les préparations pharmaceutiques. La décoction des graines a été préconisée contre les dartres, la teigne, la gale et autres maladies de peau. Le lupin jaune est une des plus brillantes espèces du genre ; il croît abondamment sur les bords du bassin méditerranéen ; on le cultive dans les jardins pour ses nombreuses