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du moment que l’action était finie, il voulait prendre.ses aises et paraissait s’occuper plus de ses plaisirs que des opérations de la campagne-. Sa figure était aussi extraordinaire que son humeur et sa conversation étaient agréables. Sa grande familiarité lui avait attiré l’amitié des officiers, et sonindulgencekne point trop se soucier d’empêcher la maraude l’avait fait adorer de ses soldats qui, de leur côté, se piquaient d’être toujours a leur devoir quand il avait besoin de leurs bras. » Macaulay juge à peu près de la même manière le célèbre maréchal.

« Luxembourg, dit-il, s’était élevé lentement, et par suite de la mort de plusieurs grands hommes/ au premier rang parmi les généraux de son époque. Il ne le cédait en valeur et en talents a aucun de ses illustres ancêtres. Mais quelle que fût la noblesse de sa race et la supériorité de son génie, il lui avait fallu surmonter plus d’un obstacle sérieux dans le chemin de la renommée. S’il devait beaucoup k la nature et à la fortune, il avait eu encore plus à s’en plaindre. Ses traits étaient d’une dureté repoussante ; il était de petite taille, d’une constitution faibla et maladive ; une protubérance pointue s’élevait sur ses épaules. Dû cruelles imputations avaient été jetées sur ses mœurs... Condé et Turenne n’étaient plus, et Luxembourg était, sans contredit, le premier homme de guerre que possédât alors la Franco. Comme vigilance, comme activité, comme persévérance, il laissait k désirer. Il semblait réserver ses grandes qualités pour les grandes occasions. C’était sur le champ de bataille qu’il se retrouvait tout entier. Le coup d’ceil était rapide et infaillible. C’était lorsque la responsabilité la plus lourde pesait sur lui, lorsque les embarras s’accumulaient autour de lui, que ses idées étaient le plus nettes, son jugement le plus sûr. Son pays fut redevable de quelques journées glorieuses à son habileté, a son énergie, à sa présence d’esprit. Mais il n’eut pas dans ses campagnes de succès aussi remarquables que ceux qu’il obtint dans ses batailles rangées. »

LUXEMBOUHG (Chrétien-Louis DE Montmorency), prince de Tingry, maréchal de France, connu sous le nom de Maréchal tic Moniiuoreiicy, et fils du précédent, né à Paris en 1B75, mort en ia même ville en 1746. Il fit ses premières armes en Flandre, sous les ordres de son père, assista aux batailles de Steinkerque et de Noi winde, et fut nommé eu 1C93 colonel du régiment de Provence. 11 passa ensuite en Allemagne, sous les ordres de Villars, fut, en 1702, envoyé eu Italie, puis rappelé en Flandre, où il se distingua à la bataille d’Oudenarde par son intrépidité extraordinaire. À Malplaquet, à Denain, il paya encore courageuseuieut de sa personne, et enfin couronna dignement sa carrière militaire, à l’armée du Rhin, par la capitulation de Philippsbourg. Investi eu 1734 du titre de maréchal de France, il rentra dans la vie privée.

LUXEMBOURG (Charles- François - Frédéric de Montmorency, duc de), maréchal de France, né eu 1702, mort à Paris en 1704. Il lit ses premières armes en Espagne, puis servit à l’armée du Rhin, passa en Bohème, se distingua à la défense de Prague, dans la fameuse retraite du maréchal de Belle-lsie, et suivit ensuite le roi en Flandre comme aide de camp et lieutenant général. À Fontenoy, son intrépidité fut grandement remarquée. Créé maréchal de France eu 1757, il empêcha le débarquement des troupes anglaises qui menaçaient les côtes de basse Normandie. Ce fut son dernier exploit. Il se relira dans sa terre de Montmorency et donna asile à J.-J. Rousseau, qui parle de lui très-houorablement dans ses Cou fessions, et rend justice à la loyauté et à la dignité de son caractère.

LUXEMBOURG (Madeleine-Angélique de Neufville-Villeroi, marquise de Boufflers, duchesse de), femme du précédent, née en 1707, morte en 1787. Mariée à quinze ans un marquis de Bouftlers, douée de tous les agréments de l’esprit et du corps, elle suivit l’exemple donné par Sa Majesté Louis XV, et sa conduite, disent les chroniques du temps, ne fut pas des plus exemplaires. M. de Tressan fit sur elle cette chanson, que tous ses contemporains ont fredonnée ;

Quand Boufflers parut à la cour,

On crut voir la mère d’Amour;

Chacun s’empressait a lui plaire,

Et chacun...

«J’ai oublié le reste, » disait-elle quand elle chantonnait en riant ce couplet. La tête était légère, mais le cœur était bon chez cette évaporée. Elle n’attendit pas, pour renoncer aux équipées amoureuses, que l’âge eût altéré la fraîcheur de ses traits; elle épousa en 1750 le maréchal de Luxembourg et vint habiter le château de Montmorency. Jean-Jacques était alors établi à l’Ermitage. La maréchale tendit la main au philosophe, en lui jetant un de ses plus charmants sourires. Rousseau commença, suivant son habitude, par jouer le dogue. Mais il lui fallut, bon gré mal gré, céder à cette bonté obstinée, à cette affection si délicate, il accepta une maisonnette dans un coin du parc, et lut à ses protecteurs la Nouvelle Héloïse et l’Émile, qu’il venait de composer. Il écrivait souvent à Mme de Luxembourg, et ses lettres témoignent d’un attachement sincère et d’une profonde reconnaissance qui devaient durer ce qu’en général durent les amitiés de Rousseau. Mme de Luxembourg l’aida de tout son crédit pour la publication de l’Émile et, lorsque la censure eut demandé l’arrestation de l'auteur, elle favorisa sa fuite. Après la mort du maréchal, arrivée en 1764, sa veuve ouvrit sa maison à tous les grands noms nobiliaires, artistiques et littéraires de Paris. Sa beauté était passée, mais il lui restait son esprit, esprit un peu sec, piquant, mordant même, mais du meilleur aloi, et frappant toujours juste, toujours franc et naturel comme son cœur. Elle était devenue l’arbitre souverain des bienséances, du bon ton, des grandes manières et de la politesse, faisait et défaisait les réputations; et elle voyait, empressée autour d’elle, la jeunesse la plus brillante, soit en hommes, soit en femmes, qui mendiait son suffrage et la comblait de soins respectueux. Pourtant, elle était plus crainte qu’aimée ; bien qu’elle fût toujours prête à rendre service au moment même où elle se montrait le plus agressive, on redoutait toujours quelque boutade imprévue, un de ces traits avec lesquels elle savait si bien ridiculiser la victime qu’elle avait choisie, trait qu’elle regrettait aussitôt, et dont elle s’efforçait d’effacer la blessure à l’aide de quelques bonnes et caressantes paroles. Mme de Luxembourg mourut entourée du respect et de la considération générale; et personne, en voyant sa belle et noble vieillesse, ne songea à rappeler les débuts tant soit peu légers de sa vie.

LUXEMBOURG (Sébastien de), capitaine français, vicomte DE Martiuues. V. Marti GUES.

Luxembourg (le), célèbre palais de Paris, sur la rive gauche de la Seine (VI» arrondissement). Ses beaux jardins publics, sa galerie de peinture, consacrée aux artistes vivants, et non rôle historique pendant les deux derniers siècles le recommandent a l’attention.

Au xvie siècle, le duc de Piney-Luxembourg, prince de Tingry, avait fait bâtir sur l’emplacement du palais actuel un hôtel qui porta son nom, et ce nom de Luxembourg persista à travers toutes les vicissitudes auxquelles fut soumis ce domaine. Marie de Médias l’acheta pour en faire sa demeure quelque temps après ia mort de Henri IV, en 1612, et chargea son architecte d’en faire un palais. Les bâtiments se composaient de trois corps de logis, entre cour et jardin ; ils furent rasés, et Jacques Debrosse édifia, sur le modèle du palais Pitti de Florence, une majestueuse demeure, de belles proportions, visibles encore sous les adjonctions un peu massives que le palais subit postérieurement. Pour retrouver l’ordonnance conçue par J. Bebrosse, il faut enlever par la pensée l’avant-corps de logis bâti, sous Louis-Philippe, sur la façade du jardin et les deux pavillons qui le flanquent. Quoique construits dans le même style que le reste du palais, ces pavillons et la lourde construction qui les relie enlèvent à l’ensemble ses justes proportions.

Un auteur qui écrivait sur Paris vers 1G40, Malingre, nous a laissé des splendeurs de cette résidence une description curieuse et dont voici quelques extraits : « 11 (le palais) consiste en quatre grands.pavillons aux quatre coings, en trois grands corps d’hostel. Celui de main droite, où est le département de la royne, est composé d’une belle grande gallerie haute, ayant deux cheminées aux deux bouts, fort belles pour l’invention, façons et dorures ; les fenestres regardent sur ■ le Petit Luxembourg d’un costé, et de l’autre sur la grande cour. Aux deux ooslez de cette belle gallerie, sont quantité de tableaux do l’invention du fameux peintre Rubens d’Anvers, dans lesquels est représentée toute la vie de la royne depuis sa naissance.

Avant d’entrer dans cette gallerie est la chapelle de la royne, avec ses lambris dorez

a De ce même costé et département est la chambre de la royne, belle, grande et carrée, enrichie d’une cheminée admirable pour sou ouvrage et dorure, garnie do deux gros chenets d’argent. Eu cette chambre so voit la place du ïict enfermé de balustres, dont les pilliers sont d’argent.

De cette chambre on entre au cabinet, le plus riche qui se puisse voir.., . Les vitres de tin cristal, et, au lieu de plomb pour les lier, la liaison est toute d’argent.

Le département de main gauche est

composé de deux grands pavillons, entre lesquels est une belle et longue gallerie de mesme façon et ouvrage que celle du costé droict, eu laquelle en divers tableaux se doit voir la vie du roi Louis XIII, ses victoires et triomphes ; mais ce costé-la n’est pas encore parachevé.

La face d’en haut dudict hostel qui regarde le jardin et la grande cour est composée de quatre grandes salles, deux eu haut et deux eu bas »

Au milieu de ce corps de logis so trouvait le grand escalier d’honneur aboutissant à uu dôme orné de colonnes de bronze et de marbre et de statues précieuses. « L’entrée dudict hostel qui regarde la rue do Tournon est composée d’une haute allée, qui va depuis le pavillon jusques au donjon du portail du costé droict, et une autre pareille au costé gauche, laquelle allée est toute embellie de bal LUXE

lustres des deux costez Ce donjon fait en

rond et enrichy de belles colonnes et statues de marbre, et la ceinture toute dorée, comme toutes les autres ceintures des trois corps d’hostel, et le haut d’iceux tout dorez.... »

Le nouvel édifice reçut les suffrages des architectes les plus en crédit ; le cavalier Bernin lui - même convenait qu’il n’y avait nulle part de palais mieux bâti ce plus régulier. Marie de Médicis ne négligea rien de ce qui pouvait faire de sa demeure un séjour vraiment royal ; parmi les peintres illustres appelés à orner le Luxembourg des produits de leur pinceau, il faut compter Rubens, qui commença en 1621 et termina en 1623 la grande galerie, où il représenta l’histoire allégorique de la régente ; la plus grande partie de cette admirable collection e3t au Louvre. Poussin et Philippe de Champagne contribuèrent aussi, par leurs peintures, à l’embellissement du palais.

La magnificence des jardins dessinés par Jacques Debrosse répondait à la bello ordonnance des bâtiments ; c’est à cet architecte qu’on doit aussi la charmante fontaine dite Fontaine de Médicis, pour laquelle la reine régente fit construire k Arcueil un aqueduc destiné à amener au Luxembourg les eaux de la fontaine de Rungis ; ce fut encore Jacques Debrosse qui donna les plans de cette œuvre remarquable et qui en dirigea l’exéeutiou.

Les jardins n’étaient pas alors aussi vastes qu’ils le sont devenus. Leur largeur était peut-être plus considérable, car ils s’étendaient du faubourg (maintenant boulevard) Saint-Michel jusqu’à la rue Madame, qui fut construite sur des terrains aliénés du Luxembourg par Monsieur-, depuis Louis XVIII, vers 1784 ; mais au sud, ils étaient bornés par le mur du couvent des Chartreux, à peu près à l’endroit où maintenant la balustrade clôt le parterre méridional. Pour leur donner cette étendue, Marie de Médicis avait adjoint au parc de l’hôtel Luxembourg, composé seulement de sept ou huit arpents, un clos de vigneappelé iePressoir, appartenant a l’Hôtel-Dieu, ainsi qu’une petite terme qui en dépendait, plus vingt-cinq arpents de terres labourables qui appartenaient aux Chartreux. Les choses restèrent plus d’un siècle en cet état. *

En partant pour l’exil, Marie de Médicis céda son palais k Gaston d’Orléans ; l’inscription en lettres d’or sur une plaque de marbre noir placée au-dessus de la façade nord du pulais subsista jusqu’à la Révolution. Après Gaston, Mlll : de Montpensier, puis Elisabeth de Guise, ses deux filles, le possédèrent successivement ; la dernière le donna k Louis XIV, et depuis il n’est plus sorti du domaine. Le duc d’Orléans, régent, y logea l’une de ses filles, la duchssse de Berry, et, s’il faut en croire Duclos, il s’y passa d’étranges choses. « La duchesse de Berry, dit cet écrivain, pour passer les nuits d’été dans le jurdin du Luxembourg avec une liberté qui avait plus besoin de complices que de témoins, ou fit murer toutes les portes, k l’exception de la principale. »

Avide de popularité, Monsieur le duc, fils aîné du prince de Coudé, fit aussitôt ouvrir aux habitants du faubourg Saint-Germain les portes du jardin do son hôtel, voisin du Luxembourg,

D’importantes réparations furent exécutées dans le palais do 1733 à 1736. Les deruiers habitants qui s’y succédèrent jusqu’à la Révolution furent la duchesse de Brunswick, la reine douairière d’Espagne, et enfin le comte de Provencé, Monsieur, frère du roi, auquel Louis XVI donna le Luxembourg en apanage par lettres patentes (1779). Cette donation réunissait un palais construit par Marie de Médicis le palais du Petit-Luxembourg, que le cardinal de Richelieu avait habité pendant que l’on construisait le palais Cardinal ; le Petit-Luxembourg était passé en héritage k la duchesse d’Aiguillon, nièce du cardinal, puis avait appartenu aux Condé, et enfin k la princesse Palatine.

La Révolution arriva et le comte de Provence partit pour l’émigration. Subissant l’influence des temps, le Luxembourg devint une prison, et dans cette nouvelle destination, il continua k avoir des hôtes illustres : MM. de La Ferté, de Beauharnais, de Nieolaï, lo général de Broglie, etc.

C’est du Luxembourg que Danton, Camille Desmoulins, Héraut de Séchelles, Lacroix et bien d’autres partirent pour monter à l’échafaud.

Le Directoire s’y installa en 1795 ; la prison avait été évacuée après lo 9 thermidor, et de nombreux ouvriers avaient rendu au Luxembourg son caractère de splendeur primitive. C’est le temps des fêles du Directoire, auxquelles Barras convie la jeunesse dorée, les femmes k la mode, groupées autour de la célèbre Mm» Tallieu. C’est au Luxembourg proprement dit que le Directoire lient ses séances : la demeure des ciuq directeurs est au Petit- Luxembourg.

Au 18 brumaire, la cour du Directoire disparut ; les mots Palais du Directoire furent effacés du fronton du vieux palais de Marie de Médicis et tirent place à l’inscription Palais du Consulat ; bientôt après, un décrut du conseil des Cinq-Cents lit du Luxembourg lo palais du Sénat conservateur ; il cunserva ce titre jusqu’en 1814.

Louis XVIII, de retour en France, rétablit par ordonnance du 4 juin la Chambre des

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pairs et lui fixa le Luxembourg pour résidence.

Rappelons en passant que l’une des plus illustres victimes de la réaction royaliste, l’intrépide et malheureux maréchal Ney, eut, à cette époque, le Luxembourg pour dernière prison et fut fusillé à l’extrémité sud-est du jardin.

Pendant la Révolution, les jardins du Luxembourg avaient reçu de vastes accroissements au midi, aux dépens du monastèro des Chartreux et de l’enclos considérable qui en dépendait. Ce monastère s’était élevé, au commencement du xme siècle, sur l’emplacement du château de Vauvert, construit par le roi, Robert. Sous le règne de Louis IX, le château de Vauvert, qui appartenait toujours au domaine royal, reçut quelques chartreux, appelés par saint Louis de Grenoble. Peu k peu ces religieux s’arrondirent, et leur monastère était un des plus riches de Paris quand éclata la Révolution. À cette époque, les bâtiments vendus k vil prix furent détruits de fond en comble ; on ne respecta que le petit édifice dit la Pompe des chartreux, qui se trouvuit au milieu du grand cloître et que l’on a pu voir dans la pépinière de I Ouest, jusqu’à la dernière transformation du jardin. La. plus grande partie de l’enclos fut réunie au Luxembourg.

C’est sur les terrains provenant des Chartreux que fut ouverte en 1795 la magnifique avenue de l’Observatoire, décrétée par la Convention ; l’établissement de cette promenade nécessita des remblais considérables ; aussi ne fut-elle achevée et plantée qu’en 1811. En 1801, on renouvela les arbres de la partie orientale du jardin et on modifia l’aspect du parterre, bordé jadis de deux terrasses munies de bassins de distance en distance. Ce fut l’architecte Chalgrin qui exécuta ces travaux importants.

Vers 1840, ou détruisit les bâtiments dépendant du couvent des Filles du Calvaire ; on conserva seulement le cloître et l’église attenant k l’hôtel du Petit-Luxembourg, fondés par Marie de Médicis. L’emplacement de ce couvent fut converti en parterres donnant sur la rue de Vaugiiard. Enfin, dans le courant de l’année 1867, le jardin du Luxembourg a subi un remaniement considérable ; la rue de l’Abbé-de-1’Epée, prolongée jusqu’à sa rencontre avec la rue de l’Ouest, devint la limite du jardin vers le sud ; la pépinière fut comblée, des rues nouvelles s’ouvrirent sur les terrains livrés à la spéculation ; l’allée des Platanes fut retranchée du jardin et fit le prolongement de la rue Bonaparte L’avenue de 1 Observatoire, conservée tout entière, fut convertie en squares ornés de parterres ; les allées latérales de cette avenue furent rendues accessibles aux voilures. La partie de la pépinière, comprise dans la nouvelle enceinte du jardin, fut transformée en un vaste jardin anglais, et de nouvelles plantations furent effectuées dans des espaces jusqu’alors fermés au public.

Tout en reconnaissant que l’administration, par le bon goût des aménagements exécutés, a su donner tort aux critiques ardentes soulevées par cette transformation du jardin du Luxembourg, qu’il nous soit permis d’adresser un mélancolique souvenir aux frais ombrages de la pépinière, où les poètes et les artistes venaient chercher le recueillement et l’inspiration.

La partie est du jardin a été bouleversée par l’ouverture de la rue de Médicis, ses grands arbres séculaires ont été en grande partie abattus, mais on a su tirer habilement profit de ce qui restait de beaux massifs pour la création d’un parc anglais, au milieu duquel s’élève toujours la belle fontaine rustique de J. Debrosse, qu’on a seulement déplacée et au devant de laquelle on a creusé une belle pièce d’eau qui figure un carré long. La statue gigantesque eu bronze du cyclopo, et le groupe en marbre blanc d’Acis et Galatée qui la décorent sont des œuvres modernes ; elles sont duos k M. Ottin. La fontaine de Médicis, appelée longtemps grotte de la reine, dessine k l’extrémité de lu pièce d’eau son pur profil d’architecture dorique, k colonnes, dont les principaux motifs d’ornementation sont des stalactites figurées dans la pierre.

outre cette fontaine monumentale, des statues et des groupesj dus pour la plupart à des artistes contemporains, concourent à l’ornementation des jardins. Nous nous contenterons de citer la longue série de reines de France et d’héroïnes, qui se dressent sur leurs piédestaux tout autour du grand parterre central, et parmi lesquelles nous citerons Louise de Savoie, Marguerite do Navarre, Marie de Médicis, etc. ; dans lo parterre, des copies d’antiques, entre autres le fameux athlète ou Gladiateur combattant d’Agasias ; près d’une porte donnant accès au boulevard Saint-Michel, le joli Faune dansant de M. Loquesne ; dans le jardin qui avoisine la fontaine de Médicis, le groupe en marbre de M. Garreau, la Première famille ; la Velledu de M. Maindron, autrefois placée dans la pépinière, et que l’on promène maintenant d un endroit k un autre ; enfin la statue d’Eustache Losueur, en face du jardin anglais qui remplace la pépinière.

Au xvm6 siècle, le Luxembourg était lo rendez-vous des élégants et des élégantes ; il est aujourd’hui fréquenté surtout par les habitants dos quartiers de la rive tfuuche et