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vailla. Il composa dix. livres da Sylves, qui sont perdus, des Saturnales, qui eurent le même sort, éleva au nombre de quatorze ses drames pour les spectacles fie pantomime !, commença une tragédie de Médée, des poésies diverses, écrivit de nombreuses lettres qui furent réunies après sa mort sous le titre de Lettres de Campante, et qui rie nous sont pas non plus parvenues ; enfin, il poursuivit la Pharsale, son œuvre la plu3 chère, qu’il amena jusqu’au dixième chant. Dans sa retraite, Lucain dut faire un amer retour sur la fragilité du favoritisme, sur les libertés perdues, sur les {fraudeurs de cette république romaine dont il voyait la gloire anéantie ; c’est à ce retour en arrière que, l’on doit lès mâles inspirations de la Pharsale. Sans cette rupture, on ne pourrait s’expliquer comment une conception si austère se forma dans un esprit préoccupé de tant de distractions futiles et de plaisirs corrupteurs. « Il y avait, dit Naudet, dans les hautes classes de Rome, deux mondes différents : les uns, le grand nombre, vivaient plongés dans les voluptés grossières, étrangers aux souvenirs et aux maux de la patrie, ne regrettant que les jouissances qui leur échappaient, ne souhaitant que des jouissances nouvelles ; toute leur existence n’avait d’autre mobile que leur sensualité et leur avarice ; les autres, retranchés dans l’asile de leur conscience et enveloppés de leur vertu, se conservaient purs au milieu de la contagion des vices et de la servitude. Exempts de crainte sur leurs propres dangers, ils gémissaient sur les calamités publiques ; sans cesse la comparaison de l’antique discipline avec la dissolution présente augmentait leurs chagrins ; et ne pouvant plus être citoyens, puisqu’il n’y avait plus de patrie, ils embrassaient la mémoire da Rome libre, vivaient en sages et restaient comme des monuments de vieille gloire au milieu des ruines. Sénèque, philosophe par principe, courtisan par état, obligé d’applaudir tristement aux extravagances de Néron, se consolait dans la conversation de ses nobles amis et déplorait avec eux les maux que les remontrances ne pouvaientempêcher. Lucain connut par lui ces grands hommes, les Thrasea, les Helvidius Priscus, les Masonius Rufus, les Aserienus Rusticus, les Hercuuius Seuecion, les Demetrius. Il ne négligeait pas non plus Perse, son compagnon d’éludés, et Comutus, son maître et son ami. Quelle impression leurs discours devaient faire sur le jeune Lucain ! Combien les éloges qu’ils donnaient aux héros de Rume fomentaient ses passions généreuses et lui révélaient la, vertu et la puissance de son âme ! 11 trouvait aussi dans sa propre maison des inspirations et des encouragements. Son épouse, Argentaria Polla, l’aidait de ses conseils ; il revit avec elle les trois premiers livres de la Pharsale, et sa mère Acilia devait entrer un jour dans une conspiration contre la tyrannie. »

Cette conspiration s’ourdit l’an 818 de Rome (65 de J.’-C). Calpurnius Pison en était le chef nominal ; les historiens doutent qu’elle fût purement républicaine et croient qu’il s’agissait plutôt d’un changement de prince. Quoi qu’il en soit, la république servait de mot d’ordre aux conjurés. Lucain, chose triste à dire, s’y jeta moins par conviction que par vanité blessée. Dépuis sa rupture avec Néron, il ne gardait plus de mesure, se répandait en invectives et en sarcasmes contre celui qu’il avait tant adulé ; il avait même composé un poËme en faveur des meurtriers des tyrans, le Cataeausmon, l’année même où Néron mit le l’eu à Rome (817), et la conspiration fut pour lui une occasion de mettre en pratique les belles maximes qu’il avait mises en vers. La trahison d’un affranchi sauva Néron et causa la perte des conjurés. Emprisonné avec Acilia et Sénèque, Lucain, après avoir longtemps nié toute complicité, faillit U la vue des tortures qu’on lui préparait et eut la lâcheté de dénoncer sa mère. Par un raffinement de cruauté, Néron lui avait promis ia vie sauve, afin qu’il Se déshonorât, et, l’aveu obtenu, lui donna seulement le choix de la mort. Comme Sénèque, Lucain se fit ouvrir les veines, et, raeheiant par le courage de la dernière heure son insigne faiblesse, il expira en récitant un épisode de son poème.

Il faut oublier ce qu’il y a d’indigne ou de frivole dans cette vie trop courte et juger, par la Pharsale seule, de ce que ce vigoureux esprit eût produit de grandes et belles choses s’il lui eût été donné de mûrir.

Par une amère dérision, Néron fit graver ces mots sur la tombe du poète : M. Annxo Lucano, peetm Cordubensi, beneficio Neronis, fama lerouta. La pierre tunluiaire, en marbre, a été retrouvée à Rome et se trouve au musée du Vatican. Ainsi Néron se vantait d’avoir sauvé la réputation de Lucain en le faisant mourir ; ce n’était que juste pour un homme d’un si grand génie coupable de tant de platitudes et de lâchetés. «Quand on lit sa vie, dit encore Naudet, on se demande avec surprise si ce peut être là l’auteur delà Phùrsale. Cette extravagance d’orgueil, cette irritabilité d’amour-propre, oettéNnconséquence de discours et de démarches qui le poussèrent aux plus folles bravades pour le laisser tomber ensuite jusqu’à l’avilissement d’une trahison détestable où l’entraînait la peur, s’accordent mal avec la gravité du peintre des guerres civiles et du digne apologiste des héros romains. Lucain présente un phénomène moral très-remarquable ; il y avilit en

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lui l’homme et le poste ; il avait le caractère pusillanime et l’imagination vigoureuse. Livré aux habitudes vulgaires de la société, c’était un jeune imprudent, avec les faiblesses des esprits légers. Mais lorsque l’enthousiasme le transportait, loin d’ici-bas, dans lo sanctuaire de la pensée poétique, alors l’homme disparaissait, un dieu remplissait son âme exaltée, il sympathisait avec les Caton et les Brutus, et tout ce qu’il y a de plus pur, de plus énergique et de plus sublime dans leur dévouement patriotique, dans leur amour de la liberté, dans l’intrépidité de leur vertu, dans leur haine pour la tyrannie se communiquait à lui ; il lui semblait alors qu’il était doux de souffrir et de périr comme eux. Cette illusion d’héroïsme était un sentiment vrai en ca, moment ; elle faisait sa verve et son inspiration. Il fut par son imagination ce que Tacite fut par son caractère. •

Lucain 4i*ftv«My OU les Guerres civiles de César et ilo Pompée, en vers enjoués, par Brébeuf (10S6, in- !2). On ignore assez généralement que Brébeuf, tenté sans doute par le succès de Scarron, eut la singulière idée de parodier lui-même le poëine épique qu’il avait traduit sérieusement. Lui que l’on avait vu, dit Boileau, Entasser sur les rives

De morts et de mourants cent montagnes plaintives,

il prit le ton dégagé de Scarron et n’y réussit pas trop mal ; mais il se lassa bientôt et ne publia que le premier chant. On y rencontre des choses assez drôles. Voici comment il parodie le fameux début de la Pharsale : Jlella per jEmathios plus quam civilia campos, Siyna, pares aquilas et pila minantïa pilis.

Guerre sans ordre et sans règle,

Où l’aigle bourrait une aigle

Et sans remords ni respect

La plumait a coups de bec,

Où l’enfant rossait le père,

Le frère frottait le frère,

Cousin bouchonnait cousin,

Voisin testonnait voisin...

Ce genre de poésie peut plaire durant quelques pages, mais il cause bientôt un intolérable ennui.

LUCANA1RE adj. (lu-ka-nè-re). Entom. Syn. de lucanien.

LUCANE s. m. (lu-ka-ne — lat. lucanus, nom de cet insecte, peut-être de lucus, bois, forêt, à cause de l’habitat de ces insectes). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des lamellicornes, type de la tribu des lucanides, comprenant une dizaines d’espèces qui habitent surtout l’Europe et l’Amérique : Les lucanes, sous l’état de larve, vivent dans le vieux bois et dans les raeines des arbres. (A. Percheron.)

— Encycl. Les hkanes sont généralement des insectes de très-grande taille ; la tête, chez les mâles, acquiert un développement considérable ; elle est quadrangulaire, transverse, beaucoup plus large que le corselet, limitée par des cornes plus ou moins élevées ; les mandibules sont très-longues, plus ou moins arquées, dentelées ou même ramifiées au côté interne, rappelant un peu le bois du cerf, ce qui a fait donner à ces insectes le nom vulgaire de cerfs-volants ; les mâchoires, ainsi que les pièces de la languette, sont ordinairement très-avancées et en forme &&" pinceaux. Le corps des lucanes est déprimé ; le corselet carré et l’abdomen ovalaire ; les tibias sont dentelés sur le côté et le cinquième article des tarses est urmé de crochets robustes.

La femelle dépose ses œufs sur les arbres, ordinairement sur les chênes, dans le bois pourri ; il en sort des larves, qui vivent dans le tissu ligneux, y creusant des galeries tortueuses et laissant derrière elles un détritus semblable à du tan ou à de la sciure de bois. Cas larves ressemblent assez à celles des hannetons ou aux vers blancs. Quahd elles sont nombreuses, elles font beaucoup de tort aux arbres. Au moment de se métamorphoser, elles se contruisent, avec les détritus ligneux qu’elles ont produits, une sorte de coque grossière, ou elles passent à l’état de nymphes. L’insecte parfait vit peu de temps et se nourrit surtout de la liqueur qui suinte de l’écorce des arbres ; aussi est-il peu ou point nuisible sous cet état. On voit alors les lucanes chercher à s’accoupler ; ils marchent sur le tronc des arbres ou volent le soir avec lenteur, le corps presque vertical. Les espèces de ce genre sont peu nombreuses ; mais leur grande taille, le développement exagéré et la forme bizarre de leurs mandibules ont de tout temps appelé l’attention sur elles.

Le lucane cerf-volant atteint ûm,0C de longueur totale ; c’est un des plus grands coléoptères de nos régions ; il est noir, avec les élytres et les mandibules d’un brun marron foncé. Ces derniers organes sont très-développés chez le mâle, et forment des sortes dé tenailles ou de pinces qui lui servent d’arme défensive et avec lesquelles il serre fortement le doigt de celui qui, en voulant le saisir, se laisse pincer, d’où résulte une sensation très-douloureuse, quelquefois avec effusion de sang. La femelle a les mandibules plus courtes ; on lui donne les noms de biche et de eheorette. Cette espèce est répandue dans toute l’Europe Sa larve, comme nous l’avons dit, habite le tronc caverneux des vieux arbres, notamment des chênes et des arbres

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fruitiers ; la direction tortueuse de ses galeries rend fort difficiles sa recherche et sa destruction. Si ces galeries n’étaient pas trop obstruées par les détritus, on pourrait essayer de faire périr la larve en y injectant des liquides acres et caustiques ou en y faisant pénétrer des gaz sulfureux. On a conseillé aussi d’introduire dans ces galeries un fil de fer assoupli au feu et pouvant ainsi s’insinuer dans les replis jusqu’à ce qu’il ait atieint et percé l’animal. Quand les galeries ne sont pas très-profondes, on peut les suivre en fendant l’écorce avec un instrument tranchant. Mais ces moyens, qui ne peuvent d’ailleurs être employés qu’en peut, sont tout à fait inapplicables si les galeries sont trop prolongées, si leurs détours sont très-multipliés, et surtout si la larve est logée dans leur partie supérieure ; il devient alors presque impossible de la déloger de sa cachette. Cette larve est une de celles que les Romains engraissaient avec de la farine et servaient ensuite sur leurs tables aristocratiques, sous le nom de cossus, comme un mets exquis.

On trouve encore dans nos contrées le lucane chèvre, qui n’est probablement qu’une variété du précédent, dont il diffère surtout par sa petite taille, ainsi que le lucane parallélipipède. Parmi les espèces asiatiques, nous citerons le lucane élan, l’une des plus grandes du genre, car elle atteint om,08 de longueur totale. Le lucane serricorne, qui n’a que la moitié de la longueur du précédent, habite Madagascar.

On trouve aussi dans l’Afrique australe une autre espèce, moins connue, appartenant peut-être à un genre voisin, et qui a le dos et le ventre verts, mouchetés de rouge et de blanc, avec la tête et les ailes à reflets métalliques dorés, ce qui l’a fait nommer cerfvolant d’or. Voici ce qu’en dit V. de Bomaro : « Les Hottentots, qui sont fort superstitieux, érigent en dieu ce scarabée ; et, quand il eu entre un dans leurs habitations, ils lui immolent un bœuf. Si cet insecte daigne se reposer par hasard sur un homme, on se persuade qu’il a de grands motifs de lui accorder cette faveur ; fût-il le plus méchant, le plus scélérat de toute l’imbécile république, on lui décerne des honneurs, il passe pour un saint ; on lui attache très-respectueusement au cou la coiffe ou peau du ventre du même bœuf qui a été sacrifié au dieu escarbot, et le favori de la divinité la porte avec une fierté modeste et noble ; il la garde même sur lui jusqu’à ce qu’elle tombe en pourriture. »

Un lucane qui habile l’Amérique du Nord se perche à 1 extrémité des arbres les plus élevés ; aussitôt il commence à faire entendre un cri aigu et perçant qu’il augmente de plus en plus, et diminue de même par degrés jusqu’à ce qu’on cesse de l’entendre. Puis il va plus loin recommencer le même ramage. V.

LUCANIEN.

LUCANIDE adj. (lu-ka-ni-de). Entom. Syn.

de LUCANIEN.

LUCANIE, contrée montagneuse de l’Italie ancienne, au S., comprise entre le golfe de Tarente à l’E., le Brutium au S., la Campanie et la mer Tyrrhénienne a l’O. Elle forme aujourd’hui la Calabre. La Lucanie était habitée à l’origine par les Œnotriens, auxquels vinrent se joindre dans la suite des-colons grecs qui fondèrent, le long des côtes, Poestum, Iléraclée, Sybaris et Velia (Ëlée). Les Lucaniens, v.uincus d’abord par Pabrieius en 282, se joignirent à Pyrrhus dans la guerre de Tarente, et furent soumis par Papirius eu 2S2 av. J.-C.

LUCANIEN, IENNE s. et adj. (lu-ka-niain, i-è-ue). Géogr. anc. Habitant de la Lucanie ; qui appartient à la Lucanie ou à ses habitants : Les vrais Lucaniens étaient des aventuriers samnites, gui avaient soumis la population indigène. (Bouillet.) Sybaris, Réraclée, Métaponte étaient tes principales villes lucaniennes sur le golfe de Tarente. (Bouillet.)

— Antiq. rom. Bœufs lucaniens, Nom que les Romains donnèrent d’abord aux éléphants, parce qu’ils eu virent pour la première fois en Lucanie, dans l’année de Pyrrhus.

LUCANIEN, IENNE adj. (lu-ka-ni-ain, i-è-ne — rad. lucane). Entom. Qui ressemble ou qui se rapporte au lucane.

— S. m. pi. Groupe d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des lamellicornes, ayant pour type le genre lucane.

— Encycl. Ce groupe de coléoptères est principalement caractérisé par la massue pectinée des antennes et par quelques particularités du système nerveux et des larves, Chez les lucaniens, la partie terminale des antennes ou massue est entièrement rigide et les articles ressemblent à des dents de peigne. Ils ont des ganglions abdominaux distincts de ceux du thorax. Les anneaux qui forment le corps des larves ne présentent pas de plis transversaux.

Les lucaniens sont généralement de taille assez grande. On les trouve dans toutes les parties du monde. Certaines espèces européennes sont d’assez grande taille, témoin le cerf-volant, que tout le monde connaît. Dans nos climats, la couleur de ces coléoptères est le plus souvent noirâtre ; mais les contrées chaudes en possèdent plusieurs espèces parées de belles couleurs. Leur nourriture est à peu près exclusivement végétale ; ils sucent la niiellée qui suinte des arbres, dévorent les

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feuilles et les bourgeons. Ils se tiennent habituellement dans l’intérieur des arbres vermoulus ou sous les écorces. Leur vol est assez rapide, quoique lourd. Les différences sexuelles sont tantôt très - grandes, tantôt presque nulles. La disposition des antennes est la même chez les mâles que chez les femelles, excepté pour les sinodendrons, dont les mâles portent sur la tête une petite corne qu’on ne voit pas chez les femelles. Les différences sexuelles existent principalement dans les organes de ia bouche, particulièrement dans les mandibules qui deviennent parfois énormes chez les mâles, et dans la forue de la tête, du corselet, dans la disposition des pattes.

Les larves, d’un blanc sale, vivent dans le tronc des arbres pourris. Elles sont cylindriques, ne se dressent jamais complètement et tiennent constamment leur partie postérieure courbée en arc. La tête cornée, convexe, est privée d’yeux. Les antennes ont cinq articles. Le labre est distinct du chaperon ; les mandibules sont robustes, dentées intérieurement ; les mâchoires ont deux lobes armés de petites épines. Les palpes labiales, courtes, n’ont que deux articles ; les maxillaires en comptent quatre. La peau du corps, mince et lisse, présente quelques poils assez rudes sur les premiers anneaux. Les segments de l’abdomen sont au nombre de neuf ; le dernier est divisé par un sillon assez profond en deux portions. On compte neuf paires de stigmates ayant une forme arquée ; la première puire est placée sur le corselet ; les autres sur les huit premiers segments abdominaux.

Les entomologistes contemporains partagent la famille des lucaniens en deux grandes tribus, celle des passalides et celle des lucanides.

Les passalides se distinguent par un corps assez grand, presque toujours assez fortement déprimé. Les epipleures dos élytres sont perpendiculaires et légèrement élargis en arrière. Les élytres présentent chacun dix sillons ; ils sont absolument glabres, excepté sur le pourtour, où se remarquent quelques poils roussâtres. Les mandibules sont très-puissantes et diffèrent peu dans les deux sexes. Toutes les espèces sont d’un noir assez brillant. Elles sont xylophages aussi bien il l’état de larves qu’à celui d’insectes parfaits. Suivant Ziinmermann, la dent mobile, dont les mandibules de ces animaux sont pourvues, leur sert à diviser les bois pourris, où ils vivent, en tout petits fragments. La forme de cette dent est assez variable ; mais elle est toujours située très-près de la dent molaire de la base. Les muscles moteurs de cette dent ont leur point d’insertion dans l’intérieur du corps des mandibules. Les passalides répandent, lorsqu’on les saisit, un liquide assez abondant, presque incolore, légèrement caustique ; ce liquide s’échappe par la bouche et le dessous des élytres. Ces coléoptères ont bien moins de vitalité que les lucanides ; les plus vigoureux individus survivent à peine trois à quatre heures lorsqu’on les a percés d’une épingle.

Dans les larves, les segments sont lisses, les antennes ont deux articles, la dernière paire do pattes est atrophiée. La larve du passai© distingué est la seule qui soit complètement connue. Sa longueur est do om,01. Sa tête est petite, un peu aplatie en dessus, lisse ; les mandibules sont médiocres, symétriques, armées de deux dents à leur extrémité et d’une dent plus large sur le bord interne ; les mâchoires se composent d’une pièce basilaire transversale, d’une pièce cardinale forte et charnue, de deux lobes distincts, aigus, ciliés sur le bord interne, enfin de palpes de trois articles ; la lèvre inférieure présente une pièce palpigère trapézoïdale et des palpes de deux articles. Chaque côté du corselet porte une plaque cornée, ovalaire, lisse, d’où partent en rayonnant des stries petites et nombreuses. Les segments abdominaux sont au nombre de neuf ; il y a neuf paires de stigmates. Le corps est entièrement sans poils et blanchâtre ; la languette et l’extrémité des mandibules seules sont noirâtres. La larve du passale distingué a été trouvée à la Louisiane dans le tronc des vieux arbres. Un autre passale, assez semblable à l’espèce précédente, en diffère sensiblement à 1 état de larve. Il présente alors dix segments à l’abdomen, dix paires de stigmates, des antennes de trois articles, des palpes maxillaires de quatre articles, le menton et la languette transversaux et ovales. Le genre passale, qui est le plus important de la tribu des passalides, contient à lui seul une centaine d’espèces, dont lu plupart sont propres à l’Amérique et dont le reste est disséminé en Afrique, aux Indes, en Australie. L’espèce type est le passale interrompu, entièrement noir, avec trois saillies principales sur la tête. Son corselet a les côtés et une partie du bord antérieur bordés d’une gouttière très-ponctuée. Les élytres ’ ont leurs stries externes également ponctuées. Le passale interrompu est fort commun à Cayenne, au Brésil et dans toute l’Amérique du Sud.

Les lucanides, très-nombreux en espèces, ont pour type le genre lucane. Dans cette tribu, la tête est très-grande, sans doute en raison du développement que prennent les mandibules. Le menton transversal, cylindrique en avant, recouvre à peu près complètement la cavité buccale, les palpes, la languette. Les yeux sont latéraux, plus ou moins