Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 3, Lu-Marc.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

848

MACA

commentées. Mais, tout en leur accordant la plus grande place, il a fait aussi porter ses investigations sur d’autres postes macaroniques inconnus, français, italiens, espagnols, dont les œuvres, dénuées d’intérêt, n’offrent d’attraits qu’à lérudit. Il a également rattaché au genre inacaronique des compositions bizarres qui le touchent de près, par exemple, celles qui offrent le mélange alternatif de vers écrits en différents idiomes, celles qui alternent une langue vivante avec des vers latins, et celles enfin qui, écrites tout entières en latin, offrent cette particularité que tous les mots doivent commencer par une lettre forcée, toujours la même. Ce dernier genre n’est pas à proprement parler tnaearonique ; mais, en groupant toutes ces productions, le docteur Genthe a voulu présenter le tableau le plus complet de la fantaisie littéraire, poussée parfois jusqu’àl’absurde, quand elle n’est pas soutenue par la verve d’un Folengo.

MACARONISME s. m. (ma-ka-ro-ni-sme

— rad. macaroni que). Littér. Genre macaronique :Le macaronisme est le plus absurde de tous les genres absurdes. I ! Composition inacaronique : Les MACARONiSMiiS d’Antonius Arena.

MACARONISTE s. m. (ma - ka -ro-ni r ste

— rad. macàronique). Littér. PoEte qui a écrit en vers macaroniques : Folengo ■parait être le plus ancien des macaronistes.

MARC-ARTHUR (John), jurisconsulte et écrivain écossais, né en 1755, mort en 1840. Il accompagna comme secrétaire le généra ! liood dans la guerre d’Amérique, exerça ensuite la profession d’avocat et remplit des fonctions judiciaires. Nous citerons de lui : le Compagnon du gentleman de l’armée et de la /lotte ; Principes et pratique des cours martiales de la marine (1702) ; Faits financiers et politiques du xvme siècle (1801) ; Vie de Nelson (18061, et une édition avec notes des Poésies d’Ossian (1807).

MACARTNEY s. m. (ma-kar-tnè). Ornith. Syn. de houppifère.

MACARTNEY (George, comte de), diplomate et voyageur anglais, né à Lissanoure (Irlande) en 1737, mort en 1806. IL est devenu surtout célèbre par son ambassade en Chine. Lorsqu’il eut complété son instruction par des voyages sur le continent, il revint en Angleterre, fut, malgré sa jeunesse, nommé

membre du Parlement, et se rendit, en 17G5, comme ministre plénipotentiaire, en Russie, où il signa avec le comte Panin un traité de commerce. De retour en Angleterre (1767), il reprit son siège à la Chambre des communes, devint par la suite secrétaire du lord lieutenant d’Irlande, lord Townshend, reçut le titre de baron et fut nommé, en 1775, gouverneur de Tabago et de la Grenade, dans les Autilles anglaises. Macartney administrait ces colonies, lorsqu’en 1779 le comte d’Estaing vint attaquer la Grenade. Forcé de se rendre après une vigoureuse résistance, il fut envoyé prisonnier en France et échangé bientôt après. En 1781, la Compagnie des Indes le nomma gouverneur de Madras. En arrivant dans les Indes, il trouva les établissements britanniques attaqués par les Hollandais et Hayder-Ali-Khan, sultan de Mysore, dans la situation la plus critique. Sentant le besoin d’agir avec promptitude et énergie, « Macartney, dit M. La Caze, emprunta de [argent, leva des recrues, rétablit la confiance et, aidé de sir Eyre Coote et de lord Hastings, repoussa les indigènes, chassa les Hollandais de la côte de Coromandel et conclut des traités avantageux avec plusieurs nababs, entre autres avec celui d’Arcote ; mais l’arrivée de Suffren dans tes mers de l’Inde vint mettre un terme ù ses succès. » Attaqué dans Madras, il eût succombé si le traité de Versailles (1783) ne fût venu mettre fin à la guerre. Il resta encore deux ans dans les Indes, eut à lutter contre la jalousie de lord Hastings, gouverneur du Bengale, et éprouva par suite de tels ennuis qu’il refusa d’accepter le poste de gouverneur général (1785). Il revint peu après à Londres et reçut de la Compagnie des Indes une pension de 1,500 livres sterling. Par la suite, le ministère anglais ayant eu la pensée d’ouvrir des communications commerciales avec l’empire chinois, Macartney fut choisi, en 1792, pour mener à bonne fin cette entreprise. Après mille aventures, il parvint à être admis, à Zhé-Hol, en Tartarie, en présence de l’empereur Khian-Loung, qui sembla d’abord bien accueillir les propositions du gouvernement anglais : création d’entrepôts à Pékin, à Teliou-san, àLiampoetàTin-sing ; franchise du trafic entre Macao et Canton ; comptoir fortifié dans cette dernière ville. Puis, tout a coup, le plénipotentiaire anglais, qui était déjà de retour dans la capitale de 1 empire, reçut l’ordre de quitter Pékin dans l’espace de quarante-huit heures. On a attribué cet échec aux intrigues des missionnaires catholiques. Un officier de sa suite, /Eneas Anderson, résume ainsi ce voyage : à Nous entrâmes à Pékin comme des mendiants, nous y séjournâmes comme des prisonniers, nous en sortîmes comme des voleurs. ■ L’expédition eut pourtant le résultat de faire connaître le pays mieux qu’il ne l’avait été jusqu’alors. On en publia cinq relations, dont la principale est : Voyage dans l’intérieur de la Chine et en Tartarie, rédigé sur les papiers de lord Macartney, par Geo, Staunton (1794,2 vol.), trad.

MAC A

par Castéra (179S, 4 vol, in-8o), avec figures et cartes. De retour de son voyage, qui avait duré deux ans, Macartney reçut le titre de comte. L’année suivante (1796), il remplit une mission en Italie, puis fut créé pair d’Angleterre et nommé gouverneurduCnp de Bonne-Espérance ; mais le mauvais état de sa santé ne lui permit pas de conserver longtemps ce poste, et il revint en Angleterre., On a dé lui : Helation de l’ambassade russe ’. (1767) ; Esquisse de l’histoire politique de l’Irlande (1773) ; Journal de mon ambassade en 'Chine, publié après la mort de Macartney. Ses Œuvres choisies ont été rééditées à Londres (1807, 2 vol. in-4o).

Macartney en Chine (VOYAGE DE). Ilexiste,

au sujet de ce voyage, cinq relations, dont la principale, intitulée : Relation authentique. d’une ambassade envoyée par le roi de la Grande-Bretagne à l’empereur de la Chine, tirée principalement des papiers du comte de Macartney, par sir George Staunton (Londres, 1794,2 vol. in-4o, avec atlas), a été traduite en français, par Caetera, sous le titre. de : Voyage dans l’intérieur de la Chine et de la Tartarié (Paris, 179S, 4 vol. in-8o, avec figurés et cartes). En outre, Macartney a écrit le Journal de l’ambassade envoyée par lé roi de la Grande-Bretagne à l’empereur de Chine en 1792-1794 (Londres, 1807), journal qni ne parût qu’après sa mort. Ce fut en 1792 que Macartney fut envoyé, en Chine par le gouvernement anglais pour y ouvrir des relations commerciales. Trois vaisseaux, le Lion, VIndostan et le Chakal, furent mis à sa disposition. L’ambassade quitta Plyinoulh le 2a décembre 1792. Aucun incident ne signala la navigation ; mais, par le travers de la Co-i chinchine, l’escadre courut, de grands dangers dans son passage entre la côte et la. multitude d’îlots qui s’élèvent, du nord au, sud. Elle atterrit à l’embouchure du Peï-ho. Le Chakàl, envoyé en reconnaissance, fut arrêté par une barre. Instruits de l’éyêne-, ment, les mandarins mirent à la disposition de l’ambassadeur une maison et des provisions. Deux autres mandarins, l’un, civil, l’autre militaire, vinrent complimenter Macartney au nom de leur maître. L’ambassadeur prescrivit aux capitaines des navires dey se rendre au Japon. À Ta-Cou, le vice-roi do la province déclara au représentant du roi de la Grande-Bretagne qu’il était le bienvenu, qu’il serait traité en hôte, et que l’empereur, le recevrait à Zhé-hol, en Mandchourie, où la cour tenait sa résidence. Macartney, précédé de bannières avec cette inscription : « Ambassadeur anglais portant le tribut à l’empereur de la Chine, » s’avança vers Pékin. Arrivé en Màudchourie, il fut reçu par l’empereur Khian-Loung. Des difficultés s’élevèrent au sujet du cérémonial ; le salut chinois nommé keou-teou est une prosternation dégradante pour tout Européen. Il parait que l’ambassade dut capituler. Khian-Loung, accueillit favorablement le plénipotentiaire anglais, et celui-ci comptait réussir dans sa mission, lorsqu’il reçut 1 ordre de partir dans quarante-huit heures. Macartney attribue cette retraite précipitée à des motifs personnels de convenance ; mais la vérité est que l’empereur de la Chine refusa de.se prêter aux vues ambitieuses du gouvernement anglais : l’ambassadeur demandait des privilèges commerciaux et même accessoirement. certaines concessions politiques, en retour desquelles il n’offrait pas d’équivalents. Ses représentations échouèrent contre la fermeté de la cour chinoise. Macartney arriva à Canton le 19 décembre 1793, et revint en Angleterre le 26 septembre 1794. Malgré l’insuccès, de la mission politique de Macartney, son voyage ne fut pas absolument infructueux’ pour le commerce anglais ; la colonie de Canton obtint le redressement de certains griefs. Cette expédition ne fut pas non plus perdue pour la science, l’histoire naturelle, ni pour, l’étude des mœurs et des usages dé la Chine et de la Cochinchine. Le médecin Staunton, . qui avait suivi Macartney comme secrétaire, et qui avait observé avec soin les mœurs de la Chine, publia à son retour une.relation dont le succès fut très-grand. Il s’y montre observateur judicieux, exact, sincère, bien qu’un peu prévenu. Lu Journal de Macartney, pour le pittoresque et les renseignements sur les choses de la vie privée, ne vaut point la relation de son secrétaire ; mais il est plus intéressant et plus complet en ce qui regarde les faits diplomatiques de l’ambassade même. Abel Rémusat, dans ses Mélanges asiatiques, et G. l’authier, dans son histoire des relations de la Chine avec les peuples occidentaux, ont résumé et apprécié la conduite de Macartney dans son ambassade et les résultats de cette tentative avortée, au double point de vue de nos relations avec le Céleste-Empire et de la connaissance scientifique de ce grand peuple encore à demi ignoré.

MACAS1US, jésuite et canoniste bohémien, né à Joachiinsthàl eu 1686, mort à Prague en 1733. Il professa la philosophie et la théologie dans divers collèges de son ordre, et publia le Jusecclesiasiicum (Prague, 1749,11 vol. in-fol.).

MAC-ASK1LL, deux îles du grand Océan équinoxial, dans la partie orientale de l’archipel des Carolines. Elles sont petites, bas-ses et reposent sur un même plateau de récifs ; celle du S.-E. se nomme l’élélop, et

MACA,

celle du N.-O., Tongoulou ; la première, est par 6<> 13’ de lat. N., et 158" 27’ de long. E. La végétation y est’très-belle ; il y croît des cocotiers. Les naturels sont d une taille moyenne et bien prise, et d’une physionomie agréable. Ces îles ont’ été découvertes en 1S09 par un capitaine anglais dont elles portent le nom.

MACASSAR -s. m. (ma-ka-sar). Linguist. Idiome célébien. V. Célèbes..

MACASSAR’(détroit de), bras de mer de l’Océaniè, qui sépare lIlè’Bornéo de l’Ile Célèbes, et qui unit la mer de Célèbes au N. à celle de la Sonde au S., entre lu de lat. N., et 5" de lat. S., et 113° eM190 de Ion». E. Longueur du N. au S., 665 kilom. ; plus petite largeur, 130 kilom. Ce détroit va en s’èlargissant vers le S. et est semé de bas-fonds et de rochers, *ee qui n’empêché pas qu’il ne soit très-frjêquènté par les navires faisant le commerce de la Chine. Le groupe des petites îles Bala•balagan se trouve vers le milieu du détroit. Il y règne en janvier et février de forts vents du’N. qui y déterminent un courant violent ^ers le sud. •

MACASSAR ou MAÎSGKASSAR.en hollandais Vlàardingen, ville de la Malaisie hollandaise, dans l’île de Célèbes, sur la côte S.-O., par 509’ de lat. S. et 127028’ de long. E. ; 17,000 hab.’Ch.-l. du gouvernement et du district de son nom ; résidence du gouverneur hollandais ; tribunal de lr" instance. Pèche ; commerce actif, principalement avec la Chine ; exportation considérable de chevaux. Port franc depuis 1847. Macassar possède une des meilleures rades de l’Inde pendant la mousson du S.-E., moins sûre dans la mousson du N.-O. Elle est défendue par le fort Rotterdam, bâti près de l’ancienne Macassar, détruite par les Hollandais à leur arrivée dans l’île. Il Le gouvernement de Macassar comprend toute la partie des Célèbes soumise aux Hollandais, à l’exception de la côte N., qui appartient au gouvernement des Moluques. Il L’ancien royaume de Macassar était le plus puissant de la Malaisie ; il occupait la région S.-O. de l’Ile. Soumis aujourd’hui à la Hollande, il a pour capitale Goak.

MACAU, village et commune de France (Gironde), canton de Blanquefort, arrond. et à 13 kilom. de Bordeaux, au confluent de la Dordogne et de la Garonne ; 1,765 hab. Récolte de vins estimés, exportés surtout en Amérique et dans les Indes orientales. Au N. du village, on voit des fondations antiques, où l’on a trouvé des médailles romaines.

MACAULAY (Thomas Babington, lord), célèbre historien et critiqué anglais, né k Rothley -Temple (Leieestershire) le 25 octobre 1800, ’mort le 28 décembre 1859. Il était d’un noble sang, si l’on place la noblesse où elle doit être, dans l’élévation des sentiments et dans le but élevé qu’on’ donne à la vie. Son grand-père était ministre de l’Église presbytérienne d’Écosse, ’ son grand-oncle missionnaire de la même Église. Son père, gouverneur de Sierra-Leone et ami de Wilberforce, avait consacré sa vie à la défense et à l’affranchissement des noirs. De retour en Angleterre, il épousa la fille d’un libraire de Bristol, et Macaulay naquit de cette union.

On devine aisément quelle fut son éducation première au sein de cette austère famille. It lisait bien à la-dérobée les romans de Walter Scott et les Mille et une nuits ; mais les visions enflammées de John Bunyan, les sermons des prédicateurs écossais et surtout la Bible étaient ses lectures journalières. Sa forte mémoire et sa vive imagination reçurent de là leurs premières empreintes.

Élève de l’université de Cambridge, il montra une facilité universelle, qui étonna ses condisciples et fit bientôt de lui une sorte de jeune prodige. Poésie, éloquence, critique, il abordait tout avec bonheur, avec supériorité ; les mathématiques’seules le rebutèrent au point qu’il les abandonna. Deux de ses poSiues, intitulés Pompéi (1819) et Evening (1821), lui firent décerner la médaille.du chancelier ; puis il prit ses grades universitaires. Le Quarterly Magazine de Knight reçut ses premiers essais et publia ses chants historiques devenus si populaires. Mais ce fut la Hernie d’Édimbourg qui établit d’un seul coup sa réputation en publiant son Essai sur Milton (août 1825). Les essais qui suivirent sur Machiavel, Hallam, Southey, Bunyan, etc., sont encore lus avec une juste admiration ; mais ils n’effacèrent point l’espèce d’ébh.uissement que l’Essai sur Milton, si éloquent, si orné et en même temps si raisonnable, avait produit sur le public. Tout en se livrant à ces travaux, il étudiait le droit et se faisait admettre au barreau en 1826.,

Macaulay était désigné par ses écrits, empreints d’un chaud libéralisme, à la faveur du parti whig, qui se l’attacha d’abord par un office, celui de commissaire des banqueroutes, et bientôt après d’une façon plus utile, par un siège au Parlement. Lord Lansdowne lit élire Macaulay par le bourg de Calne, dont il disposait, dans l’intérêt du recrutement de son parti (1830). Macaulay justifia cette confiance en combattant avec ardeur la politique des tories et fut bientôt, sinon l’un des plus

— grands orateurs de l’Angleterre, du moins un des plus écoutés et des plus respectés de la Chambre des communes. « Les discours de Macaulay, dit M. Prévost-Paradol dans son excellente étude, se lisent avec plaisir, et il

MACA

en est quelques-uns qui ne sont guère inférieurs aux plus belles pages de ses Essais ou de son Histoire ; je ne sais cependant si on avait autant de plaisir aies entendre. La raison y marche peut-être d’un pas trop régulier et trop sûr ; les arguments y sont peut-être trop bien enchaînés, et l’on ne nous fait pas assez grâce des idées intermédiaires. Enfin, ils convainquent plutôt qu’ils n’entraînent. Ils sentent trop la précaution, l’huile, comme on disait à Athènes. Ajoutez qu’il n’avait point l’esprit libre en les prononçant et qu’il paraissait possédé par son discours, conduit par l’ordre prémédité de sa pensée plutôt que maître de sa parole. L’inspiration du moment n’était pour rien dans son éloquence."

Cette éloquence était, au reste, pleine de vigueur, de sens, d’élévation, soutenue par une constante équité. Il avait été élu par un bourg pourri et il combattit énergiquement pour la réforme électorale. « Son premier discours pour la défense du bil ! de réforme, dit M. Léo Joubert, est du 2 mars 1831. En le relisant, même à une si longue distance des circonstances qui l’inspirèrent, on admire l’éclat de cette parole, cette succession rapide d’arguments pressants, d’exemples lumineux, de fortes sentences. L’homme politique, conservateur jusque dans ses plus grandes hardiesses libérales, se déclare tout à fait dans cette belle péroraison : « De quelque côté que nous nous tournions au dehors, au dedans, la voix de grands événements nous crie : Réformez afin que vous puissiez préserver. Renouvelez la jeunesse de l’État. Sauvez la propriété divisée contre elle-même. Sauve ? la multitude mise en danger par ses propres « passions, qui ne connaissent plus de frein. Sauvez l’aristocratie, mise en danger par sa j> propre puissance, devenue impopulaire. Sauvez hr nation la plus grande, la plus éclairée, la plus civilisée qui ait jamais existé, des malheurs qui peuvent en quelques jours balayer tout le riche héritage de tant de siècles de sagesse et de gloire. Le danger est terrible, le temps est court. Si ce bill doit être rejeté, je prie Dieu qu’aucunde a ceux qui auront concouru à son rejet n’ait d’inutiles remords de ce vote, au milieu du naufrage des lois, do la confusion des rangs, 1 de la spoliation de la propriété et de la uissolution de l’ordre social. »

En 1834, le gouvernement envoya Macaulay dans l’Inde pour siéger au conseil suprême de Calcutta avec de brillants appointements. L’objet de sa mission était digne de son intelligence et de son patriotisme. Il était chargé de rédiger un nouveau code de lois applicable à ce vaste empire. L’anarchie des lois y était extrême, et, au milieu de cette confusion prodigieuse de races, de langues et de religions, cette anarchie était peut-être inévitable. Quoi qu’il en soit, Macaulay échoua complètement dans ses efforts pour y porter remède. Les divisions savantes de son code, l’esprit philosophique qui l’avait inspiré, la clarté de sa rédaction furent justement admirés ; mais ceux mêmes qui admiraient le plus son œuvre n’allèrent point jusqu’à la déchirer applicable, et les Anglais établis dans l’Inde ne purent envisager sans une sorte d’horreur certaines dispositions qui les mettaient sut-un pied d’égalité avec les indigènes. Il ne parait pas douteux que l’esprit généreux de Macaulay n’avait point tenu assez de compte de l’extrême variété des races qui peuplent cette antique contrée, et de la situation particulière de cette poignée d’Européens qui la gouvernent par l’ascendant de l’intelligence et de la volonté ; mais il n’est pas moins certain qu’il avait, voulu honnêtement porter la main sur d’odieux abus. Si d’ailleurs cette mission fut un échec pour l’homme d’État, elle -fut loin d’être stérile pour l’écrivain. Son imagination et sa mémoire, qui étaient les qualités maîtresses de son esprit et comme ses instruments de travail, trouvèrent dans le grand spectacle qu’il avait sous les yeux une ample matière. Il écrivit, dès son retour, ses célèbres Essais sur Clive et sur Warren Hastings, qui semblent avoir gardé la chaleur et l’éclat Uu ciel ardent sous lequel ils furent conçus.

De retour à Londres, Macaulay trouva le parti whig menacé d’une chute imminente. Bien que l’éminent écrivain fût peu soucieux en un pareil moment de rentrer au Parlement, la ville d’Édimbourg le choisit pour son représentant en 1840, et lord Melbourne l’attacha comme secrétaire à son défaillant ministère. Mais, en septembre 1841, lord Melbourne tomba, et Macaulay, devenu alors un des membres de l’opposition, prononça plusieurs discours remarquables, dans lesquels il défendit avec chaleur le libre échange et les idées libérales. En 1842, il mit au jour ses remarquables Chants populaires de l’ancienne Home et, en 1843, il publia à Londres une édition en trois volumes de ses Essais, qui avaient paru dans la llevue d’Édimbourg. « Cette édition, dit M. Joubert, contient, à peu d’exceptions près, tous les Essais renfermés dans la contrefaçon américaine qui l’avait précédée. Trois articles sur la Philosophie utilitaire, omis dans celle-ci, l’ont été aussi dans l’édition anglaise. Ils contenaient des jugements très-sévères sur les doctrines économiques et politiques de Jumes Mill, l’historien de l’Inde. Macaulay s’abstint de reproduire des opinions qu’il ne voulait pas rétracter et qui auraient été blessantes pour un estimable écrivain. Le recueil des Essais » eu un très-grand nombre d’éditions ; c’est, en effet, un